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dimanche 3 janvier 2016

FUGUE AVORTEE


Par la porte D Rhô B
Sortit vite à pas feutrés
Prit la poudre d’escampette
Sans trop salir la carpette.

Il a filé à l’anglaise
Ayant fini d’étrangler
Cette fille dont les fadaises
L’avaient trop importuné

Il a pris la clé des chants
De l’assassin aux abois
Le cœur amoché, méchant
S’orienta et osa bois.

Se trompa d’embranchements
De toute sève héritée
Se perdit le jour tombant
Sentit, marri, la forêt

Se lova au creux d’un chêne
Qui sentait l’humilité
Trouva, le matin, des chaînes
Et madame Marais, chaussée.

Par la porte 620
Est rentré dans sa cellule
Son avenir s’y sent vain
Tout autant que les pilules.

L'EPIPHANIE




Chaque année viennent les rois mages
Adorer l'enfant nouveau-né
L'athée qui, las, s'en fait ombrage
N'en joue pas moins le fin gourmet

Il se repaît de la galette
En redorant la Monarchie
Tirer les rois reste une fête
En de joyeuses compagnies

Le fabophile se fait vorace
De fèves aux racées esthétiques
Tout en savourant la fugace
Frangipane hyper calorique

Ils ont beau dos, Gaspar, Melchior
Balthazar guidés par l’étoile
Sous le païen confiteor
Des gourmandises qu’on dévoile

Le beau jour de l'épiphanie
Quand le sapin perd ses épines
Sous les guirlandes avachies
Au fil des soirées qu’on festine

Tirer les rois avant l’arène
Le cirque blanc du froid hiémal
Jours de rentrée, bruits pathogènes
Douleurs des levées matinales.

LE CHANTEUR S'EN EST ALLÉ...



Michel Delpech vient de nous quitter, ce samedi 2 janvier, à l’âge de 69 ans.
Michel c’est mon enfance et les années 60. Un petit tout chez Laurette suggérée d’une voix de velours sur les ondes d’Europe 1. Un enchantement qui fleurit mon jardin imaginaire sur le chemin de l’école.
Puis vient la fin des années 60, au plein cœur des 30 glorieuses. Sort du cœur de la jeunesse tumultueuse un Mai 68 et son cortège de grèves. En septembre de cette année-là le premier festival de l’île de Wight en appellera deux autres (1969 et 1970). C’est l’air du temps que chante alors Michel (Wight is Wight – 1969). Un hymne à la jeune génération qui veut bouleverser les usages comme une fleur avant la saison, comme une pluie de papillons à laquelle on n’a jamais cru.
Michel c’est le début de l’adolescence. Un petit 45 tours qui tourne sans cesse à en craquer de souffrance. J’ai 12 ans et j’apprends le mot flirt, une invitation anglo-saxonne que je saurai alors comprendre et appliquer.
Michel c’est un peintre des grandes problématiques de l’humanité et qui redonne à la variété ses lettres de noblesses. Il dépeint les divorcés (1973) après la séparation avec la mère de ses deux enfants. Une rupture qui ne le laissera pas indemne. La longue dépression le guette et il cherchera à l’éradiquer au fil de longues promenades, avec son épagneul, le temps d’observer le passage des oies sauvages.
Bien avant d’être mises en vedette par Jean Jacques Annaud les splendides créatures partent vers le midi, la Méditerranée. Et Michel a tant envie de les accompagner au bout de leur voyage. Quitter un moment cette Marianne dont il chantera pourtant l’existence (1973) de sa naissance au jardin des fleurs de lys jusqu’à son cinquième enfant que tente encore d’élever un certain François Hollande.
Mais fatigué et rattrapé par la maladie il va s’éteindre « doucement » sans réaliser ses rêves : fêter les adieux de Sylvie Vartan (Quand j’étais chanteur – 1975). Pour lui, il y a longtemps que c’est fini et il n’a plus le goût de repartir dans le Loir-et-Cher, marcher dans la boue et dîner avec ceux qui l’aiment.
Adieu l’artiste au cœur tendre, à la recherche spirituelle insatiable, à la voix de velours si chaleureuse.
Si Rimbaud vivait encore, il chanterait ton nom, toi qui as semé tant de petits cailloux blancs sur nos chemins incertains à t’y perdre avec nous…

Nous ne t’oublierons pas…