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jeudi 28 mai 2015

QUATRE ÂMES NOUVELLES AU CŒUR DU PANTHEON



François Hollande voulait ses "panthéonisés", prétextes à un beau discours laïc au cours d’une grande messe qui se voulait tout autant empreinte de la loi de 1905.
Il a trouvé le discours et les quatre âmes à faire rentrer dans ce qui fut, jadis, l’église St Geneviève (Vème arrondissement)

Oui, Flamby a fait rentrer au Panthéon quatre illustres personnages ayant comme dénominateur commun l’esprit de résistance contre le nazisme. Pour ne pas être en reste avec l’esprit de son époque il a choisi la parité : 2 femmes et 2 hommes.

Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay et Pierre Brossolette reposent désormais à coté de Voltaire, Hugo, Zola, Dumas et autre Aimé Césaire.

"Ils sont quatre à entrer aujourd'hui dans le monument de notre mémoire nationale. Ils sont quatre admirables sans avoir voulu être admirés. Quatre histoires qui donnent chair et visage à la République en en rappelant les valeurs", a prononcé le chef de l’Etat dans un discours pas aussi fleuve que celui pratiqué jadis par l’homme de Cuba (en équipement Adidas), homme qu’il avait rencontré quelques jours auparavant.

A travers ces quatre exemples, le chef de l’Etat a voulu rappeler l’importance de l’histoire et de la mémoire de celle-ci !

Il manquait dans le parterre des élus, heureux de l’écouter ou prêts à le critiquer à la moindre récupération, un homme. Il brilla par son absence mais finalement c’était sa façon à lui de faire de la résistance.


Oui, il manquait Sarkozy, le chef des républicains. Mais ceci n’est qu’un détail de l’histoire.

Brossolette sorti de son grand pacifisme
Devint le plus fervent des antimunichois
Gagna la résistance après le coup de froid
De la débâcle glauque prise en son pétainisme

Dans les brumes de Londres il dit au Général
Dont l’appel avait lui dans la nuit de terreur
Qu’il gagnerait bien plus en panache et hauteur
S’il délaissait un peu l’autorité glaciale.

Une telle insolence le marginalisa
Quand bien même il parvint à revenir en France
Pour semer à foison sa propre résistance
Avant que d’être happé par les diables soldats.

Torturé savamment par les bourreaux haineux
Il se mit à douter de sa langue tacite
Préféra se jeter, dans l’espoir qui s’effrite
Défenestra son corps sans distiller l’aveu.

Geneviève De Gaulle conserva de son oncle
Le prestige du nom et l’éclat du combat
Devint par mimétisme un valeureux soldat
De cette armée de l’ombre contre le noir furoncle

Arrêtée à Paris chez un brave libraire
Elle prit vers Ravensbrück le train de l’innommable
Côtoya dans le camp l’enfer abominable
Frôla cent fois la mort mue par les tortionnaires

Le nom qu’elle porte haut lui sauvera la vie
Himmler l’isolera comme monnaie d’échange
Le grand vent de l’histoire lui enverra les anges
De la libération mais de l’amour, aussi.

Amour pour son Bernard, grand ami d’Aragon
Mais amour tout autant pour les plus démunis
Les petits protégés de ce père Wresinski
Pour qui son cœur battra, émue de compassion.

Germaine aimait l’humain et voulait l’étudier
Dans son imperfection ou sa luminescence
Ethnologue éclairée mesura la nuisance
D’un parti d’outre Rhin commençant à danser.

Elle en devint sa proie aux jours du barbarisme
Retrouvant Geneviève en la même géhenne
Elle courtisa l’humour en rempart à la haine
Un livret d’opérette en chemin d’exorcisme

Rescapée de l’enfer sa conscience vivra
Pour fustiger l’horreur de l’immonde torture
Sous le ciel algérien, comme une éclaboussure
Sur le drap démocrate dont on vantait l’aura.

La Dame de St Mandé jusqu’au souffle dernier
Conservera l’écho d’une sourde colère
A l’encontre du temps qui fabrique misère
Sans papiers anonymes par l’argent sacrifiés.

Jean Zay fut un géant de ce Front Populaire
Éphémère Pygmalion de Marianne troisième
A l’heure où Léon Blum imaginait humaine
Cette France affamée de miel égalitaire.

Jean pétri d’idéaux et de pédagogie
Démocratisera l’enseignement d’alors
Prolongera d’un an le merveilleux effort
D’une scolarité, enfant de Jules Ferry.

Ardent commanditaire des travaux dirigés
Il voulait que l’enfant découvre en la nature
La vérité sortie de la littérature
Qu’il s’abreuve à la source du sport en liberté.

La guerre l’arrêtera dans ses nobles discours
Franc-maçon, de père juif, il nourrira la haine.
La milice asservie aux ailes suzeraines
Du rapace nazi lui ôtera le jour.

Oui, deux femmes et deux hommes, quatre exemplarités
Dans ce sermon laïc du prêtre élyséen
Pour confier à l’Histoire le droit quasi divin
D'éclairer la jeunesse des leçons du passé.

Oui, deux hommes et deux femmes, ô noble parité
Dans l’oraison nourrie de feux contemporains
Où se consument encore le sinistre destin
Des enfants de Charlie aux crayons mutilés.

Entrez ici, géants, au cœur du Panthéon
Demeurez en nos cœurs l’indestructible ancrage
Le grand phare éclairant la jeunesse en voyage
Vers le chemin serein des plus beaux horizons.

Ce grand phare éclairant quelques tristes rivages
Pour sauver les fantômes de mille émigrations…