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mardi 8 juin 2010

CETTE AUDIENCE QUE HANTE RAIDEUR


Depuis longtemps qu’il redoutait ce moment il a fini par arriver. Le petit Kerviel s’est rendu, ce matin, au tribunal correctionnel de Paris accompagné de son fidèle avocat, Maître Metzner.
Jérôme Kerviel tout le monde connaît : un brave petit Breton exerçant la noble profession de trader pour la tout aussi noble banque « Société Générale » en vue d’atteindre le plus noble résultat qui soit en matière de bon placement et d’engagement fructueux !

Une profession qui emprunte les oripeaux du moine ascète : un misérable sandwich (SNCF ?) par journée de travail, laquelle s’échelonne de 7 h 00 du matin à 22 H 00 ! Une éviction radicale du cerveau de tout concept de vacances ! Jérôme Kerviel était un vrai Trader ! Un dur ! Un caïd de l’anticipation en Bourse ! Un stakhanoviste du clavier Azerty et de son pavé numérique, instrument suprême pour taper des montants : j’achète ceci, je revends cela…
L’ex-trader de la Société générale en a trop fait ! Il s’est surmené ! La fatigue l’a gagné et les neurones ont « pété un câble ». Un jour, sans s’en rendre compte, il a effectué une fausse manœuvre dans la jungle boursière. Résultat : on l’a rendu responsable d'une perte record de 4,9 milliards d'euros en 2008 ! Petit effet, grandes causes !!

Maître Netzer connaît ce genre de fatigue inhérente à un acharnement au travail. Il a, auparavant, défendu un certain De Villepin qui s’était rendu malade à trop bosser à Matignon. Il en était résulté un syndrome aigu de déficience mentale : le sujet atteint fini par agir de façon anarchique et irraisonné ! Il invente des noms, établit des listes virtuelles…

Netzer clame de sa voix tonitruante :

- Mon client n’est qu’un pion !

- Un pion, s’étonna le Président du Correctionnel. Il ne travaillait pas à la Société Générale ?
- Mais si !
- Mais alors ? Est-on en droit de penser que Mr Kerviel occupait un poste de surveillant pour les enfants des cadres de cette banque ?
- Plaît-il, Mr le Président ?
- Mais enfin Maître, un pion, un pion mais c’est un surveillant ! Un surveillant pour les enfants, les ados, non ?
- Il ne faut pas l’entendre de cette oreille, Mr le Président !
Le Président du Tribunal tourne sa triste tête de magistrat et présenta l’oreille gauche. Il entend beaucoup mieux :
- Je veux dire que mon client n’était qu’un petit pion sur un échiquier. On l’a utilisé ! On l’a usé puis on l’a jeté comme un vieux kleenex ! A propos de Kleenex vous n’auriez pas ?

Le Président tend un vieux Kleenex à l’avocat tout en fronçant les sourcils :

- Hum…Hum ? Admettons ! Donc pour vous Kerviel n’est qu’une victime d’un système qui le dépasse ?
- Assurément ! Sa hiérarchie était au courant de son état dépressif qui l’a mené à de telles extrémités. Il aurait travaillé chez Télécom je pense qu’on aurait compté un suicidé de plus !
- Allons ! Pas de polémique ! Nous ne sommes pas là pour juger de l’affaire Télécom !
- Il n’empêche, mon client était un pion sous les ordres de Bouton.
- Une sorte de robot, donc ? On appuie sur un bouton et il passe un ordre en Bourse ! Vous déraisonnez Maître Metzner !
- Que nenni, cher Président, je parle de Mr Bouton ! L’ancien PDG de la Société Générale ! Le bougre ! Il a démissionné depuis ! Il a même déclaré qu’il ne viendrait pas à l’audience !
- Pourquoi y viendrait-il ?
- Il a sûrement des choses à dire !
- Ah ? De quel type ?
- Du genre : « je connaissais les agissements de Kerviel mais j’ai fermé les yeux ! »
- C’est de la diffamation ! Calmez vous Maître ou je fais évacuer la salle ! D’ailleurs il est l’heure ! J’ai une de ces fringales moi ! Bon, allez, tout le monde dehors ! On reprend demain ! Et les journalistes, laissez moi passer !!

Le procès va durer trois semaines ! Une véritable concurrence à la Coupe du Monde en Afrique du Sud !!