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mercredi 22 avril 2015

LA MER EST LEUR TOMBEAU


La mer Méditerranée est leur cimetière. Des centaines de migrants sont morts dans la nuit de samedi 18 à dimanche 19 avril après le naufrage de leur embarcation au large de Misrata en Libye. La Libye, pays de chaos depuis la chute de Kadhafi et face à l’incurie d’une révolution de jasmin frelaté, devient le point de départ des désespérés de la vie.
Ils embarquent sur des rafiots vétustes, entassés aux bons soins de passeurs mafieux qui les spolient. Beaucoup ne savent pas nager ! Ils périssent en mer avant que d’avoir atteint l’Europe, cette terre promise dont on leur a vanté l’hospitalité en leur cachant bien qu’elle ne pouvait pas accueillir toute la misère du monde.
Le nouveau drame survenu dimanche porte à plus de 1500 le nombre de morts en Méditerranée en 2015. La Méditerranée est devenue « la route la plus mortelle du monde » avec le décès d’au moins 3 400 migrants en mer en 2014, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
En Sicile on attend les survivants mais aussi le corps des défunts. Ils devraient débarquer sur le port de Catane.Le gouverneur de la Région, Rosario Crocetta, demande que l’Europe passe « de l’inertie aux faits ».
« Après cette énième tragédie, il faut une réunion urgente des chefs d’État de l’UE en Sicile, pour une nouvelle convention sur l’immigration et sur le droit des réfugiés.»
À Rome le président de la Commission affaires Étrangères du Sénat Pier Ferdinando Casini estime qu’il faut avant tout « soutenir le travail chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye, Bernardino Leone, pour tenter de stabiliser le pays et si cela n’était pas possible, obtenir l’autorisation d’un blocus naval via une délibération de l’Onu afin de stopper le trafic d’êtres humains en Libye.»
Toute l’Europe, à travers l’Italie, se sent concerné par ce drame humain. La stabilisation du pays libyen n’est qu’une partie des solutions. La reprise du programme italien Mare Nostrum en serait une autre. Ce programme, certes coûteux, permettait à la marine italienne d’intervenir jusqu’aux côtes libyennes. En un an elle avait permis de secourir plus de 150.000 personnes et d’arrêter 351 passeurs ! Mais le coût mensuel de 9 millions €, par ces temps d’austérité, n’avait pas permis de pérenniser cette initiative louable.
L’opération Triton, qui l’a remplacée, est moins coûteuse mais aussi plus limitée ! On est passé à 3 millions € par mois ! Avec un tel budget on ne peut que se limiter aux eaux territoriales européennes pour…constater les dégâts !
Oui, l’Europe est face au défi des flux migratoires maritimes. Elle est devant ses responsabilités pour accueillir des peuples abandonnés par le chaos hérité d’une intervention européenne (chute de Kadhafi en Libye) ou d’une non intervention (Bachar conserve les mains libres en Syrie et se voit même reconnu comme un rempart pour éviter l’hégémonie de Daech).

L’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde, certes ! Mais elle peut absorber une partie de la main d’œuvre tant il faudra, dans un avenir proche, pallier le vieillissement des populations et l’insuffisance de natalité (c’est vrai en Allemagne). Pour l’autre partie il s’agira de lui proposer un avenir meilleur dans son pays d’origine. Une telle orientation suppose un effort sans relâche dans l’aide au développement et dans la lutte contre les mouvances islamistes obscurantistes.

La mer est leur tombeau
Au loin de Misrata
Mille vagues et rouleaux
Ont mis fin au combat

Le trop vieux chalutier
A chaviré de bord
Des corps précipités
Ont coulé dans la mort

Les gestes du nageur
Ils ne maîtrisaient pas
Les flots ont pris des cœurs
Aux salins du trépas

D’autres coincés en cale
Auront cessé d’humer
Les fragrances fécales
De leurs corps entassés.

La mer est leur tombeau
Au seuil du Paradis
Cette Europe aux tons beaux
En leurs yeux embellis

Nus de tout, mus de peur
Mais priant l’espérance
Ils ont cru les passeurs
Qui flouaient leur confiance.

Ils se sont embarqués
Pour Cythère incertain
Mais sans rien espérer
De leur pays sanguin

Las des guerres, du chaos
Ils auront fui l’enfer
Sur le premier rafiot
Aux reflets salutaires.

La mer est leur tombeau
Au soleil dévasté
D’une Europe en lambeaux
Rognés d’austérité.

Décès sans épitaphe
Cimetière marin
La camarde paraphe
Des contrats clandestins

Tragédie maritime
Qui peint notre impuissance
Sur les sombres victimes
Et leurs années d’errance

L’avenir incertain
Tout au long de nos côtes
La douleur des embruns
Et le poids de nos fautes…