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mercredi 14 mars 2012

FAUDRAIT UN PEU SE CALMER LA HAUT !!!


Stop la camarde ! Faut arrêter ça tout de suite ! Les grandes figures mortes se  ramassent à l’appel et je n’ai plus le temps de m’en retourner.

Le 13 février j’aurais déjà dû concocter un bel hommage pour Sophie Desmarets disparue le jour même à l’âge de 90 ans.

Pris par d’autres impératifs je m’étais dit, foi de Fabiano, que j’aurais le temps de rédiger de jolis mots pour saluer tout le talent de cette grande actrice que le cinéma sut utiliser durant les années 60 et 70 puis que le théâtre happa à son tour.

J’avais déjà préparé un petit brouillon pour narrer tout le plaisir que j’avais eu de la voir à côté de Bourvil dans « Le Mur de l’Atlantique » ou près des inoubliables Poiret et Serrault dans « la Tête du Client ». Mais, pour des raisons bizarres je mis le papier de côté.

C’est alors que le 2 mars succomba Gérard Rinaldi, un de nos quatre Charlots !

Je m’étais dit qu’il fallait tout de suite élaborer un hommage commun aux deux artistes. Je trouvai un angle d’attaque. Gérard a longtemps interprété Marc dans la série télévisuelle « Marc et Sophie » à côté de Julie Arnold ! Oui, la fameuse Sophie, médecin ! Ah quel bonheur quand  Sophie démarrait des piques à l’encontre de son mari vétérinaire qui squattait la même salle d’attente !

Mais je n’ai rien écrit à ce moment-là !

J’en étais à un stade de reproche quand la vilaine dame à la faux emporta un certain Pierre Tornade, le 7 mars ! Oui, Pierre Tornade, le sympathique comédien moustachu qu’on a vu et revu dans des rôles de militaires à travers la série « la 7ème compagnie » ! Ah Pierre, quel présence à l’écran, le gaulois par excellence, bonne pâte, un peu ronchon mais si sympathique à suivre dans des œuvres de bravoures telles que « Le petit baigneur », « La raison du plus fou » ou encore « jour de gloire ». Sans compter que lui aussi se délecta sur les planches des théâtres (« Le Charlatan » de Lamoureux, « Le Dindon » de Feydeau)

J’allais, cette fois ci, taper ce fichu article qui narrerait les vies exemplaires de ces trois disparus.

Mais quel angle d’attaque ? Quel dénominateur commun pour synthétiser la vie des trois héros du petit écran et de l’univers théâtral ?

J’en étais à réfléchir quand Thanatos nous enleva la fragile flamme de Michel Duchaussoy par un triste 13 mars !

Michel Duchaussoy ! Quelle perte ! Mais quel artiste ! Bon sang, quel artiste ! Je le revois encore dans les films de Chabrol (« Que la bête meure », « La femme infidèle »). Mais plus récemment je l’avais admiré dans « Amen » de Costa-Gavras ou dans « Elle s’appelait  Sarah » deux films qui évoquent la Shoah, chacun selon un prisme différent.

Lui aussi avait trouvé du plaisir au théâtre. D’ailleurs n’avait-il pas été pensionnaire et sociétaire de la Comédie Française entre 1964 et 1984 ?

Je ne pouvais plus attendre ! Quatre grands disparus en si peu de temps ; il fallait que je rédigeasse, morbleu ! Le dénominateur commun allait de soi : j’évoquerais l’attrait fugace du cinéma qui n’arrive jamais à détrôner le bonheur intense de se confronter à un public, différent chaque jour après que le rideau rouge se soit levé.

J’allais donc écrire, enfin, mon texte quand j’appris que Pierre Schoendoerffer venait de succomber lui aussi à l’âge de 84 ans en ce triste 14 mars !!

Schoendoerffer ! Ce soldat envoyé en Indochine pour filmer les troupes et qui en revint définitivement mordu par le virus du cinéma.

Schoendoerffer ! Le brillant réalisateur de « L’honneur d’un capitaine » que je venais juste de voir à la télévision à l’occasion du 50ème anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie.

Car Schoendoerffer a filmé la guerre, les évènements d’Alger mais bien avant ceux-là les drames d’Indochine. Son film « La 317ème section » brillamment interprété par Crémer et Jacques Perrin, raconte, en 1963, les mésaventures d’une section de soldats français embourbés dans l’après Dien Bien Phu.

Des films qui parlent de la guerre, des héros fatigués, de l’insupportable venin de la colonisation.

Il faut vraiment que j’écrive cet article ! Cinq morts sur ordonnance, ça commence à compter ! D’autant plus que Moebius, alias Jean Giraud vient, lui aussi, de se faire la malle !

Je lui consacrerai une page spéciale car il ne fait pas partie de la même famille ! Il nous laisse des tonnes de planches de BD (« Blueberry », « Major Fatal », « L’incal »…)

Et puis il faudra peut-être se calmer un peu là-haut !

Hé, Haut  ! Tu m’entends !!

En peu de temps quintet qu’ils furent
Ils sont partis nous laissant coi
Le rideau tombe et l’aventure
De la comédie se larmoie.

Sophie coquine, fleur de cactus
Sur bien des planches tu piquas
Ton humour, ton fol angélus
Prière de rires en éclats.

Gérard taquin, joyeux Charlot
Chevalier de la gaudriole
La michaudière retient l’écho
Agonisant de tes paroles.

Toi le Pierrot, bon moustachu
Aux seconds rôles galonnés
Nestor ne te reverras plus
Burna se sent déboulonné.

O toi Michel, grand sociétaire
De notre comédie Française
Parmi Hugo, Feydeau, Molière
Tu naviguais de tout ton aise.

Adieu le Pierre, soldat cadreur
Témoin des affres d’Indochine
Tes pellicules au champ d’honneur
Nourrissent nos mémoires sanguines.

Aurait-on pu imaginer
Vous retrouver en même lieu
Schoendoerffer grossissant les traits
D’un Tornade officier joyeux.

Dans un décor de guérilla
Où Desmarets en sa demeure
Aurait caché, loin des combats
Un Rainaldi, fou déserteur.

Où Duchaussoy, tendre aumônier
Adepte de la rédemption
Aurait béni sous les brasiers
Deux pauvres cœurs à l’unisson.

Rêvons ces scènes impossibles
A tout jamais puisque la mort
Vous réunit dans l’indicible
Loin des pathétiques décors.

Si loin du théâtre factice
Où meuvent nos politiciens
Mauvais acteurs, nus de malices
Tirant tirades à qui mieux rien.

Vous les acteurs, les cinéastes
Faiseurs de rêves, chantres d’amour
Que ne puissiez vous du néfaste
Vous immuniser pour toujours.

Hélas, vous n’êtes que mortels
Mais héritiers de vos talents
Nos jours en délicates ailes
Survoleront mieux les tourments...