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vendredi 9 août 2019

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M-Y-O, émit Gréco
En ce Lausanne
Sans l'aigre écho
De vilains ânes.

MYO, sushis
Même lausannois
Elle apprécie
Oui, hosanna ! 

MYO, Japon
Mais suisse idée
Juliette a bon
Goût d'apprécier !

 

MAUX QUI TUENT ET MOCKY TU...




Mocky, pour moi petit enfant, c’était le compagnon de Poupy. Ils formaient un charmant petit couple d’indiens dans une bd-western humoristique que je retrouvais au cœur de mon magazine Fripounet !

Puis j’ai découvert Bourvil dans « un drôle de paroissien » et j’ai su que le film était de Mocky. Et comme indien ne vaut pas toujours mieux que deux « tu verras », j’ai eu l’occasion de voir d’autres films de ce trublion du 7ème art.

Oui, Jean-Pierre Mocky a toujours détonné dans le paysage du cinéma français. C’est d’abord une grande gueule qui sait appeler un chat, un chat et ne va pas par le dos de la cuillère pour se moquer du clergé ou de la société de consommation.

Lui-même ne fond pas dans la dépense. Il est particulièrement parcimonieux avec mots des rations. Il limite le travelling coûteux, rémunère peu ses acteurs et  tourne ses films rapidement (le glandeur aurait été tourné en 12 jours, ce qui semble paradoxal eu égard au titre !)

Mais de passer derrière la caméra, Jean-Pierre Mocky aura débuté au théâtre ! Il suit les cours de Louis Jouvet (car c’est un homme qui est berge). Le cinéma viendra plus tard. On le voit, en 1949, au théâtre Montparnasse dans Le roi pêcheur de Julien Gracq.

C’est en 1959 (mon année de naissance et je n’en suis pas peu fier) qu’il crée son premier long métrage « Les Dragueurs » dont lequel on retrouve Charles Aznavour et Anouk Aimée, rien que ça !

Il enchaînera sur 65 autres longs métrages avec la même rage de déranger le petit esprit bourgeois. Beaucoup lui prêteront un certain cynisme dont il saura se servir pour signer des œuvres à l’humour grinçant enrobé de loufoqueries.

Le pamphlétaire caméraman n’a pas son pareil pour critiquer la société. La Grande Lessive (1969) stigmatise, déjà, les travers de la télévision (il faut dire que Drucker y sévissait déjà), « Un linceul n’a pas de poche »  en 1974, fustige le milieu du journalisme et « A mort l’arbitre », en 1983, tire à boulets rouges sur le monde du football !

Les années 2000 s’avèrent pénibles pour cet empêcheur de tourner en rond ! Les difficultés à financer les films s’accumulent !

En dépit des tempêtes, il tient bon la barre et n’hésite pas à dénoncer le lobbying des box offices français.

En 2010, il reçoit le prix Henri-Langlois pour l’ensemble de sa carrière et, en 2013, le prix Alphonse Allais même si sa fortune a l’fonds salé par les vagues d’emprunt.

Il nous quitte à l’âge de 86 ans en nous laissant une œuvre éclectique où reposent, à tout jamais, la malice d’un Bourvil, la pétulance d’une Jacqueline Maillan ou encore le cabotinage d’un Michel Serrault !

Salut l’artiste !






SYNOPSIS QUE LE MAITRE N'AURA PAS L'OCCASION DE DECOUVRIR


Un drôle de paroissien sortit de l’hôtel l’Ibis rouge, situé 13 french street (mais, pourquoi cet anglicisme ?), en se disant que le lieu était le piège à cons pour les touristes, oh yes !

Les araignées de la nuit ne lui avaient pas laissé l’ombre d’une chance et il avait passé des heures à jouer les insomniaques pour faire la grande lessive !

On aurait pu l’appeler Monsieur Cauchemar tant ces heures vénéneuses l’avaient éreinté jusqu’à lui flanquer la grande frousse !

Il s’était plaint auprès de l’hôtelier en lui reprochant ce sommeil noir comme le souvenir mais l’homme avait feint de comprendre.

-      Vous avez dû avoir des cauchemars ! Ici, tout est calme ! Tous mes clients vous le diront : on goûte ici les saisons du plaisir ! Croyez-moi, cela vaut bien mieux qu’une nuit à l’Assemblée nationale ! Je sais de quoi je parle : j’ai été député, le mentor des radicaux chrétiens, la victime de calomnies de la part de mes détracteurs. On disait : tiens, voilà le glandeur ! Ou pire : le roi des bricoleurs ! Sans vouloir jouer les vierges effarouchées, je peux vous dire qu’il y avait du grabuge dans l’hémicycle ! C’était vraiment la machine à découdre ! On n’y trouvait guère la bête de miséricorde qui eût pu rendre les ballets écarlates ! Je me souviens ! Quand j’ai dû m’expliquer sur le dossier Toroto, vous vous souvenez de l’affaire ? Non ? Et bien on m’a traité d’agent trouble ! Je me suis demandé si j’étais bien dans mon pays, presque à m’exclamer : y a-t-il un Français dans la salle ? Ah, mes adversaires ne me faisaient pas de cadeaux. J’en étais à regretter les compagnons de la pomponette, l’amicale de mes débuts où je criais : votez pour moi !

-    -  Je n’ai que faire de votre vidange verbale, monsieur, lui avait répondu le client sans jouer les snobs ! Je ne viendrai plus chez vous ! J’ai eu le tort de suivre les conseils de la candide Madame Duff, oui, vous la connaissez, elle est déjà venue chez vous avec le Mari de Léon, votre associé, avec qui, jadis, vous formiez un couple !

-  -    Et alors ? Mes affaires de cœur ne vous regardent pas ! J’ai le droit de jouer les dragueurs avec qui bon me semble ! Alliance cherche doigt où bon lui plaît ! Je joue l’étalon comme il me sied, en solo si je le désire et vous dis bien le bonsoir !


Ils s’étaient quittés fâchés. Il était désormais le témoin que dans cette ville à vendre au diable il ne serait pas le miraculé à même d’accorder crédit pour tous !

Il longea des jardins et goûta le mystère des jonquilles. Rouges étaient les lilas quand il retrouva le jardin public si bien agencé par les compagnons de la marguerite. Il y retrouva le cabanon rose où, jadis, il avait connu Sylvia, la fille du robin des mers, un humaniste dont le deal se résumait à redonner la bourse et la vie à des miséreux. Il les faisait voyager sur son voilier l’Albatros et jouait le bénévole de service en distribuant son épargne. Le pactole changeait de mains, fuyait tel le furet dans le bois pour éviter le renard jaune !

Oui, il avait rencontré Sylvia !

-     -  Tu es si jolie ce soir, lui avait-il murmuré
-    -  Chut, avait-elle répondu…

La première nuit, alors qu’il voulait, la divine enfant lui avait susurré :

-      -  Dors mon lapin

Il l’avait mal pris, et, comme il gèle en enfer, s’en était allé, seul, dans la nuit, comme perdu dans Litan, la cité des spectres verts, en référence à ce film qui appartient à la Mocky Story. En revenant, il avait croisé des supporters ivres, de retour d’un match décevant et qui vociféraient : à mort l’arbitre !

Puis, le cœur vide, ils avaient rencontré les filles de joie.

-      - Tu viens chéri ?
-    -  Je n’ai rien à donner ! Mes poches sont vides ! Et d’ailleurs un linceul n’a pas de poches ! Alors, à votre bon cœur, mesdames !

Il s’était enfoncé dans la nuit…

Une même nuit de cauchemars, comme si la roue ne cessait de tourner.

Comme un moteur de caméra...