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mercredi 20 janvier 2016

LEILA ET LE DRAME BURKINABE

Ouagadougou en feu. Le djihadisme s'abat comme la foudre...


Le vendredi 15 janvier 2015, le sol burkinabè a vécu l’attaque terroriste la plus meurtrière de son histoire.

Le groupe Aqmi (Al Qaïda au Maghreb Islamique), comprenant qu’il ne pouvait plus trop sévir au Mali où stationnent les soldats français s’en est pris au Burkina Faso et plus spécialement à sa capitale Ouagadougou, accusée de faire des révérences aux Occidentaux.

Aussi les cibles étaient-elles occidentales. Les djihadistes ont d’abord décimé de paisibles clients d’un bar restaurant « Cappucino », fréquenté par la communauté internationale.

Presque parallèlement d’autres groupes de fanatiques s’en sont pris à l’hôtel Splendid. Une prise d’otages y a lieu qui a nécessité  l’intervention de l’unité spéciale de gendarmerie burkinabée  aidée de militaires français. L’assaut permet de libérer plus de 150 personnes !

Mais le bilan est lourd !

Au moins 29 personnes ont été tuées et, parmi elles, Leila Alaoui, photographe franco-marocaine de 33 ans. La jeune femme est décédée d'un arrêt cardiaque, lundi soir, dans la clinique de Ouagadougou où elle avait été transportée après avoir été blessée. Elle se trouvait avec son chauffeur, Mahamadi Ouédraogo, qui a été tué, à bord d’un véhicule pris pour cible par les assaillants.

 

Leila était au Burkina pour le compte de l’Association Amnesty International, elle était chargé de prendre des photos qui seraient, comme elle le fait si bien, des portraits d’hommes et de femmes locaux, dans leur attribut, leur coutume, leur dignité.

 

Leila, à travers ses clichés, ses films, savait présenter la diversité de la nature humaine, la richesse de chaque ethnie. Mais, depuis peu, elle était hantée par les problèmes des migrants, le déracinement des victimes de la mondialisation.

 

A sa façon, elle racontait l’espoir des hommes, leur aptitude à se battre en dépit des événements tragiques, leur résilience.

 

C’était une belle personne.

 


Sa mort tragique sous les balles des barbares n’en est que plus révoltante.



Il restera ton cœur à travers ces portraits
Ces migrants de la Terre qui captaient ton regard
Il flottera ton âme aux lueurs des clichés
De ces visages pris dans l’écrin de ton art

Citoyenne du Monde, lumineuse présence
Sur la planète blanche des photos humanistes
Tu cueillais les focus dans la luminescence
De ces êtres nomades en éclats intimistes.

De l’aura d’un guerrab (1) au combat d’un migrant
Par le désert sableux ou les vagues ondulantes
Tu aimas te plonger dans le grand mouvement
Des cœurs déracinés sous des vies chancelantes

Il restera de toi, de ton être magique
De l’astre souriant qui sublimait tes yeux
Les portraits du bonheur au-delà du tragique
L’inépuisable espoir d’un monde plus heureux.

Ouagadougou serein t’invitait en terrasse
L’existence peignait dans la chaleur du lieu
Les gestes indolents et des langueurs d’espace
Pays de l’homme intègre semblait béni des Dieux.

Pourtant ils ont brisé sous la mitraille ignoble
La fraîcheur de tes jours, le parfum de tes mots
Exhalés d’un jardin, efflorescence noble
Qui bordait la rivière de sensibles photos.

Ouagadougou saignant, plongé dans l’épouvante
Pour occidentalisme par des fous condamnée !
Tu n’étais pourtant là que pour laisser vivante
Les cultures métissées en tes instantanés !

Tu te battais pour elles, ses jolies créatures
Qui marient les humeurs et les identités
Surmontant les aigreurs et le sang des ratures
Croisant mille destins qui se croyaient brisés

Ils t'ont ôté la vie, mais ton œuvre respire
Comme une enfance nue qu’attend la destinée
Comme une symphonie sous l’azur qui s’étire
En mille ébats d’oiseaux épris de liberté.

Il restera ton cœur à travers ces portraits
Ces migrants de la Terre, condamnés au départ
Il flottera ton âme sur les langueurs bleutées
De la mer des errances qui noyait ton regard

(1) porteur d'eau marocain



Un sourire, une présence, l'intelligence d'un regard...



Les Marocains
Leila avait sillonné le Maroc, avec son studio mobile, figeant dans la surface d’illustrations des portraits de Marocains, révélant l’essence d’un Maroc, brut, vrai, sans artifice ni orientalisme. Inspirée, nous dit-elle, par la série de Robert Franck « The Americans ».     




Avec « Crossings », Leila transmet l’expérience et les sensations des migrants sub-sahariens qui quittent leurs pays. En extraits vidéos, diffusés simultanément sur trois écrans, elle veut « recréer tout le parcours des migrants à partir du moment où ils quittent leur pays jusqu’à ce qu’ils arrivent au Maroc. »