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mardi 16 janvier 2018

LES TRIBULATIONS D'UN MACRON EN CHINE





Emmanuel Macron avait souvent chiné dans sa vie, s’était échiné à trouver l’objet rare : la queue de lézard dans un bocal de formol qui complèterait sa collection.

Il en avait vu des chineurs, mais pas de Chinois. Et pourtant, la Chine il en rêvait depuis qu’il avait dévoré, à 4 ans et toutes ses dents, le livre d’Alain Peyrefitte « Quand la Chine s’éveillera…le monde tremblera », paru en 1973.

Le manque vient d’être comblé sous l’effet d’un superbe voyage en Chine où notre Jupiter national prit plaisir à discuter avec des dirigeants toujours disposés à parler d’hommes en marche. On n’oubliera pas la longue marche de 1934 que la Chine aime à honorer, vénérer  (La Chine et Mao : nos rêves aînés raient !).

Oui, Emmanuel a atterri à Xian en gommant toute trace de moue à l’endroit de l’Empire du milieu qui propose à tout temps pire d’humilier. Oui, cette moue réprobatrice, seul indice de mécontentement, ce lundi s’éteint, ce lundi 7-01.

Il ne s’agit pas de fâcher l’hôte à riz, cantonné dans son mauvais rôle. Alors notre Président déploie un grand sourire en visitant  Xian, la cité millénaire sans ressentir qu’on y ait mis les nerfs de l’insupportable. Xian est le point de départ de l’ancienne route de la Soie. C’est donc tout un symbole qui va de soi, et pour lequel on doit lever nos vers, dirait Virgile.

Le Président chinois Xi Jinping n’est pas d’ailleurs le dernier à apprécier cette route qui menait, jadis, à Antioche et s’assoit, rit, en levant son verre tout en martelant gaiement qu’il va créer de nouvelles routes :

-      Soyons soyeux, et construisons des nouvelles routes, des ports, des lignes de chemins de fer qui impliqueront 65 pays et nous feront débourser plus de 1.000 milliards de dollars.

Emmanuel approuve car la France pourrait bien profiter de cette manne. D’ailleurs il va en reparler ce soir, au dîner. S’il pouvait placer quelques contrats juteux pour Areva, Airbus, Thalès…

Effectivement, le soir, dîne avec Xi Jinping et sa femme. Brigitte est là également et ne tarit pas d’éloges sur le petit panda du zoo de Beauval dont elle est la marraine.

-      Il est trop mignon, lance-t-elle, tout en mastiquant un nem récalcitrant. Merci pour ce cadeau !

Oui, rappelons que la mère du Panda est un présent (enfin un prêt) fait par les Chinois en 2012. Mais le centre de la discussion s’oriente surtout vers la continuité des relations économiques entre les deux pays : tout arrêt valide heurts et presse anti-Paris ! Et donc tout Areva, leader est pressentie ; pari !

La grande entreprise française gagne le gros lot : la construction d’une usine de retraitement de combustibles nucléaires en Chine. Le contrat pourrait faire gagner 12 milliards d’euros à la société dirigée par Philippe Varin.

-      Vous verrez, lance Macron, Areva maîtrise parfaitement, comme à la Hague, chez nous ! Hague y chante l’attrait ! Tous les pays nous envoient leurs déchets ! Ils en profitent aussi, parfois, pour nous acheter du vin. C’est l’heure des chais ! Vous aussi, Chinois, n’utiliserez pas en vain l’atome ! Vous honorerez la Cop 21 du début à la fin : production et retraitement. Une véritable transformation, loin des énergies fossiles mais si certains, en voyant la mue, raille !


-      Vous voulez parler de Trump, le climato-sceptique ! Bah, ne gâchons pas notre repas avec cet individu raciste qui compare certains pays à de la merde et de ce fait cale dans son honneur, sans compter qu’il a des propres problèmes avec ses amis et se voit haïs siens !

-      Oui, évitons de parler de ce psychopathe. Tiens à propos de fou furieux, que devient votre voisin, le Coréen Kim Jong Un ?

-     Il a l’air de se calmer et j’ai même entendu dire que Pyongyang pourrait participer aux JO d’hiver de Pyengchang. Nord et Sud se rapprochent, apparemment.

-      Ah, ah, c’est bien ! Rien de tel que le sport pour ressouder un peuple. Espérons qu’ils auront des médailles en étant des Corées.

-      Hi, hi, très bon humour, me glisse mon interprète. Je pense que Kim va s’assagir. Actuellement, sa menace nucléaire s’estompe car il veut faire l’exquis, et pour c’là l’omet !

Les agapes se poursuivent et sont l’occasion d’autres discussions à caractère économique.

Avec la levée de l’interdiction pour les couples de n’avoir qu’un seul enfant notre natalité décolle et nous pose des colles et pas mal d’écoles. Le lait infantile pourrait nous manquer ! Cher Emmanuel, la France pourrait-elle nous livrer ce genre de denrée, lance Xi ?

Et bien, heu, c’est-à-dire, mon cher Xi Jinping, la conjoncture est assez défavorable. Notre groupe Lactalis a, disons, quelques problèmes. Mais que faire alors que l’absence de probité ne devrait pas atteindre un grand groupe mais que la sale monnaie l’ose ?

Le repas s’achève sur une boisson que Brigitte ne peut saquer tant elle fait des cauchemars la nuit.

Le lendemain, elle est tout juste « frais et dispo » pour visiter la cité interdite. Elle admire les pavillons de l’harmonie suprême, de l’harmonie parfaite, de l’harmonie préservée en se disant que ce mot d’harmonie, lui va droit au cœur, et à celui de son mari, si loin de larmes honnies. Emmanuel, lui, tout en devisant de la beauté architecturale, place de ci de là, cahin caha, quelques dithyrambes sur les joyaux de l’industrie française.

Une cérémonie d’accueil a lieu au Palais du Peuple, érigé du côté ouest de la place Tian’anmen et Jupiter pense, inévitablement, aux évènements de 1989. Il ressent l’envie de parler des droits de l’homme mais, une petite voix l’en dissuade et il retire cette pulsion de la même façon qu’une jeune servante, pour ne pas salir le mas, ôte ses tongs.

Vient la grande cérémonie des accords et des contrats. Outre le mirifique marché pour Areva, on notera une superbe bouffée d’oxygène (il vaut mieux car l’occis gène) pour Airbus : 184 moyen-courriers A320 ont été commandés par les Chinois. Dans un grand élan de reconnaissance, pour tant de bontés, notre Jupiter offre à son hôte un superbe cheval de la garde républicaine.

-      Je vous offre cette ombre gaie, heu, cet hongre bai, brun, de 8 ans. Voilà, je vous le montre en photo. Il se nomme Vésuve de Brekka et vient d’un haras de la Manche. Il est très propre, jamais de Brekka sent, en revanche, heu Debré cassant…mais, heu, je ne vais pas vous parler de politique française. Par contre, heu, en n’étant pas trop à cheval sur la diplomatie de Bonn-à-lois, pour évoquer la rigueur de la chancelière, j’aimerais vous parler des droits de…

-      Oui Emmanuel ?


-      Des droits de..de hauteur, heu, des droits d’auteur ! Je voudrais exporter mon livre « Révolution » vers votre beau pays. Je pense que le titre vous paraît déjà très culturel !

-      Nous verrons cela plus tard, cher Emmanuel. Allez, trinquons encore.


Mercredi, Brigitte et Emmanuel quittent le sol chinois. L’homme en marche voit se dérober les contours d’un pays dont il est devenu un gros fournisseur. Un petit pincement l’étreint dès qu’il songe à la veuve du dissident Liu Xiaobo (Prix Nobel de la Paix – 2010), placée en résidence surveillée. Il pense à Liu, l’écrivain qui ne laissera pas l’écrit vain après sa mort par cancer. C’est sûr, la prochaine fois qu’il verra Xi Jinping, il parlera franchement des droits de l’homme…