CHERCHEZ DANS CE BLOG

lundi 15 septembre 2008

DIVORCES MAIS PAS FACHES




L’Etat mine son caractère républicain. Pisse-t-il soudain sur ses vieilles plates-bandes laïques en signe de dédain, comme pour dénigrer les fleurs d’anticléricalisme qui poussent ça et là sur les pelouses de campus.

L’Etat gère un nouveau placard d’idées reçues de Mme Religion. La dame de foi se rappelle au bon souvenir de cet homme rigide, affairé à l’administration de ses règles procédurières à forte connotation démocratique.

Mme Religion n’en revient pas ! Cela faisait longtemps que Mr Etat l’avait répudiée sans tambour ni trompettes. Cela faisait exactement depuis 1905. Depuis le vote de cette loi scélérate qui avait prononcé le divorce entre elle et l’imprévisible seigneur !
Depuis 1905 ils ne s’étaient plus guère parlé ; si ce n’est pour évoquer la garde des enfants !
Mr Etat gardait, de temps en temps, des petits enfants bien sages, à la gueule d’édifices religieux. Il leur avait affecté un tuteur attentif répondant au nom de « Ministre de l’Intérieur et des Cultes ».

Mme Religion, reprenait la surveillance des petits pour s’assurer qu’ils grandissaient en sagesse et selon la doctrine chrétienne.

Mais, mis à part les enfants, rien ne semblait les rapprocher et ce n’est pape dire !
Le couple avait trop longtemps vécu de connivences, d’habitudes et s’était laissé piéger par la routine des gestes quotidiens. Le divorce était inexorable !

Monsieur l’Etat ne voulait pas payer la pension alimentaire à Mme Religion ! Pourtant celle-ci avait besoin de manger : agneau pascal, poisson le vendredi, pain sans le vin etc.…
Monsieur l’Etat garda tout pour lui ! Et Mme Religion eut du mal à se sustenter. Ce fut un long carême parsemé de curées, durant lequel ses enfants cueillaient la baie fragile tirée d’un buisson ardent !

Elle réussit quand même à trouver quelque argent : un peu de niais du culte, croyant à sa bonne parole, eurent pitié d’elle et offrirent des vivres et de l’oseille.
Elle reprit du poil de la bête et atteignit une autonomie tout en conservant une acrimonie à l’égard de Mr Etat : la rancœur ça sert d’os à ronger !

L’eau bénite a coulé sous les bons doigts des prélats. Un nouveau Président nous a été donné ! Alléluia !
Comme Jeanne d’Arc il entend des voix. Dieu l’appelle :

- Nicolas, il faut que sur cette terre sainte de France tu réconcilies Mme Religion et Mr Etat !

- Comment le ferais-je, Dieu ? Je suis moi-même un tout nouveau divorcé !

- Crois-tu que je l’ignore, mon fils ! En vérité, je te le dis : tu trouveras une nouvelle femme, comme si de rien n’était ; et cette expérience de nouveau mariage t’inspirera pour unir, de nouveau, les deux amants séparés depuis 1905 !

Et voilà. Obéissant à la volonté de Dieu, Nicolas réussit à se remarier et à publier les bans concernant les deux tourtereaux nationaux. Sur le document officiel on peut lire « mariage de raison et d’Etat, intuitu personnae, in éternum, selon le principe de la laïcité positive.

A la lecture des bans, nombre d’élus (locaux comme nationaux) s’émeuvent :

- Ils nous a déjà fait le coup de la discrimination positive et le voilà qu’il invoque la laïcité positive ! lance un député UMP qui n’est pas en odeur de sainteté avec Nicolas.

- Ah croire qu’il positive un maximum, renchérit un sénateur centriste sans triste intention de railler, c’est peut-être un adapte d’Auguste Comte !

- Je crois plutôt qu’il fait tout pour se faire remarquer, rétorque un député vert pistache qui pastiche le programme besancenautique, tout pour qu’on parle de lui ! Je t’en foutrais de la laïcité positive ! Ca veut dire quoi au juste ?

- Je pense qu’il veut se rapprocher du Pape et des valeurs chrétiennes, fait remarquer une députée UMP, car un pays sur des bases religieuses, bien ancré, tient !