CHERCHEZ DANS CE BLOG

mercredi 4 juin 2008

TIAN AN MEN...JE N'OUBLIE PAS !

Dix neuf ans ont passé mais la place murmure
D'une plainte feutrée sous le voile olympique
Et le sang a séché en rendant amnésique
Le passant surveillé comme entre quatre murs.

Oh combien étiez-vous à tomber sous les balles ?
Quatre cents ou six cents, le saura-t-on jamais ?
Dans le marbre officiel il ne s'est rien gravé
En fantômes éthérés vous errez dans l'opale.

Les poteaux sont fleuris de caméras vaillantes
Aussi martialement épanouies que les pas
Des soldats arpentant l'ancien lieu des combats
Le regard assombri et doigt sur la détente.

Oh combien étiez-vous à tomber sous les balles ?
Etudiants éclairés de feu crépusculaire
Vos mains nus face au char et votre âme lunaire
Si belle et si fragile sous le rouge vandale.

Si la mort épargna vos entrailles rebelles
Ce n'est que pour longtemps mieux les ensevelir
Des ténèbreux cachots vous devîntes martyrs
Les camps rouges domptèrent vos idées infidèles.

Dix neuf ans ont passé et la place fourmille
De passants assoupis sous l'espace d'auspices
De médailles latentes et de records propices
A conjurer la peur d'une terre qui oscille.

L'effigie de Mao trône en ce sanctuaire
Qui n'avoue pas son nom, qui ne crie pas son deuil
Oh combien étiez-vous à tirer vos cercueils
Jeunes loups ennivrés par le feu libertaire ?

Et le sang a séché en rentrant dans l'histoire
D'un trop grand continent par la croissance mu
Le cri des prisonniers dans l'oubli retenu
Baillonné par l'éclat des lauriers de gloire.