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mardi 2 janvier 2024

LES VOEUX JUPITERIENS POUR 2024

Comme à la fin de chaque année, nous avons eu droit aux vœux présidentiels.

Emmanuel Macron a évoqué les grands chantiers pour l'année à venir : un réarmement civique. Une notion pour l'instant bien abstraite. Il a parlé de l'écologie et de l'Europe, surtout pour faire plaisir à la mémoire de Jacques Delors, récemment décédé.

Il a évoqué les futurs grands évènements de l'année : les Jeux Olympiques et la réouverture de Notre-Dame, en décembre.

Bien entendu, dans un contexte international troublé, le Président n'a pas pu montrer un visage spécialement réjoui. La Russie et l'Ukraine continuent leurs bombardements respectifs et Gaza devient un tas de ruines sous les coups de boutoirs de Tsahal. On peut donc imaginer un réarmement militaire, notion bien moins abstraite, voire complètement drapée d'empirisme.

Que faut-il attendre de cette année d'un point de vue politique ?

Macron a certainement sa petite idée, qui pense déjà à un remaniement !

Affaire à suivre...

 


lundi 1 janvier 2024

POUR L'ANNEE 2024

 


L’année 2024, comme chaque année, débutera par le 1° janvier et son concert à Vienne, en Autriche, il faut le préciser ! Oui, car au niveau de l’homonyme français c’est l’âme Isère !

Il faudra attendre le 8 janvier pour fêter un évènement : le 700ème anniversaire de la naissance de Marco Polo. Des fanatiques du grand navigateur se retrouveront à Venise, ville de la célébrité, en portant tous des vêtements Marc O’Polo vendus à bas coût en tête de gondole car fabriqués en Chine, ce joli territoire exploré par l’aïeul !

Le 14 janvier, avançant masqués, des inconditionnels de Zorro fêteront le 100ème anniversaire de la naissance de Guy Williams, acteur connu pour avoir interprété le rôle de Diego de la Vega, c’est-à-dire un renard rusé qui fessa l’oie, heu qui fait sa loi en étant sorti de la nuit et couru vers l’aventure au galop !

Le 21 janvier, les Russes oublieront, le temps d’un verre de Vodka, les affres poutiniennes et la guerre contre l’Ukraine, pour célébrer la mort de Lénine, il y a un siècle, déjà ! La chanson de Sardou, traduite en russe, sera diffusée par haut-parleurs ! Un brin de nostalgie dans ces rues où longtemps des idées révolues sillonnèrent…

Le 9 février, les petits et grands enfants liront, sur les places publiques des extraits choisis de l’œuvre de la Comtesse de Ségur, morte 200 ans auparavant. Il y aura, bien sûr, gens qui grognent et gens qui rient car ce genre de célébration ne fait pas l’unanimité surtout quand un bon petit diable vient se glisser dans les détails.

Le 1° mars, les membres du GIGN lèveront un verre en l’honneur de Christian Prouteau, le créateur de leur noble institution. Oui, le groupe d’intervention de la gendarmerie nationale aura alors 50 ans d’existence ! Et encore du pain sur la planche pour une année où la France accueillera les Jeux Olympiques se faisant terre aux risques.

Le 2 avril, une minute de silence aura lieu à l’Elysée et peut-être aussi au Parlement, pour évoquer la mémoire de Georges Pompidou, disparu il y a 50 ans ! Le centre, qui porte son nom, organisera une grande exposition sur la vie de ce Président de la République au parcours éphémère, amoureux de la voiture et de la poésie, poète-pouet !

Le 3 avril, les inconsolables du grand acteur fêteront le 100ème anniversaire de la naissance de Marlo Brando ! Un cinéma, sans complexe, proposera sûrement de rediffuser quelques films de ce géant d’Hollywood, un par un !

Le 18 avril, c’est en Provence qu’on fêtera les 100 ans de la mort de Marcel Pagnol ! Des concours de pétanque auront lieu sur la canebière, entre verres de Pastis et lectures des lettres de mon moulin en espérant que ces arts marient us et fans ici (César, Marius et Fanny, si !)

Le 22 avril, 300 ans se seront écoulés depuis la naissance de Kant ! Ses admirateurs, le cœur plein de raisons, se poseront la question de savoir comment, au mieux, célébrer sa mémoire car il ne s’agit pas de savoir comment nous pensons, mais comment nous devons penser !

Le 25 avril, au Portugal, on commémorera les 50 ans de la révolution des œillets !  La fin de la dictature salazariste aura permis l’ouverture vers la démocratie ! Un sale hasard avait voulu que les Lusitaniens soient sous la botte d’un dictateur. Mais les œillets ôtèrent les œillères ! Le Portugal vit l’horizon s’éclaircir !

Le 7 mai, à Vienne, on réécoutera la 9ème symphonie de Beethoven créée ici, pour la première fois, il y a 200 ans ! Sauf à tomber dans l’oreille d’un sourd, la nouvelle entraînera une foule de gens au théâtre viennois mais se propagera aussi de l’Aude à l’Ajoie !

Le 11 mai, Benoit Magimel fêtera ses 50 ans ! Et oui, un demi-siècle pour cet acteur deux fois Césarisé (2022 et 2023) pour le prix d’interprétation masculine ! Un exploit ! Et oui, la vie est un long fleuve tranquille où l’on rencontre la gloire, Juliette Binoche et la tête haute, en haut de l’affiche !

Le 22 mai, Français et Arméniens fêteront les 100 ans de la naissance d’Aznavour ! Il y aura sûrement un Grand Echiquier où Claire Chazal écoutera les reprises du grand Charles effectuées au piano par André Manoukian, plus barbu que jamais ! On évoquera un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, désormais ! Celui de la Bohème, celui où l’on veut prendre le large pour aller au bout de la Terre, au pays des merveilles, l’âme à mat !

Le 27 mai, Macron aura une pensée émue pour un de ses prédécesseurs : Valérie Giscard d’Estaing, élu président il y a 50 ans ! Il fera organiser une fête de l’accordéon dans le jardin de l’Elysée présidée par Richard Galliano. A Chamalières, on honorera l’enfant du pays avec qui on vécut en thermes cordiales !

Le 3 juin 1924, les inconditionnels de son œuvre fêteront Kafka pour le centième anniversaire de sa mort ! On relira le Procès en longue procession en se disant que l’arbitraire et la persécution sont toujours au menu de notre humanité !

Le 6 juin, inévitablement, on commémorera le débarquement en Normandie (80ème anniversaire). Comme le fit Hollande en 2014, Macron invitera les grands de ce Monde sur la plage d’Omaha pour se rappeler le sacrifice des soldats venus principalement des USA. Logiquement, Poutine ne devrait plus être de la partie ! En revanche, son rival Zelenski pourrait être invité, en se gardant bien de parler de lucre-haine !

Le 9 juin auront lieu les élections européennes dans les 27 états membres ! Il s’agira d’élire des députés européens pour un mandat de 5 ans ! Il s’agit de la 10ème édition (la première ayant eu lieu en 1979). Quel en sera le scrutin ? Beaucoup craignent un regain des extrémismes de droite, qui ont le vent en poupe aux Pays-Bas, en Hongrie, en Italie, en Pologne, en Suède et en France où Marine Le Pen boit du petit lait depuis l’échec du projet de loi de Mr Darmanin sur l’immigration, pas assez dur à son goût. Elle savoure le durcissement du nouveau texte avec une délectation qui dépasse les borgnes, aurait dit son père cacochyme.

Le 12 juin, on fêtera les cent ans de Georges Bush père.  Son fils, Georges Bush junior, se recueillera, au Texas, sur la sépulture du père, 41ème Président des USA. Il lui parlera des fantômes de la première guerre du Golfe et les comparera avec ceux de la seconde, celle dont il fut l’instigateur après la chute des tours jumelles. Sujet de conversation post-mortem dont les Bush rient !

Le 14 juin débutera le championnat d’Europe de Football en Allemagne ! La France sera présente sous la houlette de Didier Deschamps dont la clé pour gagner l’épreuve reste à trouver ! – Généralement, j’ai nerfs allemands qui me bloquent la route, soupire l’entraîneur tricolore qui en a plein le dos (d’où son opération).

Le 6 juillet, on se rappellera les bonnes rigolades émergeant des textes de Francis Blanche ! L’homme aura quitté ce monde depuis 50 ans mais sa mémoire reste intacte ! Je crains qu’il nous faille revoir pour la centième fois Les tontons flingueurs ! Quant aux pensées du fantaisiste, elles seront rééditées avec une préface de Jean-Marie Blanche, son fils, tout à fait Dac pour lui rendre honneur même s’il feint de crier à la pesante célébrité paternelle : l’homme s’alloue faux cris !

Le 26 juillet l’ouverture des JO en France sera l’évènement mondial. La maire de Paris, Anne Hidalgo, dit que tout sera prêt pour le grand show, y compris Notre-Dame qui se sera refait une santé après avoir subi quasi maux donnés par la géhenne (Quasimodo né, parla : - j’ai haine !). Espérons quelques médailles françaises sinon j’imagine la Seine !

Le 3 août, ils seront peu nombreux à se rappeler Joseph Conrad, dont l’âme repose depuis 100 ans. Il y aura peut-être une émission « La grande librairie » qui rendra hommage à l’auteur de « Au cœur des ténèbres » ! Souhaitons un Trapenard volontaire sur ce coup-là, agent de témoignage littéraire. Ainsi, l’agent se crée !

Le 11 septembre, il y aura, comme chaque année, une commémoration à New-York pour les victimes des attentats du World Trade Center. Mais, pour cette année, la France honorera Ronsard, le grand poète, pour le 500ème anniversaire de sa naissance à Couture-sur-Loir ! Des lectures de sonnets auront lieu dans les médiathèques pour réveiller cette mémoire qu’a cendre !

Le 16 septembre, c’est encore à New-York qu’on réalisera que Lauren Bacall n’est plus de ce monde depuis un siècle ! La grande actrice aux Césars (1996) et aux Oscars (2009) d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, aura marqué le septième art. Elle suit, désormais, le grand sommeil, avec les passagers de la nuit après un rendez-vous avec la mort. Si elle vivait encore, Bacall aurait à dessein (baccalauréat dessin ?) de transmettre sa passion des cinés !

Le 16 septembre, même jour, les royalistes (comptez-vous !) auront une pensée émue pour Louis XVIII, éteint depuis 200 ans, car il faut bien, un jour, des cendres. Ils iront manger à sa santé chez des grands chefs, rois de la Restauration, en levant le verre de Bourbon ! Ils auront à cœur d’imaginer un retour de la monarchie mais c’est une autre paire de gants (notre père de Gand !).

Le 28 septembre, Catherine Deneuve et sa fille Chiara penseront fortement à Marcello Mastroianni, né un siècle auparavant ! Les deux femmes ouvriront l’album photos, dans la plus stricte intimité ! Mais, si ça tombe, Arte nous ressortira « la dolce Vita » ou « divorce à l’italienne » ! Histoire de nous proposer une journée particulière.

Le 1° octobre, les marchands de cacahuètes auront à cœur de célébrer Jimmy Carter, né cent ans auparavant. Le 39ème président des USA marquera encore les esprits avec les accords de Camp David ! Oui, je sais, ça date comme diraient béguines du couvent ! Il n’empêche, ces accords permettaient la réconciliation entre l’Egypte et Israël ! Bon, il reste l’épineux problème Israël-Gaza ! Un fossé entre les deux entités, comment l’écart taire ?

Le 12 octobre, ses admirateurs pleureront la mort d’Anatole France, disparu depuis 100 ans.   1924 : Mort d’Anatole France. Au cimetière de Neuilly-sur-Seine ils se recueilleront en pensant que de la mort les dieux ont soif sans pour autant susciter la révolte des anges.

Le 4 novembre, l’église de la Madeleine pleurera comme telle en évoquant la mort de Gabriel Fauré, organiste de ces lieux, et disparu depuis un siècle, jour pour jour. Pour en savoir plus sur ce grand musicien, lire mon billet.

Le 5 novembre, les élections présidentielles aux USA seront suivies par le monde entier. On craint le retour de Trump qui ne cherche qu’à en découdre avec un Biden vieillissant ! C’est triste d’imaginer un duel entre un escroc-menteur-climatosceptique et un géronte dépassé que des maux grattent de leur plus vive acuité !

Le 11 novembre, Di Caprio fêtera ses 50 ans ! Voilà, joyeux anniversaire ! Oui, c’est court mais c’est ainsi ! On en saura plus dans les magazines people comme dit petite Annick, une voisine très fleur bleue.

Le 12 décembre, les Bretons se rappelleront, avec émoi, le naufrage de l’ERIKA ! Vingt cinq ans se sont écoulés ! Je compatis et n’ai pas envie de faire de l’humour sur ce pétrole dévastateur, ce ne serait pas raffiné.

Voilà, il y a sûrement des festivités autres, des commémorations diverses, locales, bucoliques ou très citadines qui m’auront échappé.

Je ne peux tout raconter ! A vous de compléter votre agenda selon vos rendez-vous incontournables.

Je vous souhaite une très bonne année 2024 !

 

 


dimanche 7 mai 2023

A QUOI REVAIT CHARLES ?

Tous les yeux de la planète (enfin, presque tous) étaient tournés vers Londres (Royaume-Uni) et l’intronisation de Charles III ce samedi 6 mai. La journée a été marquée par des fastes et des traditions, des protocoles interminables, mais aussi par l’émotion du roi.

Devant 2 200 invités, des chefs d'État et de gouvernement, des monarques du monde entier, il a prêté serment sur la Bible et a reçu la couronne de Saint Édouard. La solennité du moment n’a pas empêché l’émotion de pointer le bout de son nez lorsque William, l’héritier, est venu prêter allégeance à son père.  William, le fils fidèle ! Il a pensé à Harry, le rebelle, reparti aussitôt après le couronnement pour les Etats-Unis, retrouver sa Meghan et son fils Archie, dont il devait fêter l’anniversaire.

Charles devenu Charles III, encore endeuillé du départ de sa mère, a revu son enfance, ses amours incertaines, l’inanité de son combat pour sauver la planète.

La foule l’acclamait mais il vit aussi les hostiles, les antimonarchiques qui vilipendaient le ridicule de toute cette cérémonie coûteuse.

Il sentit peser sur ses vieilles épaules le poids innommable des responsabilités. Le ciel était gris, la pluie jouait aux trouble-fête. Charles venait de sortir de Westminster avec une couronne perlée d’incertitudes. Le Monde avait changé, il ne l’avait pas vu se métamorphoser.


A quoi pensait le roi sous sa couronne dense ?

A tout ce temps perdu dans ces cours inutiles ?

Au sourire de sa mère, à Diana, son silence ?

A quoi pensait donc Charles qui ne fût pas futile ?

 

Au loin, l’homme entendit le canon résonner

Pour la gloire de son règne. Et lui revint l’Ukraine

On se battait là-bas, les obus de la haine

S’attachaient à la mort, comme une éternité.

 

Autour de lui le monde, le Gotha et les clercs

Une chorégraphie de lenteur indicible

Protocole royal de sa douce Angleterre

Dont il devait porter le sceau indélébile.

 

Réapparut le Monde, au sommeil outragé

Les plaies d’une planète, qu’une chaleur condamne

Sur ses vieilles épaules il sentit s’affaisser

Les espoirs d’un meilleur, sous la fleur qui se fane.

 

Sœur Anne, ô ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?

Le long déclin des flores, et la montée des eaux.

Il entendait les chœurs, clamer jusqu’au soupir !

Il ne vit qu’une foi aux sanglots vespéraux.

 

Son sceptre s’érigeait comme un feu de détresse

Il sourit tristement, son trône vacillait

Sous le poids des remords, des froids de maladresse

Qui de son fils, Harry, avaient l’âme brouillée.

 

Il revit son chemin, ses errances lointaines

L’amour de Camilla dans les bras de Diana

Il rêva d’un soleil, et de plaines lunaires

D’un champ de plénitude, en ce lieu, il rêva.

 

Tout ce faste clinquant assourdissait son cœur

N’était-il donc sur Terre que pour devenir roi ?

Dieu gardait son silence, au sein de Westminster

Il fixa les statues aux pierres de désarroi.

 

Il repartit, carrosse, sous un ciel incertain

Quelques saluts fragiles, d’un geste de la main

Pour ce peuple fidèle au grand feu monarchique

Sous sa peau frissonna l'effroi mélancolique.


vendredi 5 mai 2023

UN LIVRE CAPTIVANT

UN LIVRE CAPTIVANT (Las des pêches du Midi) Simone signe « Hauts rets » un livre contant sa vie de pêche en haute mer. Elle parle de sa sœur Sophie, des marées, des craintes de sa mère quand Mélanie doutait ! Elle évoque son enfance, la chorale du port, où sa petite sœur Brigitte faussait tandis que son cousin Charles traînait en ralentissant le tempo de la mer le long des golfs clairs. Elle s’épanche sur des détails, le collier de coquillages que sa tante Mathilde ceignait autour de son coup, les trous dans la coque du vieux flobard que son amie Élodie bouchait avec du chewing-gum ! Ce flobard que l’innovant tuera, remplacé par un grand chalutier nommé Noé, en référence à l’arche ! Très vite Noé mit merlans et autres poissons dans ses filets ! Simone détaille ses succès pélagiques, avec lesquels sa belle-sœur Caroline s’est liée ! Un livre passionnant où se mêlent gens, gars, bains d’enfance mais aussi peur des dangers car parfois brune-ocre est mer et le bateau face à la vague 🌊 dure et mont paie le grain !

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mercredi 15 mars 2023

L'INFLATION REVIENT



 L'inflation revient, elle nous rappelle les années Giscard-Barre. La sécheresse liée au réchauffement climatique, la guerre en Ukraine, et les manœuvres spéculatives de certains ont raison du porte-monnaie, principalement celui des plus pauvres.

Le conflit actuel, la grogne populaire, portent sur la réforme des retraites. Mais, dans le cortège des mécontents s'immiscent aussi les affres de la vie chère. 

La France a déjà dépensé 43 milliards d'euros en aides diverses (remise carburant, bouclier tarifaire sur les prix de l'énergie, revalorisation des retraites, prestations sociales et primes de rentrée, limitation des hausses de loyer à 3,5 % maximum, prime de partage de la valeur dans les entreprises...), et ceci depuis deux ans. La question est de savoir comment juguler l'inflation en aidant les plus nécessiteux sans pour autant creuser davantage le déficit budgétaire ?

En attendant, des tractations s'exercent entre la grande distribution et les grands groupes alimentaires pour tenter de minimiser les marges. Car l'inflation la plus palpable est celle qui frappe les produits de première nécessité : les nutriments.

Dès lors, une longue cohorte de caddies sous-alimentés se pointe aux caisses des supermarchés ! Les yeux fixés sur les étiquettes, le consommateur infortuné recherche le meilleur rapport qualité-prix avec, au ventre, un je ne sais quoi de carence, d'insuffisance nutritive, qu'il partage avec ses enfants.   



S’étiolait le pouvoir d’accaparer les choses
Des chariots décharnés pleuraient leur satiété
Sous le halo froissé de nos rayons moroses
S’époumonait l’écho des flux monétisés

Bouclages en tortures des fins de mois austères
Chemin paupérisé de ruptures glacées
Abandon déchirant de plaisirs secondaires
La loi du nécessaire en stricte vérité !

On guettait l’occasion, l’éclosion des remises
Quand, du porte-monnaie, les doigts palpaient le fond
Le printemps révélait d’impécunieux bourgeons

L’achat portait sa croix d’inflation délétère
Et sur le Golgotha policé de misère
Geignait l’âme perdue des richesses promises.

mardi 17 janvier 2023

GINA DANS LA MAGIE D'ESMERALDA

 




Gina Lollobrigida est morte. La star italienne avait 95 ans. Son décès a été rapporté ce 16 janvier 2023 par l'agence de presse italienne Ansa. "L'ancienne sex-symbol avait fait une chute à son domicile romain en septembre dernier. Elle s'était cassée le col du fémur et avait été hospitalisée", souligne BFMTV. Petite biographie de cette grande figure du cinéma.

 

Gina Lollobrigida, de son vrai nom Luigia Lollobrigida est née le 4 juillet 1927 à Subiaco et a subi assauts de fées penchées sur son berceau l’incitant, déjà, à crever l’écran. Aussi, très vite, elle quitte son milieu ouvrier pour monter à Rome et devenir étudiante à l’Académie des Beaux-Arts.

Romaine, l’es-tu ? Se pose-t-elle souvent comme question. Ou va-t-elle aller ailleurs ? Elle se voit confier un rôle dans un Rome-en-photo et se fait remarquer pour sa beauté plastique. En 1947, elle termine deuxième au concours de Miss Rome et troisième à celui de Miss Italie , pays connu pour ses prix de bottées !

Durant quatre longues années (1947 à 1951), le cinéma, ne lui offre que des rôles secondaires : L’Aigle noir de Riccardo Freda, où Barbara ne figure pas au générique, « Traqué dans la ville » de Pietro Germi, et d’autres… Arrive, enfin, le film de Christian-Jaque « Fanfan la Tulipe », où elle interprète Adeline, dont tombe amoureux Fanfan, incarné par Gérard Philippe !

En 1952, elle se retrouve devant les caméras de René Clair qui lui dit : - Foncez ! Elle jouera donc dans « Les belles de nuit », rivalisant de beauté avec Martine Carol. Puis Luigi Comencini, comme en ciné ardent, la fait jouer dans « Pain, Amour et Jalousie » qui n’est que la suite de « Pain, Amour et Fantaisie », au côté de Vittorio de Sica, qu’elle envoûte !

Ces films lui donneront une stature internationale. Le Britannique Carol Reed pensera à elle pour jouer une fille de cirque dans « Trapèze » avec Burt Lancaster et Tony Curtis. Elle se répète alors, inlassablement, qu’elle est faite pour être enfant de la balle et mantra pèse !

Enfant de la balle, elle le demeure en incarnant Esmeralda, la bohémienne saltimbanque de « Notre-Dame de Paris », de Jean Delannoy. Un de ses plus grands rôles. Elle porte secours à Quasimodo, incarné par Anthony Quinn.

Elle repart aux USA, où elle crève l'écran devant les caméras de John Sturges, en 1958, dans « La proie des vautours ». Elle y côtoie Frank Sinatra et Steve MacQueen. En 1959, dans « Salomon et la Reine de Saba » de King Vidor, elle a comme partenaire Yul Brynner, moins chauve que jamais.

Au début des années 60, elle jouera dans « Vénus impériale » de Delannoy. Elle y incarnera Pauline Bonaparte avec beaucoup de ressort (oui, être en Pauline ça aide !). Elle aura notre Bebel national dans « La mer à boire » de Castellani (1963)

Privilégiant la comédie, Gina Lollobrigida paraît encore dans « Les Poupées » de Mauro Bolognini avant de retrouver Rock Hudson dans « Etranges compagnons de lit », un film de Melvin Frank (1965). 

1968 est une année charnière dans la vie de Gina qui met fin à dix-neuf années de mariage, perdant ainsi son impresario. Elle met un frein à sa carrière après le tournage de « Buona sera Madame Campbell » de Melvin Frank. Elle participe encore au western parodique « Les quatre mercenaires d’El Paso » d’Eugenio Martin, sentant que parodie n’est pas paradis, sous l’œil goguenard de paparazzi.

Alors elle devient la fée turquoise (1972) qui aide Pinocchio à devenir un petit garçon. La série de 6 épisodes, de Comencini, fait la joie des tout petits, des ménagères de +/- 50 ans et des maris honnêtes.

Après le drame « Roses rouges et Piments verts » de Francisco Rovira Beleta (1973) avec Danielle Darrieux, où elle joue le rôle d’une photographe, elle cesse de tourner pour se lancer dans une nouvelle passion : la photographie ! On croyait à la mort de sa vie artistique mais la faux cale !

Elle revient à la télévision en 1984 dans plusieurs épisodes de la série « Falcon Crest » : faut qu’on vive, se dit-elle. En 1985, elle joue dans la série « Prête-moi ta vie » en commençant à en avoir assez d’être une souris de série qui sourit.

En 1986, elle est présidente du jury du Festival international du film de Berlin et y reçoit la Caméra de la Berlinale, récompense créée et décernée aux cinéastes et aux acteurs qui ont rendu d'éminents services au festival.

Ses derniers rôles remontent à 1996 dans le feuilleton italien Una donna in fuga, et dans le film français XXL, d’Ariel Zeitoun, auprès de Gérard Depardieu et Michel Boujenah.

En 1999, Gina Lollobrigida se présente aux élections européennes numéro 2 sur la liste d'Antonio Di Pietro mais échoue pour accéder au Parlement européen, dix pieds trop loin. Elle se consacre alors à la sculpture, cet art qui éclot d’elle. Mais la photographie ne la quitte pas non plus.

Elle vient de nous quitter ce 16 janvier 2023. Mais nous reste en mémoire le merveilleux visage d’Esmeralda, la grâce infinie d’une danse voluptueuse sur le parvis de la cathédrale, et ce regard de velours d’une beauté extraordinaire.








Gina, fleur d’émotion, coquelicot de feu

Se cambre au fil des vents d’une musique folle

Son cœur d’Esmeralda, sur ce parvis s’envole

En transes volatiles, d’un astre merveilleux.

 

Hypnotique vision à damner son essence

A suffoquer d’amour dans l’intense brasier

Qu’un âtre malicieux de la concupiscence

Attise de passions, de foudres essaimées.

 

Gina, Esmeralda, volupté d’une transe

Les seins gorgés d’hymen à sublimer les cieux

Virevolte, tournoie, envoûte mille yeux

 

Flux d’ensorcellements, arabesques lascives

Une flamme charnelle à l’aura suggestive

Un mystère amoureux dans les plis d’une danse.


vendredi 6 janvier 2023

A LA MANIERE DE RAYMOND DEVOS - 1

J'entame une nouvelle rubrique "à la manière de Raymond Devos" pour honorer sa mémoire. Je ne suis pas certain d'atteindre les chevilles du maître, mais qui ne tente rien n'a rien.

Pour ce premier acte, je me retrouve à la Porte du Paradis. 

Il y a de l'anticipation dans l'air...


J'étais à peine arrivé au Paradis que St Pierre accourut, essoufflé, en me criant : - Fabiano, je suis désolé, j'ai perdu la clé !
Je lui ai dit : - Si c'est une clé de sol je connais ! Je vous la trouve ! C'est à ma portée !
Il me dit : - Non, c'est plus compliqué que ça ! Une clé de sol quand on est dans le céleste c'est comme si on subissait une peine plancher !
Je lui ai dit : - Il vous faut une clé de fa ? J'ai ça aussi ! Je maîtrise aussi les basses !
Il me rétorqua : - Ca ne servirait à rien ! Il n'y a pas de messes basses puisqu'il n'y a plus de curés ! Ici, on se fait similaires !
Je lui ai dit que 6.000 airs c'était suffisant, mais peut-être pas pour une éternité. Il n'a pas répondu, tout inquiet de sa perte : - Il faut que je retrouve cette diable de clé !
Je commençai à m'impatienter : - Dites-donc, St Pierre, tu te débrouilles, t'appelles un serrurier mais comme tu vois on est une ribambelle à attendre à la porte !
Et ça commençait à crier : - Ouvrez-nous ! OUVREZ-NOUS !
Derrière la porte on entendait St Pierre s'activer avec une vis cruciforme ! Un moment on sentit qu'il tenait là le bon outil et crut s'y fier ! Mais non ! Il jura : - nom de Dieu ! Cela faisait très mauvais effet ! St Pierre jurait comme un poissonnier !
En regardant par le judas qui fonctionnait dans les deux sens, je vis que Jésus arrivait à son secours : - St Pierre, arrête ! Tu es en train de te noyer dans un verre d'eau bénite ! L'Eden t'entend jurer, et te voir ainsi le peine ! Tu te paies ma paix quand tu lui fais un tour de vices et la gâche ! Je vais arranger ça !
D'une apposition de la main Jésus fit ouvrir la porte ! Quel cohue ! Je fus bousculé par toute une foule de ressuscités, le mors aux dents !
Jésus me dit, en me relevant : - C'est de plus en plus comme ça ! St Pierre perd la tête ! Il perd la clé régulièrement ! Je crois que je ferai désormais confiance en St Jean !
Je lui ai dit qu'en singeant il risquerait des réprobations !
Il n'a pas ri ! A se demander si l'humour vient de Dieu !

mercredi 4 janvier 2023

UNE ANNEE IMPAIRE DURANT LAQUELLE JE NE SOUHAITE PAS EN COMMETTRE



Ce blog, que je délaisse un peu, reprend du service à chaque début d'année pour annoncer les faits marquants qui se dérouleront au cours des 365 jours prévus par le calendrier.

Alors, à vos agendas.


L’année 2023 commencera par une adhésion d’un pays à la zone euro. Les Croates quitteront la Kuna lacunaire pour adopter la monnaie européenne en souhaitant qu’elle combatte l’inflation.

Le 11 janvier, ses fans pleureront Jacqueline Maillan qui aurait eu 100 ans. Pierre Palmade, Muriel Robin et Michèle Laroque achèteront un bouquet commun, en forme de pièce montée.

Le 17 janvier, François Damiens, qui n’est pas Amiénois, fêtera ses 50 ans dans une petite ville minière du Pas-de-Calais car il a Harnes à cœur.

Le 20 janvier, ce sera au tour de Benjamin Biolay de souffler 50 bougies, chez lui. Il invitera son ancienne compagne au paradis "gainsbourien" en chantant « initiales BB »        

Le 27 février, les habitants de Tréguier (Côtes-du-Nord) s’inclineront devant la maison natale d’Ernest Renan né en 1823, soit 200 ans déjà ! Laïcs, catholiques et athées cesseront leur querelle de clocher pour commémorer, en positivant, non comme chez Carrefour mais comme Auguste compte !

Le 6 mars, lecteurs et lectrices honoreront les 50 ans de la mort de l’écrivain(e) américaine Pearl Buck, prix Nobel de littérature en 1938. Une belle occasion pour réhabiliter la Chine, empêtrée dans ses innombrables problèmes de santé, cernée par les virus biologiques mais aussi martiaux, un regard menaçant porté sur Taïwan.

Le 26 mars, à Belle-Ile-en-mer, les inconditionnels de Sarah Bernhardt défileront devant sa maison de la pointe des Poulains et de façon chevaleresque. On honorera la grande comédienne pour les 100 ans de sa mort ! Ce jour là, se réveillera le coq tôt pour chanter à la gloire de ce « monstre sacré » !

Le 29 mars, des vétérans ayant connu bail de haine se souviendront, qu’il y a 50 ans, ils étaient les derniers soldats à quitter le sud-Vietnam, pour se désembourber d’un enfer sanglant ayant taché d’horribles sangs la bannière étoilée.

Le 8 avril, les admirateurs de Picasso auront une pensée pour le maître décédé il y a 50 ans. Le Maire de Mougins (Alpes-Maritimes), Richard Galy commencera son discours (exorde) par : - Respect à toi, ô grand maître, qui termina son brillant parcours sur Terre en cette ville, que tu aimas, là, gars ! Et hop, un petit verre avant la suite devant un parterre de riverains parmi lesquels un vieux guitariste, une femme qui pleure et un garçon à la pipe !

Le 10 avril, Guillaume Canet fêtera ses 50 ans en compagnie de sa gentille Marion. L’émotion fera sortir les petits mouchoirs. Marion lui offrira une copie d’un tableau de Cézanne mais lui évitera un plat de nouilles car Canet le honnit !

Le 25 mai, en se gavant de rillettes, on fêtera dûment les premiers 24 H de course automobile, apparus en 1923 (cela s'entend !). A l’époque, 33 véhicules étaient sur le départ, prêts à polluer inutilement l’air manceau, d’errements sots !

Le 27 mai, si Dieu lui prête vie, Henry Kissinger soufflera ses 100 bougies ! Un bel exploit de longévité pour ce Nobel de la Paix (en 1973) pour son action dans la résolution de la guerre du Viêt Nam. L'homme au passé mouillé de controverses aura l'occasion de parler de l'Ukraine et de la nécessité de l'intégrer à l'OTAN, autant que perce feu alors qu'il disait, quelques mois auparavant : - Ce n'était pas une politique américaine judicieuse que de tenter d'inclure l'Ukraine dans l'OTAN !

Le 29 mai, ses inconditionnels fêteront les 100 ans de la naissance de Bernard Clavel. A Lons-le-Saunier, sa ville natale, on lira à voix haute, des extraits des Fruits de l’hiver (Prix Goncourt 1968). Plus que jamais, l’auteur appelle à le lire et jamais on ne verra la cru s’tasser ! Clavel, encore hèle (Clavelle, anchorelle ?)

Le 31 mai, comme un ouragan, le vent du souvenir soufflera sur Monaco. On fêtera, en effet, les 100 ans de la naissance du Prince Rainier III, d’une grâce qu’élit son destin ! Son fils, Albert II, fera un beau discours, un peu bêlant. C’est Albert : Je ris (s’étale bergerie ?).

Le 5 juin, des économistes poussiéreux secoueront leur perruque et se découvriront devant le portrait d’Adam Smith né il y a 300 ans ! Une main invisible viendra serrer leur petite poigne toute veinée de sang libéraliste. Un grand moment d’émotion.

Le 10 juin, des pêcheurs d’Islande pleureront Pierre Loti, mort depuis 100 ans. En France aussi, on y pensera, en lisant ses mémoires, empreinte laissée aux futures générations car ce capitaine devait sceaux !           

Le 19 juin, donc le lendemain du 18 juin et de sa pelle, on aura mille pensées pour Blaise Pascal né il y a 400 ans ! Le Pape François reparlera de la possible béatification de ce mathématicien philosophe en arguant que c’est un bon calcul !

Le 2 juillet, quelques historiens farfelus lanceront des tweets pour évoquer la mémoire de Louis XI, né il y a 600 ans ! Ça fleurera le poussiéreux monarchique mais beaucoup d’historiens, longtemps, comme mon ami Charles, dans le thème errèrent !

Le 6 août, des historiens (les mêmes que ceux du 2 juillet) sortiront les mouchoirs de soie pour y déposer des larmes en souvenir de Louis VIII, couronné le 6 août 1223. Soit 800 ans ! Ce fils de Philippe Auguste n’aura régné que 3 ans et 3 mois ! Il meurt vite. Nos jours sont de durées inégales et la Camarde aura décaper siens, avec précocité.

Le 31 août, les accros du western pleureront John Ford mort depuis 50 ans. Certaines chaînes de télévision nous abreuveront de scènes mythiques, à la gloire des tuniques bleues qui n’arrivent pas à tourner l’apache !

Le 11 septembre, les Chiliens auront un souvenir néfaste du coup d’Etat militaire, instauré par Pinochet. Le commandant tortionnaire aura marqué de son empreinte sanglante la vie de son pays, à la lumière des idées libéralistes d’un certain Friedman, évoquant le « miracle chilien » !

Le 4 octobre, on rediffusera « Ben-Hur » pour commémorer les 100 ans de Charlton Eston (mort en 2008). Il n’y aura pas de surprise : à la fin Jésus ressuscite, la mère et la sœur de Ben-Hur ne sont plus lépreuses.

Le 6 octobre, on se demande dans quelles conditions seront commémorés les évènements de la guerre du Kippour (6 octobre au 24 octobre 1973). Il y a 50 ans, l’armée israélienne était ébranlée par une coalition arabe (Egypte, Syrie, Maroc, Libye,…) et cette victoire des pays arabes allait déclencher le futur choc pétrolier, le 17 octobre). Affaire à suivre…

Le 2 décembre, on honorera Maria Callas, la grande cantatrice grecque née il y a 100 ans. Des récitals remasterisés fleuriront de ci de là, cahin-caha. On louera son talent, de vers dits ! L’auréole de la diva fera encore marcher le commerce, halo paiera !

Le 27 décembre, la tour Eiffel portera le deuil. Son créateur sera mort 100 ans auparavant. La dame de fer évitera de trop pleurer pour ne pas rouiller ! Des lumières noires l’éclaireront, lui donnant des petits airs de violettes impériales dont les valeurs s’cotent haut ! Le tout étant d’aimer ces airs !

Voilà pour les principaux évènements qui attendent l’année 2023 au coin de la rue. Cette jolie rue qu’il nous faudra encore traverser pour trouver un travail et le garder suffisamment longtemps pour attendre les 65 ans, sans période de chômage, et goûter à une retraite bien méritée. Poil au nez !

 

Meilleurs vœux !


dimanche 30 octobre 2022

SOULAGES LUMINEUX MAIS DOUTE RENOIR

 

Le petit Pierre naît à Rodez la veille de Noël 1919, donc sous une bonne étoile ! Il grandit en se passionnant pour la peinture et les vieilles pierres érodées par le temps. Pensionnaire chez les Frères des Ecoles chrétiennes, il se fâche avec un professeur de musique qui veut lui enseigner le piano : Pierre ne veut jouer que sur les touches noires et récolte des mélodies de demi-tons, aux accents asiatiques. Non, il lui faut la peinture !

Il commence par peindre des paysages divers, mais surtout d’hiver. Il met tout son art à faire ressortir des branches noires sur des fonds clairs.

La nuit, durant ses nuits blanches, il songe à la célébrité puis se rendort, sous les taies noires.

Face à la mer, il plonge son imagination dans la baie noire qui s’étale de tout son long sur le blanc de la toile.

Après quelques petits jobs, au black, Pierre s’oriente vers un professorat de dessin et passe avec succès le concours d'entrée à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts. Il refuse cependant de s’y inscrire car les œuvres de Cézanne et de Picasso agissent provoquent, chez lui, un choc artistique majeur. Sans broyer du noir, mais en l’utilisant avec maîtrise, il impose progressivement sa vision du monde.

La guerre se profile. Les chemises noires sont italiennes, mais ce noir-là ne le botte pas. Il est mobilisé en 1940 et envoyé à Bordeaux en tant qu'élève officier..

En 1941, il épouse Colette, à Sète. Il se marie en noir, mais ne pousse pas le bouchon à demander qu’à la sortie de l’église on ne jette que du riz noir ! Il est suffisamment éclairé pour ne pas prendre sa vessie pour une lanterne.

Dès 1948, Soulages intègre un atelier parisien de la rue Schoelcher où il prépare des expositions à Paris et à Berlin notamment la Französische abstrakte malerei. C'est ainsi qu'il intègre le cercle des premiers peintres abstraits.

Il peint, sans relâche, en écoutant diverses musiques, jazz noir, « noir c’est noir » puisque Johnny a l’idée de reprendre un titre de Los Bravos, l’aigle noir qui lui donne envie de garder barbe à ras. Oui, la musique l’accompagne tandis que sur la toile des couches de black s’abattent !

De 1949 à 1979, il expose successivement à Paris, New York, Londres, Sao Paulo, Copenhague, Hanovre, Noir-Moutier, heu non ! Puis, le centre Georges Pompidou lui présente le tapis rouge, en 1979. Il semble faux de penser que le rouge hait le noir car c’est là où ses toiles monopigmentaires sont présentées pour la première fois ! Elles révèlent alors la puissance de ce qu’il appelle l’”outre-noir”. 

Il se moque alors de ceux qui ne croyaient pas en lui et, véritables bêtes noires, disaient : - tu n’auras pas d’ouverture, ton avenir rétrécira si ton œuvre s’étend au noir !

Cet outre-noir est en réalité une multitude de gris plus ou moins lumineux qui se modifient en fonction des déplacements et des changements d’éclairage.

Désormais, il vit comme un roi dans un palais de charbons ardents, il est homme à noircir (il est au manoir, sire !)

Également auteur de décors de théâtre et de ballets, il réalise les 104 vitraux de l'abbatiale de Conques de 1987 à 1994. Le Guggenheim Museum, le Museum of Modern Art de New York, la Tate Gallery de Londres ainsi que le musée national d'Art moderne de Paris acquièrent en outre ses œuvres dès les années 1950.

En 2014, le musée Soulages ouvre ses portes à Rodez, ville de sa naissance.

Pierre Soulages, meurt à 102 ans : sang de Zan quand l’arrêt glisse vers les ténèbres encore plus noires.



Désormais, ces œuvres ont valeur de l’or noir ! Certains seraient prêts à les acquérir contre un chèque en blanc.


mardi 13 septembre 2022

GODARD, EN SA DERNIERE SALLE OBSCURE.

 


Il n’aura pas eu le temps de filmer les obsèques de Queen Elizabeth ! Il est mort dans la foulée du trépas monarchique.

Oui, Jean-Luc Godard est mort, à bout de souffle, ce 13 septembre.

Né le 3 décembre 1930, à Paris, le petit Jean-Luc va vite se retrouver en Helvétie, à Nyon plus exactement ! Dès lors Nyon lui ouvre les yeux sur la beauté suisse. Il y fait ses études et obtient le diplôme du collège. Puis, ses parents l’envoient à Paris pour décrocher le bac ! Mais ils divorcent, débordés par le mépris ! Il se retrouve abandonné et voit son bac à ras tant les crises talent ses fruits de recherche culturelle.

Il fréquente alors les cinémas. Puis, il va s’intégrer dans l’équipe de la gazette du cinéma et publie, à 19 ans, ses premiers textes critiques qui sont, pour lui, de haut vol !

En parlant de vol, c’est un adepte de la cleptomanie. Il vole à tout va. Ainsi, en 1953, il vole dans la caisse de la télévision suisse et se tape trois nuits en prison, dans le noir du temps (segment de Ten Minutes Olders, film collectif de 2002).

Pour éviter de partir en Indochine, jouer au petit soldat, Jean-Luc opte pour la nationalité suisse, à l’âge de sa majorité.

-         Genevois que cela à faire, lance-t-il !

Il réalise un documentaire sur le chantier du barrage de la Grande-Dixence, en Valais. Un film qui ne fera pas couler beaucoup d’eau.

Il est temps de passer aux choses sérieuses : réaliser des vrais films ! Avec des acteurs ! Il va donc s’y mettre et réaliser « à bout de souffle » (déjà cité en début de ce billet) et mettre en valeur un de ses acteurs préférés : Jean-Paul Belmondo !

Puis il tourne «Le petit soldat », un vrai coup de Massu pour l’armée française qui y voit une tentative de déstabilisation pour les pauvres types envoyés en Algérie. Cette œuvre n’est pas osée vainement !

Dans ce film, brille Anna Karina, une jeune femme talentueuse qu’il aura l’occasion de faire tourner dans moult films : Une femme est une femme (1961), Vivre sa vie (1962) Pierrot le fou (1965) Alphaville (1965) Made in Usa (1966).    

 

Complètement ancré dans la nouvelle vague, avec Truffaut ou encore Chabrol, il va chercher à réinventer la forme narrative du cinéma.

Ainsi, dans « le mépris » (oui, je sais, déjà cité au début de mon récit ! C’est décousu, mais c’est comme du Godard !), le réalisateur va transformer une histoire d’amour, somme toute banale, en transformant la narration classique et hollywoodienne. Il le fera en intellectualisant la rupture amoureuse et en donnant une dimension mythologique à l’homme, et humaine aux dieux, à travers la figure de Fritz Lang, metteur en scène cherchant à adapter Ulysse et l’Odyssée !

Dans ce film, Brigitte Bardot demande à Piccoli : - et mes fesses, tu les aimes mes fesses ? Phrase culte qui ne devrait pas occulter le reste des séquences de ce grand film, un des plus romanesques de Godard. Je l’ai encore redit à mon petit voisin, Ali, qui y voit un film de cul ! C’est très réducteur ! Il faut bien qu’Ali pige !

Mais brusquement son moi s’accroche à Mao et il tourne « La chinoise et le Week-end » (1967) ! Un film finalement mal perçu par les maoïstes qui se voient représentés comme de jeunes bourgeois qui jouent aux révolutionnaires. Leur colère se livre, rouge !

Cette période maoïste ne dure pas pour éviter qu’en chie noise ! Jean-Luc entame alors une période vidéo, de 1973 à 1979 ! Il fera des films pour la télévision, comme « six fois deux » où il se met en scène en tant qu’interviewer d’un paysan, d’un journaliste, ou encore d’un horloger adepte du super 8, qui lui dit que son métier est passionnant mais que la caméra aussi l’est !

En 1980, il revient à un cinéma plus grand public qui attire des acteurs de renom. Il est sélectionné au Festival de Cannes trois fois pour Sauve qui peut la vie (1980), avec Isabelle Huppert, Passion (1982), avec la même Isabelle, et Détective (1985) avec Johnny Halliday et Nathalie Baye avant qu’ils ne se séparent en 1986 ! Il obtient le Lion d'or au Festival de Venise pour Prénom Carmen (1983) un film qui trompe son monde car la bande musicale ne vient pas de Bizet mais de Beethoven !

Dans les années 90 et 2000, Godard fait un retour à l'expérimentation avec Histoire(s) du cinéma (1998) et Eloge de l'amour (2001). Dans sa perpétuelle volonté de "peindre les choses qui sont derrière les choses", Jean-Luc Godard est un véritable novateur ! Sauf pour le clergé qui y voit un hérétique de première avec la sortie du film « Je vous salue Marie » (1985) ! Il faut dire que le réalisateur a la main lourde en transformant Marie en fiancée d’un chauffeur de taxi qui ignore qu’elle est enceinte. En matière d’apparition ironique le réalisateur ne tourne pas autour du Pau.

 

En 2010, il réalise Film Socialisme, qui suit des voyageurs sur une croisière en Méditerranée. C’est plutôt « la croisière s’amuse », en lieu de consommation ! Un socialisme où le mot rose n’a plus cours.

Le réalisateur s'intéresse ensuite à la 3D ; son film Adieu au langage est auréolé du Prix de Jury au Festival de Cannes en 2014 ! On y retrouve la patte de l’auteur : mouvements de caméra, son mal synchronisé, mise en abime…  C’est l’histoire filmée en 3D d’un chien qui parle à la place de ses maîtres ! On pourrait presque y voir un clin d’œil à Devos : - Mon chien c’est quelqu’un !

Voilà, caché derrière ses lunettes noires, le trublion du 7ème art français s’en est allé, de plein gré, parce qu’épuisé. Ballotant entre le cinéma populaire, voire mineur et la recherche de l’élitisme, naviguant entre dandysme de droite et gauchisme enflammé, le réalisateur en aura désorienté plus d’un !

Il laisse une œuvre polymorphe où se mêlent poésie, absurde, cheminements ésotériques et culture des paradoxes. Ses détracteurs en retirent des positions radicales, ses admirateurs aussi. Une œuvre riche qui parle beaucoup de l’évolution du cinéma et de la force des images, dans ce qu’elles disent et dans ce qu’elles ne disent pas.

Salut l’artiste !