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mardi 18 mai 2010

UN FILM QUI PERSE !!


Le premier diplomate de France semble avoir réussi sa mue dans le septième art. Bernard Kouchner, poussé par sa compagne Christine, n’a pas démérité pour son premier film. Une production sobre, mais efficace. Des décors empruntés à des studios iraniens. Une belle histoire sur fond d’espionnage.

Le ministre a dû demander la permission d’utiliser le titre « l’échange » à Clint Eastwood et à Taylor Hackford qui, tous deux, avaient déjà réalisé un film libellé des mêmes mots. Puis il s’est mis au travail…

La première scène du film se situe à Téhéran. L’infâme Ahmadinejad, qui vient d’être réélu, gouverne l’ancienne Perse et combat impitoyablement les ennemis du pouvoir. Ses policiers surprennent une jeune française, Clotilde (jouée par Clotilde Reiss, étonnante !), en train de prendre des photos d’une manifestation antigouvernementale. La jeune femme est très vite incarcérée puis jugée. La France fait des pieds et des mains pour qu’elle soit extradée mais le pouvoir iranien refuse. On trouvera alors un compromis : Clotilde devra rester en Iran, en résidence surveillée à l’ambassade de France.

Ahmadinejad va alors chercher à utiliser cette proie pour tenter un échange ! Il aimerait récupérer le tueur Ali Vakili Rad qui, jadis, avait brillé dans l’élimination physique d’un ancien premier ministre du Chah.

Kouchner a la brillante idée d’insérer dans son film des reportages de l’époque ! Car son scénario se base sur des faits réels ! La voix off qui commente l’actualité de l’époque est assurée par Frédéric Mitterrand. Je me permettrais un petit reproche : cette voix lasse avec son petit goût de suranné, déjà entendu…

Ali Vakili Rad pourrait donc rentrer au bercail en échange de la jeune Clotilde. Mais le Président de la République française s’y oppose lors d’une interview télévisée (excellent Nicolas Sarkozy qui joue son propre rôle avec une aisance extraordinaire).

Cependant les jours passent et la real politique reprend ses droits. Bernard Kouchner a intentionnellement voulu montrer le poids des exigences politiques et de la théorie de l’échiquier international dans les transactions diplomatiques ! Il sait de quoi il parle ! Le refus de Sarkozy s’étayait sur l’argument du chantage ! Le Président français refusait de se plier au vilain jeu du dictateur iranien. Il devra, in fine, changer d’avis !

Finalement, le maître de l’Elysée avalisera l’idée d’un échange d’une jeune femme amoureuse du persan contre un ancien Moudjahidine du peuple ayant déjà purgé 18 ans de prison !

Le film nous sort alors une scène étonnante comme seul le cinéma est capable de générer. La caméra zoome en très gros plan une main velue prolongée de doigts tremblants. On écoute la respiration de l’homme qui va écrire mais on ne voit pas son visage. Les doigts bégaient en saisissant un stylo plume au corps nacré. L’arme à encre appose une signature : on lit, en un flash, « Hortefeux » ! Le Ministre vient de signer un décret autorisant l’expulsion de l’ancien meurtrier !

La fin du film est un peu bâclée (restriction budgétaire ?). En trois minutes le spectateur avale une rapide scène de décollage : Vakili Rad repart vers l’Iran après avoir attendu que les cendres d’un volcan cessent de contrarier la visibilité de l’azur. Puis on aperçoit Clotilde sur le perron de l’Elysée, tout sourire. Une petite musique de fond sert de prélude au générique. On reconnaît la chanson « Quelqu’un m’a dit » de Carla Bruni réorchestrée par Barbelivien…