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vendredi 14 mars 2008

INTERVIEW CLOCLOTIQUE

CLOCLO quels sont tes tous premiers souvenirs d’enfance ?

Quand j'étais un petit garçon, plein de vie et de joie
Un jour que j'étais très gentil, mon père me rapporta
Un jouet extraordinaire, avec de gros yeux verts
Je l'ai pris dans mes bras mais quand je l'ai posé par terre
Il faisait"Zip"quand il roulait, "Bap"quand il tournait, "Brrr"quand il marchait
Je ne sais pas ce que c'était
Et je crois que je ne le saurai jamais

Ah bon ! Mais à part ça, d’autres souvenirs ?


Un jour mon père me dit fiston
J' te vois sortir le soir
A ton âge il y a des choses
Qu'un garçon doit savoir
Les filles tu sais méfie-toi
C'est pas c' que tu crois !

Ah, et vous croyiez que les filles c’était quoi ? Que l’amour c’était quoi ?

L'amour c'est comme un refrain
Ça vous glisse entre les mains
Ça se chante et ça se danse
Et ça revient, ça se retient
Comme une chanson populaire

Et donc vous aviez vécu votre premier amour comme une chanson ?

Bof... Il a dit oui avec la tête
Il a dit non avec le cœur
Il a souri avec la tête
Il a pleuré avec le cœur

Je vois, pas très convaincant, mais alors vous faisiez quoi, par exemple en 1962, au pif ?

Cette année-là
Je chantais pour la première fois
Le public ne me connaissait pas
Quelle année cette année-là
Cette année-là
Le rock'n'roll venait d'ouvrir ses ailes
Et dans mon coin je chantais belle, belle, belle
Et le public aimait ça

On dit qu’à cette époque vous chantiez surtout le jour ; est-ce exact ?

Oui ! J'me réveille dans mon lit
Mais mains tremblent
Je n'y peux rien j'ai peur de la nuit
Mais quand le matin
Je vois le soleil le matin
Aussitôt j'oublie
Les angoisses de la nuit

Puis tout a changé. Vous êtes devenu un papillon de nuit ?


Je dors tantôt là, tantôt ici
Jamais deux soirs dans le même lit
Je ne dors chez moi que tous les trois mois
Et puis d'ailleurs, je ne dors presque pas
Mais je sens ma fatigue s'évanouir
Dès que je vois un gentil sourire
Ou un petit salut de la main
Tout va mieux et dès le lendemain

Vous avez eu du succès très vite mais vous aviez la nostalgie de votre Egypte natale ?


Les sirènes du port d'Alexandrie
Chantent encore la même mélodie wowo
La lumière du phare d'Alexandrie
Fait naufrager les papillons de ma jeunesse.

Heureusement la France vous a bien accueilli, on vous a très vite aimé !

On arrive sur la terre
Mais pendant la vie entière
Il n'y a que l'amour qui rende heureux
On peut avoir des greniers
Bien remplis d'orge et de blé
Il n'y a que l'amour qui rende heureux

Pourtant vous avez-eu un premier chagrin d’amour qui vous a déprimé. Qu’avez-vous ressenti alors ?

Pauvre petite fille riche
Et longtemps, longtemps on souffrira
Car longtemps, oui, longtemps on s'aimera
Il aurait mieux valu
Ne jamais se rencontrer

Mais vous avez survécu ; d’où vient cette énergie ?

Je n'y comprends rien
J'ai de mauvaises nouvelles
Et pourtant je me sens bien
Mais à part ça la vie est belle
Presque à cent pour cent
Je me sens pousser des ailes
Et je m'envole en chantant

Cette première fille de votre vie a, peut-être par remords, cherché à vous revoir. Que lui aviez-vous dit ?

Même si tu revenais
Je crois bien que rien n'y ferait
Notre amour est mort à jamais
Je souffrirais trop si tu revenais

Bon parlons d’autres choses. Vous êtes connu pour démarrer la semaine de mauvaise humeur. Pourquoi ?

Le lundi au soleil
C'est une chose qu'on n'aura jamais
Chaque fois c'est pareil
C'est quand on est derrière les carreaux
Quand on travaille que le ciel est beau
Qu'il doit faire beau sur les routes. Le lundi au soleil

Mais par la suite ça va mieux, rassurez-nous ?


Je sors de ma loge et je cours vers ma voiture
En passant j'embrasse une fille et je fais quelques signatures
Pardon si je suis pressé, c'est que je viens de passer
Six jours sur la route, et moi je rentre à la maison ce soir

Elle est bien votre maison. Comment est-elle ?
Une grande maison au bout d'une allée
Une grande maison toute abandonnée
Et puis sur la porte une petite pancarte
Où on a écrit"à louer"

Ah bon ? Vous voulez changer de maison ? Oh je vous sens pressé, vous devez partir ?


Je m'envole au paradis Je vais à Rio de Janeiro

Ben dites donc, je ne savais pas. On vous apprécie au Brésil ?

Je suis le mal aimé
Les gens me connaissent
Tel que je veux me montrer
Mais ont-ils cherché à savoir
D'où me viennent mes joies ?
Et pourquoi ce désespoir
Caché au fond de moi

Ça alors, mais pourquoi y allez-vous ; vous êtes maso ?


Chacun son destin et ses chagrins
Chaque jour à la même heure
Des gens se marient et d'autres meurent
Des enfants sourient et d'autres pleurent
C'est ainsi depuis toujours
On ne peut changer le monde
Mais je me dis à chaque seconde
Que ma joie sera toujours profonde

Je ne vous suis pas très bien. Vous débloquez, vous avez un chagrin d’amour ?

Il faut que je vous chante pour oublier
Une étoile filante qui m'a quitté
Vous pouvez m'aidez à la trouver
Elle a les yeux bleus Belinda

Ah ! C’est ça que vous n’êtes pas dans votre assiette. Hé bien vous pouvez-chanter ! Louis, ramène un micro pour Mr Cloclo ! Donc vous allez nous chanter en direct, avant de partir pour Rio ? Mais que sortez-vous de votre sac ? Une peluche !!
Un tigre ? C’est votre mascotte ?

Je tiens un tigre par la queue et ça se voit
J'ai peur, je suis tout pâle et je perds du poids

Oui, ça on voit ! Bon voilà le micro ! Allez, chantez Mr Cloclo, faites votre psychothérapie !

Je t'embrasse, viens tout va s'arranger
Quand on s'aime le soleil est là tout à coté
Je t'embrasse, Dieu que tu es jolie
Je vais faire tout mon possible pour changer ta vie
J'ai laissé le temps passer et jouer contre nous
Attention pour s'en défendre il faut s'aimer beaucoup
Allez vite, essuies tes larmes devant la glac
Et tout va s'arranger, allez viens je t'embrasse

C’est un bien joli message, Melinda si tu nous écoutes ! Tu sais que Cloclo t’aime toujours ! Mais peut-être qu’on pourrait l’appeler directement pour avoir de ses nouvelles, qu’en pensez-vous ?

Le téléphone pleure quand elle ne vient pas
Quand je lui crie:"Je t'aime"
Les mots se meurent dans l'écouteur

Ah oui je comprends, c’est très gênant ! Je suis sûr qu’en plus vous ne pensez qu’à elle ?



J'y pense et puis j'oublie
J'y pense surtout quand je suis seul la nuit…

Cette situation doit quand même vous énerver, non ? Sanguin comme vous l’êtes !

Si j'avais un marteau
Je cognerais le jour
Je cognerais la nuit
J'y mettrais tout mon cœur

Vous n’y allez pas de main morte. Faut vous calmer ! Et là qu’est ce que vous faites ?

Je m'envole au paradis
Je vais à Rio de Janeiro

Ah oui, j'oubliais !
(Interview de Michel Drucker - 1971 - retrouvée dans les archives de l'INA)

LE ROUGE DESIR ET L'ABBE NOIR

Depuis ma plus tendre enfance on m’a écarté du diable rouge. Plongé dans un univers teinté de bonnes intentions chrétiennes, repeintes aux couleurs de Vatican II, je n’ai guère eu loisir de m’intéresser aux communistes. Il m’était interdit de lire Pif, ce merveilleux petit journal où prospéraient Placid et Muzo, si j’ai bonne mémoire. Prétexte : c’était un journal édité par les communistes ! Il me fallait donc le lire, épisodiquement, en cachette, chez un ami. A bien y réfléchir, je préférais dévorer le Club des Cinq de la bibliothèque rose. Ah, les braves amis
(4 enfants et un chien du nom improbable de Dagobert !) ; voilà des jeunes gens, bien éduqués, et qui savaient éradiquer les méchants voleurs entre deux repas copieusement garnis que leur concoctait une cuisinière huppée, triée sur le volet vernis d’un grand manoir britannique.
Mon père lisait « Témoignage Chrétien ». A bien y réfléchir, quand j’y repense, c’était quand même un journal chrétien...mais de gauche. On y dénonçait la torture en Algérie, on stigmatisait les dangers du capitalisme…mais sans pour autant vanter l’attrait du marxisme !
J’ai grandi en continuant à me méfier des marxistes. Un coup de Marx…et ça repart pas !!
Un soir, je regardais un match de football : France-Belgique !! A ma grande surprise le commentateur cita plusieurs fois l’appellation « diables rouges » pour évoquer l’équipe des mangeurs de frites. Allons bon, si des joueurs portant un maillot rouge se font traiter de diables on ne comprend pas comment on pourrait les supporter (dans le sens « encourager »).
Or visiblement les supporters belges encourageaient leurs diables, qui se démenaient fort bien.
Il m’a fallu me rendre à l’évidence : le diable rouge pouvait être aimé, voire adulé (comme la nourrice) !
J’ai commencé à changer mon regard sur l’homo communistus en éclatant de rire à toutes les tirades de Georges Marchais ! Quel rigolo celui-là ! Il déridait le communisme à lui tout seul !
Même sa marionnette du bébête show n’avait pas son équivalence en truculence humoristique.
Malgré tout, il y avait encore un frein à déposer un bulletin rouge dans l’urne.
Jusqu’au jour où je vis apparaître le nom de mon voisin en dixième position sur la liste communiste présentée dans le cadre des municipales. Mon sang n’a fait qu’un tour !!
- Comment, ai-je dit à mon père, comment cet homme peut-il se mettre avec les rouges alors qu’il s’est toujours proclamé socialiste !!
- Hélas, répondit mon père ! Les gens changent d’avis comme de chemise. C’est comme mon collègue de travail. Il m’a dit qu’il voterait pour Mitterrand alors qu’il a toujours été de droite ! Il est devenu si rose qu’il en a eu une crise de foi !! Il ne croit plus en
Giscard (c’était en 1980) !
Le temps a passé et puis l’incroyable s’est produit ! Au premier tour des municipales de 2008 j’ai voté communiste. Oh, bien sûr je pourrais me dédouaner en disant que j’ai porté mon dévolu sur une liste qui amalgamait LCR (Trotskystes), Ecolos, Communistes et Alter mondialistes (les potes à Bové) : donc ce n’était pas du 100 % communiste pur jus !
Il n’empêche !
Je l’ai tellement mal vécu que j’ai couru vers l’église pour m’y faire confesser !
L’église était fermée. Sur la porte un petit panonceau indiquait : « grève des prélats qui ont besoin de se prélasser ! Mort aux cadences infernales ! »
Ca sentait la rébellion, la lutte des classes !! Incroyable…
Je me suis rendu au presbytère dans l’espoir de voir mon curé.
Il était là, mais ne me reconnut pas tout de suite (il est presbyte et sans lunettes le presbyte erre !)
- C’est moi, Fabiano !
- Ah ! Fabiano ! Quel bon vent t’emmène ?
- Ah mon père ! J’irai droit au but : inutile de nier..
- Du culte !!
- Pardon ?
- De nier du culte, denier du culte. Tu vois Fabiano c’est contagieux les calembours !
- Oui bon, heu.. Blague à part, heu, bon… Je voudrais me confesser !
- Te confesser mais pourquoi donc ?
- J’ai voté communiste !
- Donc tu as fauté !
- Pas drôle mon père ! Je voudrais votre pardon !
- Mais ce n’est pas une faute !! Moi aussi j’ai voté communiste !
- Comment !! Vous ? Un homme si saint !
- Un saint c’est souvent une statue ; le saint n’est que terre, ah ah elle est bonne !!
- Oui bon, trêve de billevesées, vous dites que ce n’est pas un péché car vous aussi…
- Oui j’ai voté rouge. Plutôt par sentimentalisme voire par esprit de famille
- Comment cela ?
- Regarde la liste que nous avons choisie : vois, là, en 16ème position !
- Je ne connais pas, c’est qui ?
- C’est mon fils !