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dimanche 21 février 2010

ROBERT PANDRAUD ERRE EN PAIX ???


Retour de vacances ! Par quoi commencer ! La reprise est dure ! Bon, un peu d'hommages à "qui a causé des dommages". Il est mort, le Pandraud ! Et Pasqua de se pendre au gibet du désespoir !

Pour faire plaisir à Hortefeux cet Auvergnat est né en 1928 au Puy (Haute-Loire). C’est un fils d'instituteur, mais ne fera pas le métier de son père ! Non, il faut grimper ! Allez plus haut ! Aussi, le voilà diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, et de l'Ecole nationale d'administration (ENA) en 1953. Il aurait pu choisir la diplomatie…ce sera finalement le corps préfectoral tant il admire Papon !!

Jeune administrateur civil, il se voit affecté au cabinet du ministre de l'intérieur où il est chargé du réapprovisionnement en papier toilette sur lequel on note, au brouillon, quelques secrets policiers (noms de suspects, indication possible de circuits mafieux…). Puis il va occuper des postes en préfecture, notamment celui de secrétaire général dans les Hauts-de-Seine, lors de la création de ce département en 1967.

Il revient à la Place Beauvau au début des années 1970 ! La police le passionne : il y occupe divers postes avant de devenir directeur adjoint du cabinet de Michel Poniatowski. Il mettra deux mois pour bien prononcer le nom de son ministre de tutelle ! On est alors à l’époque de VGE et le folklore auvergnat a le vent en poupe, accordéon en tête !

Et c’est grâce à Ponia que la carrière administrative de Robert prend son envol ! Poniatowski l'installe à la tête de la direction générale de la police nationale. Il y restera jusqu'en 1978, pour devenir directeur général de l'administration du ministère. En 1981, l’arrivée de Tonton l’abat en plein vol ! Il perd des plumes ! La gauche socialiste place ses hommes de traque et de mise sous écoute !!

C’est une petite traversée du désert ! Un manque de grandes sensations coercitives ! Un désœuvrement de la matraque ! Mais, en 1983, Jacques Chirac à la mairie de Paris l’appelle :

- J’ai besoin d’un homme de confiance, un ancien flic qui connaisse les ficelles pour créer des emplois fictifs !

Robert ne peut refuser une telle proposition venant de Jacquot !! Quatre ans plus tard, quand Jacquot se retrouve à Matignon pour diriger le premier gouvernement de cohabitation (1986) il est tant satisfait des turpitudes finement soignées de son protégé qu’il le nomme ministre délégué à la sécurité auprès du ministre de l'intérieur. Et qui c’est le ministre de l’Intérieur à l’époque ? Hein ? Hein ?

C’est Charles Pasqua ! Tra la la la ! C’est génial ! Les deux hommes se connaissent déjà (les affaires de Paris, ça rapproche !) et ils frétillent de la queue et du bec rien qu’à l’idée de coincer des moins malins qu’eux : les petits dealers, les gauchistes en mal de Mai 68, les bronzés qui n’ont pas les moyens de faire du ski…

Pendant deux ans Robert et Charles formeront un tandem incroyable !

- Quand nous arrivions, les gens se mettaient à crier "Voilà Starsky et Hutch !"", se souvient, un brin nostalgique, M. Pasqua ! Bon ! On vit avec les références culturelles de son époque ! Encore heureux qu’on ne les ait pas comparés aux drôles de dames ! Mais non, suis-je bête ! Les drôles de dames…elles étaient trois !!

- Nous étions pratiquement des inséparables. J'étais plus politique, il était plus technicien", indique encore l'ancien ministre de l'intérieur !

Hé oui ! Des inséparables ! Deux pères au Quai...des orfèvres, des orfèvres ! Deux super flics qui vont rendre la vie dure aux gangsters comme… Oui, bon ! On arrête là les clins d’œil au monde débridé du feuilleton américain !

A partir de novembre 1986, les deux hommes font face à l’ire des étudiants et des lycéens qui fustigent la loi Devaquet (secrétaire d'Etat aux universités). De coups de matraques en gaz lacrymogènes les rixes perdurent jusqu’à ce que, dans la nuit du 5 au 6 décembre, un étudiant tombe, victime d'une équipe de policiers à moto !

- C’était nos "voltigeurs", disaient Charles et Robert ! De vrais pros qui travaillaient sans filet lors de filature ! Dommage, après cette bavure, on nous a dit de dissoudre ce corps exemplaire !

La victime est un jeune du nom de Malik Oussekine. Il a 22 ans. Les policiers en moto testent sur lui une nouvelle matraque décoiffante ! Le résultat est au-delà des espoirs policiers : le jeune homme s'effondre. Il mourra quelques heures plus tard à l'hôpital Cochin.

L'émotion est immense et la médiatisation intense. Tandis que Jacquot retire le projet Devaquet, Robert commente le drame : "La mort d'un jeune homme est toujours regrettable, mais je suis père de famille, et si j'avais un fils sous dialyse, je l'empêcherais de faire le con dans la nuit (...). Malik n'a jamais pu passer son bachot. Il est allé à l'école de tous les ratés de la bourgeoisie. Ce n'était pas le héros des étudiants français qu'on a dit."

Et c’est sur cette bonne phrase que j’en terminerai avec Robert Pandraud ! Je pense que j’aurai plus de cœur à la rhétorique au cours d’éloges funèbres à la mémoire d’autres Robert ! Mais Hossein et Badinter peuvent vivre encore longtemps ! Je ne suis pas pressé !!