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dimanche 14 septembre 2008

BTP ET LE MAGOT D'ADIDAS (Acte 1)



C’est en 1990, et BTP (Bernard Tapie Premier) vient d’acheter la société Adidas. La marque aux trois bandes lui est cédée par les sœurs Dassler qui abordent, avec audace, l’ère de la retraite bien méritée. Surtout elles ont cédé suite à l’invitation de BTP dans une taverne munichoise. En effet, une fois le bar atteint, ce fut le baratin du bateleur « marchand de tapis » à la grande gueule et…les héritières de l’entreprise récoltent 1,6 milliard de francs de l’époque (240 millions d’€) soit 80 % de la marque :

- Il reste 20 % du capital que nous conservons, dit une sœur Dassler à BTP, mais avec 80 % vous êtes largement majoritaire. Seulement, un conseil : si vous voulez que les « 3 bandes» ne débandent pas, je vous conseillerai d’injecter un peu d’argent dans le capital car la société s’essouffle ! Elle a besoin d’argent frais ; il faut songer à investir dans des systèmes de production plus performants ! Verstehen sie ?

Seulement BTP ne comprend pas la langue de Goethe et, comme en plus, il est près de son oseille, il ne met pas un sou dans l’affaire. Il a d’autres achats plus urgent à réaliser : le Phocea, un superbe yacht qui montrera ostensiblement que le fossé a grandi entre son statut de chanteur minable (l’époque où il s’appelait Tapy !!) et sa stature d’homme d’affaire, fonceur et beau mec !

Il se rappelle qu’il a un compte au Crédit Lyonnais.

- Allô, le Crédit Lyonnais ? Oui, c’est BTP ! Bon voilà… Une fois de plus je fais appel à vous ! Oui, ah vous êtes au courant ? Déjà ?? Oui, c’est cela : Adidas ! Ah bon, vous étiez sur le point de me proposer un prêt ? Génial ! Vous êtes des sacrés anticipatifs vous ! Comment ? Ah, oui, c’est votre métier ?? Combien ? Je vous entends très mal ! Combien ? 100 % du montant du rachat ? Non !

Hé si ! Le Crédit Lyonnais va tout financer avec un prêt !

Le problème est que le prêt presse ! Il accule BTP à rembourser chaque mois ! Et comme le chiffre d’affaire ne décolle pas, on voit bientôt BTP face à une immense montagne de passif à court terme ! Un superbe massif de passif qui fait manège de réclamations : des sous, des sous !

Le Crédit Lyonnais continue : des sous, des sous !

Pour payer quelque 1 milliard de francs en 1992, BTP vend des bijoux de famille (quelques petites participations dans des sociétés, dont TF1 !). Mais ça ne suffit pas ! Adidas continue à mal vendre ! Tapie tasse Adidas ! Mais, bon prince, le Crédit Lyonnais continue à maintenir en respiration artificielle le bel édifice qu’il pourra acheter, par le biais d’un nantissement sur les parts de BTP dans Adidas, dès que le Tribunal de Commerce déclarera le règlement judiciaire !

- Allô, BTP, veux-tu être mon Ministre de la Ville ?

Mitterrand le machiavélique a parlé. Pour indisposer Michel Rocard, il propose à BTP un ministère !
En plus, avec Tapie dans les banlieues, on lance un populiste hargneux qui viendra mordre un autre populiste (borgne, celui-là) qui le peine !

BTP accepte. Ministre ! En voilà un nouveau statut ! Une ligne de plus dans son CV après avoir stipulé les métiers de chanteur, animateur, repreneur de canards boiteux…

Le Crédit Lyonnais ne rugit plus ! Il ne peut quand même pas harceler un débiteur qui est ministre !

La presse de l’époque prend le relais et accule BTP à éclaircir cette situation. ! Le Ministre de la Ville sent qu’on ne lui fera pas de quartiers et qu’il est trottoir, heu..trop tard pour reculer encore. Il n’est plus question d’atermoyer : payons le Crédit Lyonnais ! Oui, mais comment ?

BTP mandate sa banque chérie pour trouver un acquéreur :

- Je vous en prie, cher Crédit Lyonnais, si vous pouviez me trouver un pigeon qui m’achetât cette marque maudite qu’on a dit d’As… Mais je n’ai plus les as en mains ! Les as perds-je ? Oui, il me semble ! J’en ai assez de me tenir à carreaux ! Je subis les piques des journalistes qui n’ont pas de cœur !

- Je vous ai compris, répond le Crédit Lyonnais, on va tout faire pour trouver le pigeon car, sans pigeon, la roue coule !

- La roue, quelle roue, s’interroge BTP ?

- La roue de la fortune ! On a tout intérêt (c’est le cas de le dire) qu’Adidas retrouve une roue de la fortune. Vous n’oubliez pas que votre société nous doit de l’argent ?

- Oui, heu….oui !

- A quel prix voudriez-vous vendre Adidas ?

- Je sais pas moi, 2,085 milliards de francs ? C’est beaucoup ?

- Pourquoi précisément 2,085 milliards de francs ?

- Ben euh 20 c’est parce que je suis né dans le 20ème arrondissement et 85 c’est parce qu’en 1985 j’ai sorti le disque « réussir sa vie » qui m’illustre si bien ! Vous savez, je suis très branché « numérologie » !

- OK, BTP ! On va vous trouver un pigeon pour 2,085 milliards de francs ! C’est votre dernier mot BTP ?

- Oui, Jean-Pierre, c’est mon dernier mot !

Vous voulez savoir la suite de ce feuilleton terriblement passionnant ?
Rendez-vous dans un prochain épisode sur mon blog de blagues qui débloquent !