CHERCHEZ DANS CE BLOG

jeudi 30 août 2018

APRES L'EURE C'EST PLUS L'EURE






Pourquoi le volatile voulut-il ce départ ?
Le temps des migrations s’annonçait bien plus tard.
Il avait mille raisons pour quitter ce décor
Hostile, selon ses mots, au futur de son  corps.

L’oie avait rencontré de méchants cantonniers
Qui n’aménageaient pas la route de Louviers
A défaut de subsides ils s’étaient mis chasseurs
Leurs fusils scintillaient au soleil ; elle prit peur.

Peu avant ce fait-là si félon : un revers !
Tandis qu’elle amorçait une ponte, ô, deux maires
De villages voisins voulurent se la farcir
Elle marcha sur ses œufs, paniquée ; elle dut fuir.

Quelques journées après Bernay l’avait bernée
Feignant sous de doux leurres une hospitalité
Des gamins désœuvrés lui avaient lancé pierres
Manquant de la tuer ! Rhapsodie meurtrière !

Elle avait cru un jour trouver l’aise en de lisses
Herbes folles et sauvages, pré près des Andelys
Mais un vil cul terreux fou de son pâturage
Avait brandi sa faux ; elle obvia le carnage !

Lassée de tout ce poids d’avanies et de haine
Elle s’envola d’Évreux. Une foi souveraine
Lui ouvrait l’ascension vers des jours bien meilleurs
Elle vivrait désormais l’oie de la pesante Eure.

mercredi 29 août 2018

CE GOUVERNEMENT OÙ SON ÂME S'TERRE ET QUE SÈME HULOT





On le sentait venir, là, dans son entourage. On le voyait venir, au cœur du voisinage. Il en avait parlé à Perrine, d’à côté : je m’en irai un jour, plus tôt que vous ne le croyez.

Perrine l’avait senti, elle qui l’admirait. Perrine, écologiste dans l’âme et anti-chasse patentée avait créé son association « Perrine hait le pote aux laies » en réaction à son ex, devenu infréquentable, pour avoir décimé des hardes de sangliers, ce qui en soi lui apparaissait comme motif de révulsion, mais plus encore pour lui avoir imposé deux hures de laie dans le salon.

Oui, il en avait parlé à Perrine :

-      Aujourd’hui, je vais à une réunion des chasseurs, à l’Élysée. Emmanuel va certainement leur graisser la patte à des fins électoralistes. Si ça tourne au vinaigre il ne faudra plus attendre de moi que les cons servent.

Il avait dit ça, avec une certaine désinvolture, mais Perrine avait vu dans le regard de la tristesse et le reflet d’une âme désabusée. Elle ignorait le coup de séisme qui éclaterait le lendemain.

Le lendemain, mardi 29 août, devant les micros de France Inter, l’homme est interviewé par Nicolas Demorand et Léa Salamé ! Il ne perd pas trop de temps pour avouer qu’il se sent seul, que ses troupes naviguent dans le parfait anonymat. Et donc qu’il démissionne !

Mais vous-êtes sérieux ? Lui demande, éberluée, Léa !

Léa, ça la met dans le plus profond scepticisme mais, oui, il l’est ! Nicolas Hulot claque la porte sans tambour ni trompette. Sans même avoir averti le chef de l’État ! Il quitte un bateau qui navigue trop, selon lui, sur l’océan du libéralisme, au creux des vagues boursières, à la recherche d’un nouveau rivage de croissance où s’échouent les rêves d’un développement durable.

Oui, Nicolas part ! D’aucuns le trouveront père vert et sans tenue ! Partir ainsi, sans prévenir, ne se fait pas ! Mais tout cela n’est que remarque superficielle qu’Hulot tait !

Nicolas fait sa valise tout de tristesse imprégnée. Il n’en pouvait plus d’avaler des couleurs !

-      Quelle vie Perrine, se plaisait-il à répéter à sa plus fidèle supportrice. Je serpente entre les incuries, les pressions de lobbies qui gangrènent ce gouvernement. On surveille mes gestes, mes paroles ! J’en ai la gueule de boa ! Mon action, l’épie-t-on, que déjà elle suscite la suspicion. Les groupes de pression sortent les dents et me mordent les fruits d’un paradis écologique. Les crocs talent !

Alors, oui, de guerre lasse, Nicolas est parti. Cette réunion du lundi aura été la goutte qui fait déborder le vase ! Il y aura vu la présence d’un certain Thierry Coste, un lobbyiste chasseur qui s’était fait inviter ! Loin d’être un gigolo, Coste nous meut en gigue holocauste : les chasseurs pourront tuer avec un permis à demi-tarif des espèces qui cesseront d’être protégées.  

C’est le coup de grâce pour Nicolas. Abattu, écœuré, le père d’Ushuaïa quitte la Macronie, qui, en son temps, s’était enorgueillie de cette belle prise de guerre synonyme de rayonnement médiatique.

Nicolas, après avoir atermoyé le grand saut, a fini par admettre qu’il ne pouvait plus se mentir ! Don Quichotte à se battre contre des moulins aux ailes tournant dans le sens inverse du vent insufflé par la Cop 21, il n’aura glané comme unique breloque que l’abandon définitif du projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes.

Pour les autres dossiers (glyphosate, huile de palme, démantèlement du nucléaire…) il n’aura obtenu que des désillusions, au mieux des demi-défaites. S’en vint le vert Hulot (sans vin le verre eut l’eau) et repartit, en songeant à tous les combats qui resteraient  à mener pour que cette planète soit encore respirable. Il songe à tous ces reniements gouvernementaux, à en oublier cette triste parenthèse, accusation de harcèlement sexuel parue, le 9 février, dans le journal Ebdo ! Une infâme rumeur colportée par une ex collaboratrice de sa fondation ! Une femme qui avait, in fine, démenti !

Nicolas va retrouver sa Bretagne, Saint Lunaire, les embruns de l’océan et cette côte qui émeut, rode en son âme triste.

Au bord de l’amer, le cœur un peu vague, en songeant à démarrer…un nouveau combat.

mardi 21 août 2018

CAVALE, BENALLA ET DEUXIEME ETOILE





 

 

 

 
Le soir du dimanche 29 juillet, deux frères détenus de la prison de Colmar ont terminé leur plan d'évasion. Tout est au point.
 
        C'est pour ce soir ! On va s'évader le jour où France 3 diffusera le film de Clint Eastwood « un monde parfait » ! Comme ça les gens vont doublement penser à nous !

        Oui, on utilise le même mode opératoire ! On descend avec des draps de lit noués !

        Cette prison n'est qu'une vieille carcasse ! On y fait des trous de gruyère à volonté ! On perce le plafond, on arrive sur les toits, on s'évade en descendant le long du mur car on est dans de beaux draps, bien solides !

        Hé oui ! Et puis on vole une bagnole et on file à Roubaix retrouver notre contact !
Les deux hommes s'évadent sans coup férir et avec une certaine hilarité de constater la quasi gratuité du geste (sans coûts fait rire). Et, comme ils ont souvent fait dans l'Est, de manière leste, ils volent un  véhicule qui avait le malheur de traîner à la portée de leurs mains habiles.

Le plus âgé prend le volant. L'autre, un peu fatigué, se donne un petit moment de roupillon. Le conducteur allume la radio qui grésille aussitôt.

        J'ai hâte d'entendre ce que dit la presse de notre escapade !

        Hum, hum, laisse-moi dormir, tu veux !

        Pas avant d’avoir écouté le flash d’information !

France Inter fait écouter sa différence (différence de quoi ?) et démarre son bulletin radiophonique par l’affaire  Benalla !

         Quoi ! Encore cette affaire ! Y’en a marre, lance l’aîné alors que le cadet baille à s’en décrocher la mâchoire ! On ne parle que de ce type qui a tabassé une femme et un homme lors des manifs du 1° mai en portant un brassard de policier alors qu’il ne l’était pas vu qu’il bossait pour Macron, en tant que chargé de mission.

        Bah, il avait peut-être eu comme mission d’accompagner les flics pour voir comment se gère une manif ! Une sorte de stage sur le terrain qui aime à traquer l’exemple.

        Qui est matraqué ! Ah, ah, ah ! Tu as beau être ko tu gardes ton esprit petit frère ! Il n’empêche,  cette histoire peut causer des tords à Macron ! 

        Des Maures attaqueront 

        Arrête de contrepéter ! Ca fait vent tard !

        Et toi ? Hein !! Tu parles, tu parles et pendant ce temps tu n’écoutes plus ! Mets-la en veilleuse ! Moi j’écoute : ça me réveille.

La radio continue les révélations : On reprocherait à Macron de ne pas avoir suffisamment sanctionné le pseudo-policier violent. Une mise à pied de 15 jours et une rétrogradation à des fonctions internes à l’Elysée !

-         Mais c’est incroyable, s’insurge le plus jeune désormais remonté comme une pendule, le type s’en sort blanc comme neige ! Ce n’est pas parce qu’il s’appelle Alexandre qu’on doit le considérer plus con qu’errant !

-         Tu veux dire quoi, là, frérot ?

-         On pardonne davantage la connerie que la déviance, voilà ce que je dis !
L’information continue à faire vibrer les petites baffles : La Commission d'enquête de l'Assemblée a auditionné le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb. Ce dernier s’est dédouané d’une quelconque bévue dans la gestion de cet épineux dossier  en se défaussant sur le préfet de police Michel Delpuech et...

        Michel Delpuech, mais, heu, il n’est plus chanteur ?

        Non, il est mort ! Mais là c’est Delpuech  pas Delpech ! Tu abuses avec les confusions ! On dirait que ça ne te gêne pas de marcher dans l’abus ! Mais chut ! J’écoute !

        France Inter continue, d’une voix monocorde : Mr Delpuech a contesté en rappelant « être sous l’autorité des autorités exécutives ». Il a précisé qu’après avoir appris l’existence de la vidéo du 2 mai (montrant la violence de Benalla), il a contacté Mr Collomb avant 11 h, contrairement à ce que dit Mr Collomb...

        Oh, la la, ils se tapent dans les pattes !  Le père Collomb, premier flic de France, perd des plumes ! Ah, donnez-nous mielleux Collomb ! Et voilà comment Macron se fait pigeonner, ça ne fait palombe d’un doute !

        Si tu peux arrêter avec tes jeux de mots ! J’écoute moi !

        France Inter, toujours et encore : Benalla n’a pas immédiatement subi la foudre de Jupiter ! Il a réintégré sa place dans le cœur macronien. On l’a vu, d’ailleurs, le 16 juillet, dans le bus qui menait les bleus victorieux sur les Champs Elysées. Et la transition est toute faite pour se refaire un patriotique cocorico ! Oui, l’équipe de Didier Deschamps a gagné la Coupe du Monde, en Russie ! On n’en revient toujours pas et…

        Oh, la barbe ! Ils nous reparlent encore de cette deuxième étoile sur le maillot des coqs en pattes ! On sait ! Ils ont battu la Croatie en finale ! Ils ont eu beaucoup de chance ! Heureusement qu’il y avait la VAR pour leur permettre d’obtenir un pénalty !

        L’avare ? 

        Non la VAR, l’assistance vidéo à l’arbitrage ! On filme tout ! On peut obtenir un pénalty qui, jadis aurait été occulté !

        Ah oui, mais bon, heu, il n’empêche : ils ont gagné ! Même si ça ne te plaît pas c’est comme ça ! On oublie qu’on est natif de l’Est ! On ne va pas mordre avec des crocs à scie !

        Arrête, t’es lourd ! Bon j’éteins cette radio ! Rien sur notre évasion !

        Cela veut dire que les matons ne se sont pas encore aperçus de notre évasion !

        Peut-être. Bon tu peux redormir. Adieu prison, les matons, assez !

        A Dieu : prisons ! L’aima-ton assez ?

        Qu’est-ce que tu baragouines ?

        Rien, des holorimes juste avant de pioncer !

       Des holorimes ! Je ne te demande pas ce que ça veut dire..tu…

        Zzzzzzzz

        La vache ! Il est déjà dans les bras de Morphée ! Et il ronfle !

Le véhicule traverse les paysages du Nord, croise les terrils et arrive à Roubaix. C’est une ville dont il aurait dû se méfier en raison des filatures.

Effectivement, leur cavale prendra fin le mardi 31 juillet car la DCPJ (Direction centrale de la police judiciaire), nonobstant la canicule et la saison des vacances consolida sa réputation de fin limier.

Les voilà de nouveau en prison, dégustant, autant que faire se peut, une maigre pitance déposée sur un quart à pâtée !