mercredi 2 septembre 2009

LA TISSERANDE

Elle passe toute son année en tissant
Sans pourtant trouver c’la anéantissant.
Plutôt que ces gestes stéréotypés
Chacun préfèrerait s’terrer au Tibet.

Les mauvaises langues disent que son métier
Est l’plus vieux du monde ; mais ce n’ est pas vrai.
Si on lui dit, plus rien, dans ce cas, ne va
Elle quitte son métier et fait du canevas.

Sa machine allemande
Fait machinalement
Les costumes et les broderies. La i la itou..
Sa vitalité bien vite alitée
L’emmène à se reposer.

Quand elle a terminé une tapisserie
Elle mange en lance-pierres une pâtisserie
Puis elle reprend laine, dentelle et tissu
Ce métier qu’elle aime et dont elle est issue.

Souvent je la vois avec mélancolie
Porter ses produits, pêle-mêle, en colis
Qu’elle transporte ensuite dans une gare marine
Elle dit qu’c’est mieux d’exporter d’la margarine.

Pas de synthétique :
C’est sa sainte éthique.
Seulement que du naturel. La i la itou...
Les clients contents lui paient tous comptant :
Que de gros billets qu’on tend !

En parlant d’margarine elle a fait son beurre
Pour les concurrents c’est un effet tombeur.
Mais elle doit se lever également tôt
Pour finir pulls, jupes en Tergal, manteaux.

Elle n’a plus le temps.
Elle n’a que l’argent !
Qu’a-t-elle fait de ses vingt ans ? La i la itou...

Si j’osais lui dire
Ou bien lui écrire
Peut-être la sauverait..
Si j’osais lui dire
Avec un sourire
Peut-être elle m’aimerait.

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