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vendredi 18 novembre 2016

LE CHARME FOU DES VIEUX MÉTIERS


MÉDICAMENT TAIRE ? MÉDIS ? CAME ENTERRE ?




Quand il était ministre de l'Economie, Emmanuel Macron avait  relevé "le caractère choquant" de certaines rémunérations de dirigeants " et notamment il avait cité le cas Sanofi. L’homme en marche ignorait-il à l’époque le problème de la Dépakine, ce médicament Anti-Convulsivant qu’on médit à raison (tout comme ce fut le cas pour le Médiator) au point de ne plus pouvoir le prescrire qu’en dernier intention et en informant des risques encourus par les femmes enceintes : 40 % de chance que l’enfant présente des retards de développement, malformations et troubles neurologiques.

L’histoire de la Dépakine est celle de Martine Martin, 44 ans, mère de famille et perpétuellement en combat contre son épilepsie. On lui a prescrit de la Dépakine. En 2002 naît son fils Nathan. Il présente des malformations des membres.

L’enfant grandit et sa vie n’est qu’une suite de troubles, notamment autistiques. Marine consulte sur ordinateur la liste des médicaments les plus dangereux pour les femmes enceintes et se noie dans ses sanglots : la Dékapine, antiépileptique largement commercialisé, arrive en deuxième position !

La femme se transforme alors en lanceur d’alerte, crée un mouvement de résistance avec une association, l’APESAC (Association des Parents d’Enfants souffrant du Syndrome de l’Anti-Convulsivant), engage une bataille juridique contre SANOFI, le laboratoire au 4.388.000 € de résultat net en 2015.

Aujourd’hui l’APESAC compte 2000 familles et Marine Martin a gagné de belles batailles contre le géant pharmaceutique.

La plus belle victoire vient d’être signée : c’est un amendement gouvernemental adopté par les députés et qui devrait être voté définitivement à la fin de l’année, après son passage au Sénat. Il s’agit d’indemniser les familles s’estimant victimes d’un préjudice imputable à la prescription du valproate de sodium (régulateur de l’humeur et substance active de la Dépakine). Elles pourront déposer leur dossier devant l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam).

Un aréopage sera chargé de statuer sur «l’imputabilité» des dommages et, le cas échéant, transmettra le dossier au comité d’indemnisation.

«L’indemnisation doit être versée en premier lieu par le laboratoire qui reste le principal responsable, insiste Marine Martin, mais je reste réservée sur la possibilité d’une indemnisation par l’Etat en cas de refus de Sanofi-Aventis France.

Indemniser après avoir empoisonné les patients n’est-ce pas pure justice ?

Espérons que Sanofi trainera moins les pieds dans cette démarche que le laboratoire Servier ne le fait lors de ces interminables procédures juridiques, au sein de l’affaire du médiator.

Le hasard des actualités fait que le nouveau film d’Emmanuelle Bercot « La Fille de Brest » s’apprête à sortir en salle (le 30 novembre). Il retranscrit avec une fidélité, assaisonnée de romanesque, l’histoire d’Irène Frachon, pneumologue brestoise qui, la première, a révélé le scandale sanitaire du coupe-faim Médiator devenu cause de valvulopathie et d’hypertension artérielle pulmonaire.



Et pour clore ce dossier des « médicaments qui ne nous font pas du bien », après avoir exprimé ce doux euphémisme, j’ajouterai le dernier drame qui s’est joué au CHU de Nantes.

Trois patients atteints d’un lymphome ont été traités par chimiothérapie intensive avec autogreffe. Ils ont bénéficié d’un traitement comprenant le médicament cyclophosphamide en remplacement du médicament melphalan généralement utilisé mais hélas en proie à des tensions d’approvisionnement européennes !

Ils en sont morts et Marisol Touraine, Ministre de la Santé, a saisi l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales)

Le cyclophosphamide (commercialisé sous le nom d'endoxan par les laboratoires Baxter) sera-t-il un nouveau scandale ?


L’enquête nous le dira mais, d’ores et déjà, il faut bien admettre que les grands groupes pharmaceutiques, avides de profit, ont quelques réflexions à porter sur leur éthique !