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lundi 12 novembre 2012

APRES LE 11 NOVEMBRE


A Ampuis (Rhône), plus de 200 personnes ont rendu hommage au soldat Jean-Julien Chapelant, fusillé pour désertion en 1914, et réhabilité vendredi par la France.

Ce poème se veut un hommage à ceux que la guerre a sacrifiés parce qu’ils refusaient de se battre !  A ceux que Kubrick a si bien mis en lumière dans son film « Les sentiers de la gloire », un film de 1957 dont la diffusion n’aura été acceptée par les autorités françaises qu’en 1975 !



La jeunesse éructait  l’aigreur
Sur l’impossible champ d’horreur
Où coulait d’immondes tranchées
Un sang taché de barbelés !

Cerveaux en mille éclats d’obus
A jamais gravés dans la vue
L’agonie fugace des leurs
Les yeux pliés sous la terreur.

Ainsi que des pions dérisoires
Aux mains d’officiers vexatoires
Ils trébuchaient sur l’échiquier
Des premiers bourgeons sacrifiés.

La guerre en ses absurdes temps
Avait drapé les paysans
D’oripeaux brouillés d’horizon
Un bleu souillé sous les canons !

Baïonnette au fusil, transis
Tremblant de peur sans un sursis
Marche en avant sous la mitraille
La vie réduite en feu de paille.

Jusqu’à la colère insoumise
Le vent rebelle sous la chemise
Dans un écho de désertion
Le cœur enivré de passion !

Revoir l’amour, sa fleur des champs
Luminescence du printemps
Toucher la peau de blanc satin
Se blottir à l’ombre  des seins.

Langueur, caresses, baisers  fiévreux
Dans le grand lit des amoureux
Loin du cloaque abominable
Si loin des morts interminables.

Soldat mutin, preux troubadour
Fuyant dans sa quête à l’amour
Les veines engorgées d’espérance
En dépit de la peur immense.

Ombre tapie, sourde et tenace
Aux regards gonflés de menace
Le spectre gris de généraux
Traquant le rat, l’anti-héros.

Fuite éperdue dans les tranchées
Dans les carcasses des forêts
Au loin le fracas des canons
Au loin la boucherie sans nom…

Ventre affamé, tripes en tenaille
Dans les crépusculaires entrailles
Où le sursaut d’humanité
S’éprend de clandestinité !


L’aube se lève avec sa paix
Si loin de l’odeur des charniers
Le regard suit  une hirondelle
Dans un nuage d’aquarelle.

Le déserteur frôle en soupirs
Un paradis fou de désirs
Soudain l’éclat des sommations
Si près de la résurrection.

Ils l’ont retrouvé sans boussole
Proie aux aguets,  frêle  bestiole
Offrant le flanc à ses bourreaux
Le rêve ailleurs, le cœur si gros.

Il n’aura pas fallu dix jours
Un tribunal roulant tambour
Au nom de l’exemplarité
Au feu nourri l’a condamné.


De pauvres gueux en peloton
Tout  comme lui le rejeton
Ils ont le fusil, lui la peur
Un bandeau sur des mots qui pleurent.

Adieu l’Amour, adieu mon cœur...
L’acier lui transperce le cœur !
Conserve au fond de ta mémoire
Les plus beaux jours de notre histoire

Adieu ma douce bienaimée
Ma tendre aux longs cheveux de blé
Garde en ton cœur sans déshonneur
L’enfance tue d’un déserteur !


Adieu ruisseau de ma tendresse
Ma source vive de caresses
J’aurais tellement voulu t’offrir
Le plus fugueur de mes soupirs !