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mardi 7 juin 2011

DANS LA RUE DE MON ENFANCE

                      La rue de LILLE (LAMBERSART) - Début des années 60.

Dans la rue de mon enfance
Emaillée de mille pavés
Nous baladions nos insouciances
Le long des façades fanées.
La lézarde des murettes
Se moquait de ces lendemains
Ouverts à l’immanente fête
Du béton, prince de l’urbain.

Nous prenions le chemin d’école
En contournant quelques ornières
La campagne était à deux pas de nos frontières
Dans ce quartier d’enfance folle…

Dans la rue de mon enfance
Les murs de la teinturerie
Projetaient la molle insouciance
D’une ombre au soleil alangui.
La vétuste cheminée
Avait vu grandir la maison
Où j’allais passer mes années
Si tendres de petit garçon.

Au coin du la rue Desmazières
Les senteurs de l’Orangerie
Nous clouaient à l’arrêt en cette épicerie
Aux friandises familières.

Dans la rue de mon enfance
Vivotaient deux petits cafés
Il m’en revient la jouissance
D’une limonade glacée.
Le long des vieux caniveaux
Des voiturettes un peu bombées
Faisaient reposer leurs chevaux
Sous les capots trop carminés.

Et c’était là ma rue de Lille
Si fière dans son théâtre ancien
Les vieux volets dissimulaient comme un chagrin
Quelques croisées de bois sénile.

Dans la rue de mon enfance
Deux chevaux bravement tiraient
Les fûts de bière en abondance
En claquant sabots sur pavés.
Derniers soubresauts de l’ère
Chevaleresque au fond des cœurs
Avant les nouvelles chimères
Portées par les monstres moteurs.

Au coin du la rue Desmazières
En vis-à-vis des sucreries
Nous aimions retrouver la vieille librairie
Ses aventures nourricières.

Dans la rue de mon enfance
Des titans jaunes ont terrassé
Les grands murets mus d’impuissance
Et s’est brisée la cheminée.
Du haut de mon âge tendre
J’assistai à l’enterrement
D’un passé que ne sut attendre
Le modernisme triomphant

Et longtemps dans la rue de Lille
Un terrain vague m’invita
A y frapper ballon de mes pieds maladroits
Footeuses joies indélébiles…

Dans la rue de mon enfance
S’érigent des appartements
Et le bitume sans clémence
A chassé les pavés d’antan.
Mais demeureront vivaces
Les souvenirs que j’ai gardés
Et ce cliché qu’un jour fugace
Mon père a immortalisé.

Car c’était là ma rue de Lille
Si humble dans sa vétusté
Aux traits radieux quand les rayons l’éblouissaient
De luminosité fébrile.

Dans la rue de mon enfance
Emaillée de mille pavés
Nous baladions nos insouciances
Le long des façades fanées.

Nous baladions nos impatiences
Sous le grand soleil de l’été…

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