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lundi 11 juin 2018

MAMOUDOU ET SACKO



Mamoudou Gassama, jeune Malien sans papier, est devenu héros national en sauvant, le 26 mai, un enfant suspendu dans le vide, accroché à un balcon du XVIII ème arrondissement parisien.
N’écoutant que son courage, Mamoudou s’est transformé en Spiderman pour porter secours au petit ange, sous l’œil de caméras de passage que sont devenues, désormais, les téléphones portables.
Les vidéos ont fait le tour du net, des réseaux sociaux et Mamoudou s’est érigé en héros national. Jupiter l’invita sous les ors de l’Elysée et lui promit régularisation immédiate.
De l'autre coté des Alpes, en Calabre, un autre ressortissant malien Sacko Soumayla n'aura pas eu l'honneur d'être reçu par le Président Italien. Il faut dire que la botte est en train de durcir son talon ! Désormais le pouvoir est détenu par un conglomérat de partis nationalistes, peu enclins à couronner de fleurs les jolies colonies de migrants qui affluent sur le territoire.
La ligue et le mouvement cinq étoiles, suite à des élections législatives dont ils furent vainqueurs, se sont mis d'accord pour former un gouvernement populiste qui respire l'air du temps chez nos voisins transalpins. Il ne fait pas bon être migrant.
Aussi, ce pauvre Malien, a-t-il été froidement tué en dépit de sa situation régularisée. Syndicaliste et saisonnier, il a été assassiné alors qu'il cherchait des matériaux pour construire un abri de fortune.
Dès lors, les honneurs rendus à Mamoudou ne sont-ils qu'une petite branche citoyenne dans l'immense forêt vierge des brimades, contrôles, internements en centre de rétention dont les conditions viennent d'être durcies par notre Ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb.
Notre pays active la reconnaissance de la Nation pour un geste, certes héroïque, mais qui ne pourrait occulter l'immense montée des nationalismes dans cette Europe désorientée face aux flux migratoires que génèrent les misères et les guerres des pays abandonnés.
Une bonne conscience que d'aucuns assimilent à des relents de colonialisme : la République reconnaît le mérite de ceux qui la servent et la médiatisation fait le reste. Le migrant érigé en héros se voit solliciter de toutes parts. Mais qu'il reste lucide et il refusera de se rendre à des émissions de télévision (comme « On n'est pas couché » de Ruquier) en se faisant le parangon de l’honnêteté intellectuelle et morale. 
C'est ce qu'a fait Mamoudou, avec beaucoup d'élégance. L'homme ne veut pas servir de caution à des polémiques sur le bien fondé de la politique d'immigration d'Emmanuel Macron. Il veut juste qu'on lui laisse la paix et que d'autres migrants puissent être reconnus comme des humains à part entière sans qu'il soit besoin d'accomplir un geste héroïque ou de donner son sang ainsi que le firent, jadis, les tirailleurs sénégalais.

Mamoudou a connu les infâmes geôles
L'esclavage libyen, les tortures damnées
Il aura survécu, sous des lumières folles
Au trajet de fortune en Méditerranée

Le voilà, sans papier, le cœur en héritage
Cette témérité d'humanisme nimbée
Tel un homme araignée au delà des nuages
Il sauvera, ce jour, l'angelot menacé.

Les honneurs vite échoient, pour ce fait héroïque
Son exemple le suit au sommet du pinacle
Sous les ors d’Élysée, Jupiter, Dieu lyrique
Lui promet le salut, des papiers, des miracles.

Sacko n'aura pas eu, dans ce coin de Calabre
L'occasion de briller en fringant démiurge
Sa vie s'achèvera d'une danse macabre
Sans le moindre salut, sans élans thaumaturges.

Dans le feu d'Italie que ravivent des loups
L'infortuné Malien, a donné de sa vie
Pour vouloir simplement ne plus vivre à genoux
Il avait des papiers, mais pas le bon pays.

Sacko et Mamoudou, de leur source malienne
Ont nourri des ruisseaux de courants contrastés
L'impossible combat dans la fange italienne
La promesse de fruits dans le verger français

Qu'on ne se leurre pas, pour autant, le migrant
D'ici ou bien d'ailleurs connaîtra les revers
On durcit son chemin, hérissé de piquants
S'établissent, latents, les paliers de l'enfer

Pour quiconque échouera dans son utilité
Dans sa quête à prouver son humaine raison
L'avenir couchera sur sa fatalité
L'ombre noire et pérenne de la malédiction.


samedi 2 juin 2018

POESIE ONIRIQUE QU'ANTENNE HISSE






C’était l’époque où le François
Avait jugé de bon aloi
Après les attentats de Nice
De faire appel, non aux milices
Mais à l’armée de réservistes
On la remettrait sur la piste
Pour épauler les militaires
Les durs, les vrais, ceux de carrière.

C’était l’époque où Maria
Avait la vision du combat
En dehors des revers sur cours
Elle s’imaginait en recours
Prête à terrasser la terreur
Des islamistes nés tueurs
Poutine l’ayant fort effrayée
Elle avait choisi notre armée

Évidemment n’en croyez rien
Mais d’en rêver ça fait du bien !

vendredi 1 juin 2018

BELLEMARE AU CANARD FIT GARROT A LA CHRONOLOGIE





Pierre Bellemare vient de nous quitter, ce lundi 26 mai, à l’âge de 88 ans. 

L’homme était connu pour son visage mais surtout pour sa voix. Par excès de népotisme son beau-frère,  Pierre Hiegel,  le fait rentrer, en 1948, dans une société privée de radiodiffusion « Radio sert vices » vite rebaptisée « Radio service » pour recherche de vertu et de chaleur (tout nuit quand pierre y est gel.  La radio, désormais, ne quittera plus Pierre ! Radio Luxembourg puis Europe N°1 feront appel à ses services.

Puis il rejoint le petit écran et lance des émissions pour l’ORTF. Il présente notamment « la tête et les jambes », un jeu qui associe deux candidats : un sportif (les jambes) et un intellectuel ou prétendant l’être (la tête). La tête doit répondre à des questions et, en cas d’échec, le sportif doit la rattraper en effectuant une performance minimum qui permette au cérébral  de rester en jeu. 

De 1969 à 1986, il produit et anime la session de 11-13 heures sur Europe 1 !

Puis la fièvre du conte le prend. Il se met à raconter des histoires qui ont parfois les caractéristiques chiraquiennes de l’abracadabrantesque  ou l’éclat macronien de la poudre de perlimpinpin ! 

Il conte, de sa belle voix, des histoires extraordinaires, des crimes, des passions d’amants diaboliques, des dossiers d’Interpol.  Toute une myriade d’histoires qu’il ne se privera pas de rassembler dans de multiples livres. Ces derniers  procureront  de belles lectures pour les bronzés des plages estivales ou pour les abonnés des trains de la SNCF,  quand cette dernière  n’est pas en grève.

Puis le conte fait place au compte, celui de la ménagère de plus de 50 ans qui cherche à ménager son budget en achetant plus, mieux et moins cher. Oui, le moustachu a l’idée d’adapter  sur TF1 un concept américain, celui du télé-achat !

Nous sommes en 1978 et l’émission, d'abord appelée 'Le Magazine de l'objet' donnera naissance à quelques avatars dont «  'Télé-shopping' . Un an plus tard, lorsqu’apparaissent les chaînes hertziennes privées,  il en profite pour produire le même type d'émission , 'M6 boutique' sur une petite chaîne qui monte.

Il retrouve son ami Philippe Bouvard dans l’équipe des « Grosses Têtes » de 1992 à 2013. Il se fait remarquer pour ce côté « pince sans rire » à même de jouer l’autodérision.

L’homme s’est éteint, un peu aigre que la télévision ne l’appelle plus.
Deux jours plus tard, un autre homme illustre passait l’arme à gauche après en avoir tant vendu.

Oui, Serge Dassault, le vendeur de mirages, de rafales mais aussi d’avions civils (il faut quand même le préciser) tirait sa révérence !  A l’âge de 93 ans.

Il était donc évident que Pierre Bellemare nous contât l’histoire extraordinaire du fils de Marcel, une épopée romanesque tissée de fils blancs et noirs, de trouvailles aéronautiques, d’ambitions éditoriales mais aussi de trafic en tous genres…

Pierre enquêtant sur la vie d’un être mort après lui !

Comme Enquête Impossible, peut-on trouver mieux ?