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samedi 26 septembre 2015

AUTOMNE SYRIEN



L'horizon de lignes courbes
Doux chapelet de collines
S'éternise en longues tourbes
Frisées de forêts câlines

L'air s'emplit de ces fragrances
Aux accents de champignons
Un passereau du silence
Trouble l’onde de chansons

Le craquement des feuillages
Sous la lumière endormie
Une rouille de ramages
Dans les sous-bois alanguis   

La main resserrant sa main
Blotti sous le chaud des laines
Sans penser aux lendemains
Mais l’âme engourdie de peine

Alep si loin, son enfance
La promesse des beaux jours
L’université des chances
Puis le chaos des tambours

Ici le temps fait des brumes
Les prémices d’embellie
Là-bas des nuits s’accoutument
Aux brisures des tueries

Alep si loin, ses croyances
Dans les voies d’humanité
Puis l’enfer de la souffrance
Et l’espoir abandonné

Son père tombé sous les bombes
Son vieil oncle déclinant
Sous les tentures de tombe
Près d’un cèdre du Liban

Il mesure l’intime chance
Le bonheur d’avoir marché
Dans cet univers d’errance
Le long de ces voies ferrées

Il est là, au cœur de France
Sous les paupières ensablées
D’un désert de violence
Ses yeux noirs brillent, étonnés

L’horizon de lignes courbes
Apprivoise son regard
Mais en sa mémoire fourbe
Le sang jaillit sous le fard

Alep si loin des charmilles
Mousses affleurées au ruisseau
Ondulations qui frétillent
De ses poissons alluviaux

La main posée sur sa main
L’amour ouvert aux promesses
Mais tant de cris inhumains
Dans les plis de sa détresse

La campagne emmitouflée
Dans sa langueur automnale
Là-bas  l’enfer des brasiers
Les cruautés infernales

Alors d’un contemplatif
Regard sur le monde atone
Apprêté de tons plaintifs
Il s’engage dans l’automne…

Je vous recommande cette vidéo d'une qualité exceptionnelle de Paris en 1920
Posted by Jean Claude Vasseur on vendredi 18 septembre 2015