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mercredi 31 janvier 2018

LES EHPAD, URGENT : LÉSÉS, PAS D'ARGENT !



Après les établissements pénitentiaires ce sont les EHPAD (Etablissements pour personnes âgées dépendantes) qui ont manifesté leur mal-être. Ce mardi 30 janvier, on a vu de nombreux défilés de personnel (aides-soignantes, infirmières) que venaient étoffer des familles en souffrance voire des personnes âgées bénéficiaires de ces structures en déliquescence.

Il faut dire que la plupart des EHPAD gèrent honte. Par restriction budgétaire le personnel vient à manquer pour prendre soin des personnes invalides et on se dit alors que toute trésorerie saine est sens !

Oui l’argent manque pour prodiguer les soins ! Les conditions de travail, dès lors, se dégradent. Le personnel soignant flirte l’acrimonie et l’aigre abat ! Dans certains établissements on est à 0,6 salarié par résident. Les petites mains salvatrices n’en peuvent plus :

-   On nous supprime des postes, témoigne une aide-soignante, qu’ils soient de nuit, qu’ils soient de jour. Il n’y a plus qu’une personne par service pour faire le ménage. Certaines chambres n’ont pas été nettoyées depuis deux jours ! 

Une litière propre devrait être sous l’âgée pour un soulagement optimum mais hélas, le temps manque pour une équipe réduite acculée à être au four et au moulin. Le soignant en a plein le dos ; il serait temps d’y caper un manteau de réconfort. Seul le recrutement de personnel pourra pallier les insuffisances qui s’assimilent parfois à de la maltraitance.

Celle-ci peut être physique. Le soignant, à la limite du burnout, peut s’énerver sur une vieille dame édentée. L’enfer se pose là : Dante y est. Mais la violence se révèle souvent passive : la personne âgée est oubliée si elle ne réclame rien ! Et parfois, pour qu’elle vous laisse tranquille, on la surmédicalise médicalement par mets dits calmants ! On doit sans cesse opérer un tri en l’urgence et le « ça peut attendre » ; le service gère, y’a tri !

Cette gestion de la rareté trouve ses racines dans le mode de financement des Ehpad et dans la réforme gestionnaire.

Trois sources de financement abreuvent les Ehpad :

-  le budget «soins», à la charge de l'Assurance maladie, sert à financer le personnel soignant et les équipements médicaux.
-   le budget «dépendance», financé majoritairement par les départements et en partie par les résidents, sert aux prestations d'aide et de surveillance des personnes en perte d'autonomie (aide-soignants, psychologues ...).
-  le budget d'hébergement (hôtellerie, restauration, animation ...) est à la charge du résident qui, en fonction de sa situation financière, peut percevoir des aides publiques.
Le restant dû à la charge des résidents, après ces aides, a été évaluée à 1.758 euros par mois en moyenne par la Drees, alors que la pension de retraite moyenne est de 1.376 euros bruts ! Inutile de préciser que dans la plupart des cas on pompe sur son épargne et que les riches font des ans vieux !

Mais surtout, depuis 2016, on cherche à fixer les mêmes règles de tarification en ce qui concerne le volet « dépendance » pour les établissements publics et privés. Ceux qui sont actuellement au-delà de cette tarification y perdront, des pans entiers, des pans denses ! Or il s’agit bien de « la plupart des Ehpad du public, qui accueillent des résidents plus lourds”, explique un directeur. Comment quand la source tarit faire ?

Face à la grogne, Agnès Buzin, Ministre de la Santé hélas hantée par lassants thés autour desquels on discute, s’engage à ce que la raie forme une jolie ligne directrice sans réductions de postes.

Sur les 110 millions d'euros en plus inscrits au budget 2018 de la Sécurité sociale pour les Ehpad, 10 millions doivent servir à créer des postes d'infirmières de nuit, et 28 millions sont destinés aux Ehpad en difficulté.
Pour ces derniers, une enveloppe supplémentaire de 50 millions d'euros a été annoncée la semaine dernière, pour une nouvelle étape. Espérons qu’on saura l’affranchir !  

Il serait temps de financer davantage ces structures dont l’utilité ira croissante. Il ne faudrait plus que l’augmentation du nombre des seniors s’ignore ! En 2040, les personnes âgées de plus de 75 ans représenteront près de 15% de la population contre 9% actuellement !


Si Dieu me prête vie j’en ferai partie ! J’aimerais bien, sans pointe d’égocentrisme, pouvoir bénéficier de bons soins si, malheur aidant, j’étais acculé à quitter mon chez moi pour des raisons de dégradation physique ou mentale.