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lundi 23 avril 2018

GI SE FAIT L'AIDANT et AU COL GUETTE !





Les jeunes de Génération identitaire (GI) ne pouvant plus étudier dans leurs facultés en grève ont décidé de prendre du bon temps, dans les Alpes et de se rendre utile.

Une centaine d’entre eux sont partis, ce samedi 21 avril, au col de l’Echelle (Hautes-Alpes) pour respirer le grand air et joindre l’utile à l’agréable. En termes d’utilité, ils ont envisagé fabriquer une frontière de fortune, à base de grillage plastifié, pour empêcher des migrants de venir perdre leur temps en France !

-       Nous savons que ce col est un ami donné aux flux migratoires. C’est un point stratégique de passe des clandestins, lance Romain Espino, le porte-parole de GI. Guinéens et Ivoiriens passent par l’Echelle en pensant qu’elle sera aussi celle de la promotion sociale. Mais on est là pour leur dire, en bons chrétiens que nous sommes, que ce n’est pas la peine de venir chez nous ! C’est le bordel dans nos univers, s’y tait..la raison et même les doyens perdent leur faculté ! De plus, Mr Collomb, le Ministre de l’Intérieur, vient de faire voter par l’assemblée nationale le doublement de la durée de rétention pour les clandestins ! L’arrêt-tension passe de 45 à 90 jours. Non, vraiment, il faut qu’on donne de notre temps pour venir jusqu’ici et dire aux migrants qu’il faut repartir en Italie. La France va devenir invivable pour eux !

Mais avant même que la merveilleuse démarche pédagogique n’ait eu lieu, les forces de l’ordre sont intervenues, à la demande de la Préfète, soucieuse de l’après fête ! Oui, imaginez que pédagogues et enseignés se mettent à boire sur ces hauteurs pour fêter la raison et la bonne entente entre les peuples ! On pourrait craindre une véritable débauche et une pollution d’un site enneigé qui perdrait alors tout enchantement !

Elle a diligenté les gendarmes pour faire déloger les preux chevaliers de cette nouvelle croisade de prévention des risques encourus par les migrants bercés d’illusions sur l’hospitalité française.

De son côté l’association Ensemble 05 qui soutient les migrants s’est interrogée sur cette action menée par GI. De nombreuses questions lui ont brûlé les lèvres :

-         Que pense la ministre de la Justice de la redéfinition du droit national et international qu'opèrent ces néo-nazis ? Auraient-ils pris le pouvoir de gouverner à la place des autorités républicaines ? Ne commettent-ils pas un délit d'obstruction à la libre circulation qui est un droit européen et international ?

Romain Espino l’a mal digéré ! Se faire traiter de néo-nazi par ces gauchistes des Hautes-Alpes ! Ce ne sont pas là de brillants sonnets ! 

Alors il boit pour oublier. La tête lui tourne, est-ce Pineau ? 

Il traîne au bar des Gapençais ; à quels dégâts penser ? Ceux du laxisme ou ceux de l’autoritarisme ? Son cerveau se trouble ! Les bouleversements de la mondialisation mélangés aux effluves éthyliques déciment sa conscience des cimes. Il essuie de sa manche un peu de bave, les plâtres et finalement un revers !

Et si le diable s’était caché dans sa bonne conscience ?

dimanche 22 avril 2018

CES ANIMAUX QUI ANIMENT MOTS - XII



Cette nouvelle planche nous évoque l'âne Aliboron devenu premier âne transgenre. Il a souhaité changer de prénom et affirme sa féminité par du rose assuré. Il s'agit également d'évoquer le métier d'avocat particulièrement mécontent en ces périodes de suppression de petits tribunaux. La planche fait aussi référence à une jeune fille qu'on ne vit qu'une fois sur grand écran, à coté de Jacques Brel dans le film "Les risques du métier", de 1967, une œuvre de André Cayatte.

samedi 21 avril 2018

ITINERAIRES SYMPAS - 8


Il était temps que je réactive les planches d'itinéraire. La dernière en date remontait au 7 novembre 2017 et l'eau a coulé sous les ponts...

Cette planche évoque un lapin vagabond, une femme qui voyage sans son compagnon pour éviter d'être entartée, mais aussi d'un adepte du Christ, mordu par le virus du voyage. Il avait déjà la passion de la route mais la morsure l'accroît...

samedi 14 avril 2018

DE LATRAN A BERD'HUIS





Après avoir fréquenté les grands prélats de France, au couvent des Bernardins, le lundi 9 avril 2018, notre Jupiter national s’est rendu, ce jeudi 12, dans une humble école de l’Orne pour deviser avec Jean-Pierre Pernaut sous les caméras de TF1.

Commençons par la Conférence des Évêques de France (CEF) aux Bernardins lundi 9 avril. Le Président y est invité en tant que chanoine de Latran (Mais Latran sans danse au menu est) et amène, amen, un discours fleuve dont on retiendra surtout la petite phrase : « nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l'Eglise et l'Etat s'est abîmé, et qu'il nous importe à vous comme à moi de le réparer »

Ce petit pavé dans la mare continue à faire des remous. La gauche est vent debout et y voit un affront à la loi de 1905, celle de la laïcité. Mélenchon voit Macron déguisé en sous-curé assumant le rôle de VRP de la pensée chrétienne. Il est vrai qu’un Président de la République n’a pas à se soucier d’un lien qui ne peut plus exister, de jure, depuis 1905 ! La laïcité sépare bien la sphère de l’Etat de celle des religions. 

Et pourtant Macron évoque l’utilité des catholiques, il incite les fervents du Christ à prendre davantage de responsabilités dans la société, les exhorte à ne pas se sentir rejetés sous prétexte que leur combat contre le mariage pour tous, à coups de Boutinisme aigu, s’est révélé vain (de messe).

Bien entendu, les pratiquants des églises applaudissent ce discours inattendu tant le baume au cœur s’installe. Le chef de l’Etat a même parlé du salut dans son discours ! Un salut, bréviaire (et non pas insalubre Eve y erre) de notre chef Elyséen !  Alleluia ! Jupiter va s’occuper de notre âme, nous faire traverser la mer morte d’avoir été souillée par tant de vagues de perdition séculière. Ça sent la résurrection, le message messianique qui va doper les affluences dans les églises et ôter le sentiment de honte à celui qui porte en bandoulière les valeurs évangéliques. Et venge Elysée les victimes des discriminations au nom de leur culte.

Applaudissements chez le croyant, où la foi bien ancrée tient, rivalisent avec ahurissements teintés de colère chez l’anticlérical dont l’antique urée fait pisser dans un violon dès lors qu’on lui propose une quête pour le denier du culte.

Passons, à présent, à l’école. Le petit Emmanuel a toujours aimé l’école, a épousé sa prof et continue, en saignements, à donner de sa personne pour le salut de la France.
Le voilà donc, ce jeudi 12 avril, dans une classe de l’école de Berd’huis, dans l’Orne car l’Orne est l’âme utile et mat (l’Ornella Muti l’aima). Un mat rural où Jupiter accroche la voile de la communication présidentielle pour le plus grand plaisir de Tf1 et de Jean-Pierre Pernaut, interviewer patenté (pas tant que cela, à vrai dire) pour ménagère de plus de 60 ans, ménopausée. 

Au cœur du Perche (de micro), dans cette petite classe, Macron va faire du Macron pour satisfaire aux questions rustiques du journaliste dont le seul nom évoque le pastis, les cigales et les éternelles parties de pétanque pagnolesques.

Quels furent les sujets abordés ?

L'entretien a démarré par la situation en Syrie, et notamment l’attaque aux gaz toxiques à Douma, dans la Ghouta orientale. Le Président a assuré que la France agirait en Syrie après avoir vérifié toutes les informations. S’il s’avère que le chlore vient bien de Bachar-Al Assad, les rafales français frapperont les installations du tyran syrien, en guise de représailles. Le cas Syrien, né faix, est fardeau du monarque ! Il s’en délestera si la ligne rouge est franchie !

Les questions auraient pu porter sur Bachar et la ZAD mais il ne fut pas question d’évoquer les heurts de Notre-Dame des Landes car la religion avait été suffisamment abordée au couvent. Pernaut porta donc l’interview sur le sujet de la grève des cheminots. Jupiter confirma qu’il irait "jusqu'au bout", donc sans chemin de traverse, mais assura que l'entreprise ne serait pas privatisée : "Je le garantis absolument, ce sera dans la loi, 100% de capitaux d'Etat". Et les "cheminots qui sont cheminots resteront cheminots", a-t-il ajouté. Il est vrai que l’homme a toujours martelé que le changement de statut ne s’appliquerait qu’aux nouveaux venus, soit des contractuels mis sur des rails de précarité et se disant, vagues : « on reste aux rangs ? »

Puis, Emmanuel Macron dut se livrer à un exercice de pédagogie sur la hausse très critiquée de la CSG (contribution sociale généralisée). Cette sympathique mesure frappe notamment les retraités les plus aisés.  Jupiter s’expliqua : "J'ai demandé un effort aux personnes retraitées, à une partie d'entre elles. (...) Je leur dis merci." Et d'ajouter : "Je n'ai jamais pris un retraité pour un portefeuille. (...) J'ai beaucoup de considération pour les aînés." On sait désormais que Macron a une bonne vue mais si, un jour, par malheur, il croise dans la rue un portefeuille en déambulateur, il devra au plus vite consulter un ophtalmologiste si tant est qu’il y en ait un, disponible immédiatement !

Il fut ensuite question de la suppression de la taxe d'habitation après 2020, contre 80% prévus initialement. "C'est l'impôt le plus injuste qui soit", a justifié le chef de l'Etat, reprenant un vieil adage. "Vous confirmez que tout le monde en sera exonéré à la fin du quinquennat ?" l'a relancé Jean-Pierre Pernaut soucieux de son porte-monnaie. Et le président de répondre : "Oui, c'est mon objectif. Si un impôt n'est pas bon pour 80% des Français, il ne l'est pas pour 100%", a-t-il justifié. On notera la litote, arme favorite d’Emmanuel, souvent utilisée dans ce monument médiatique que le monde entier nous envie.

Puis, l’enjôleur, ange aux leurres (selon les insoumis) fut Interrogé sur la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes départementales ! Quatre vins revinrent en mémoire de l’homme, mais il fallait tourner cépage, il n’était pas là pour parler d’œnologie mais de nœuds au logis « France ». Face à cette mesure impopulaire, il promit d’établir "une expérimentation à taille réelle" à partir du 1er juillet, et "pendant deux ans". "Si ça n'a pas d'efficacité, si ça ne marche pas, on ne continuera pas", a-t-il assuré. En réalité, ça risque de ne pas marcher car, même à 80km/h on reste dans le domaine de la course.

Enfin, sur le mouvement des étudiants contre la réforme de l'accès à l'université et le blocage des facs, le président estima que "dans beaucoup d'universités occupées, ce ne sont pas des étudiants mais des agitateurs professionnels, des professionnels du désordre". Et de prévenir : "Les étudiants doivent comprendre une chose : s'ils veulent avoir leurs examens en fin d'années, ils doivent réviser. Car il n'y aura pas d'examens en chocolat dans cette République."

Une allusion aux productions de petites gâteries de Mr Trogneux, chocolatier amiénois, cher au cœur d’Emmanuel qui en a épousé la fille. Trogneux est aussi une fabrique de macarons, gâteaux qualifiés de « tout simplement délicieux »  par un certain…Jean-Pierre Pernaut, Amiénois invétéré et accessoirement interviewer jupitérien.

De Macron à Macaron il n’y aura qu’un A. Ah, ah !!

Il manque à ce billet le petit mot « carabistouilles » que Jupiter employa dans la phrase qui alléguait que les dotations de l’Etat aux collectivités n’avaient pas baissé.

-         Il ne faut pas raconter de carabistouilles aux Français, a lancé le chef de l’Etat.
Encore un mot à rajouter dans le lexique après les fameux « perlimpinpin » et « galimatias ». 

On attend le suivant avec fébrilité…

lundi 9 avril 2018

LA BATAILLE DU RAIL




Un bras de fer s’est installé entre le gouvernement et la SNCF. La compagnie, qui craint le « brade-fer » au profit de la concurrence, campe sur ses positions ! La réforme voulue par le pouvoir exécutif ne doit pas prendre les rails du succès. 

Alors les cheminots sachant miner, s’acheminant vers le front du refus, font tout ce qui est en leur pouvoir pour faire céder le gouvernement. Ils ont décidé une nouvelle forme de grève : le « 2 jours sur 5 ».

On applique deux jours de grève puis on reprend 3 jours de travail. Ce calendrier a été le fruit d’arbitrages entre quatre syndicats aux sensibilités différentes. Il est en place depuis une semaine et devrait durer jusque fin juin !

Pendant deux jours c’est la cohue dans les gares ! Sur le quai des brumes, le passager s’enrhume et l’angoisse l’étreint ! Se meurt l’entrain et jaillit l’envie de rester chez soi, poser un arrêt maladie ou se lancer dans le covoiturage. Chacun sent sa voix ferrée de sanglots rouillés au rythme d’une plainte qui déraille, en limailles… Quand le rare train arrive, on se presse, on s’agglutine comme des sardines !

Compressé, con pressé, le poète malgré tout sort son petit calepin pour écrire quatre vers sur la condition spartiate de l’usager ferroviaire. Les vers sont acerbes. Qu’a train ? 

Les cheminots n’ont pas forcément bonne presse. Une large majorité de Français (62 %) souhaite que le gouvernement aille jusqu’au bout de la réforme. 

Il est vrai que la SNCF est en mauvais état et nul n’oserait affirmer qu’elle se garde leste. Lions, par Dieu, tous nos vœux pour que la situation s’améliore car la compagnie traîne une dette de 46 milliards, que la grève ne va pas soulager !

Le gouvernement est prêt à payer cette dette avec la précieuse contribution du contribuable, pléonasme faisant loi ! Mais, il ne mettra la main au portefeuille que si les syndicats cèdent.

Trois pierres d’achoppement demeurent :

-         La suppression du statut de cheminot pour les nouveaux employés de la SNCF. L’actuel statut protège toujours le cheminot du licenciement avec l’emploi à vie. Par ailleurs, l’homme du rail bénéficie de 28 jours de congés payés par ans, soit un jour de plus que prévu par le code du travail.  Il peut partir à la retraite plus tôt (57 ans pour les sédentaires et 52 ans pour les conducteurs), bénéficie de billets de train gratuits et fait voyager sa famille en de déboursant que 10 % de la facture. Le gouvernement a beau dire que le changement de statut n’affectera que les nouveaux venus, les syndicats sont vent debout !

-         L’organisation de l’entreprise : le gouvernement souhaite voir la compagnie se transformer en société anonyme. Aujourd'hui, le groupe SNCF compte trois Epic (Établissements publics à caractère industriel et commercial) : SNCF Mobilités, l'opérateur chargé de faire circuler les trains ; SNCF Réseau, l'entité chargée de l'entretien du réseau ferré ; et pour les chapeauter, une structure baptisée... SNCF, dans laquelle sont regroupées les fonctions support. Mais l'Epic (Hait, pique et collègues rament !) étant lié à l’État, il ne peut faire faillite. C’est ce que ne veut pas la Commission Européenne qui tire les ficelles dans ce dossier !

-         L’ouverture à la concurrence : On y retrouve la marque de la Commission. L’Union européenne a fixé des dates limites pour l’ouverture à la concurrence : fin 2019 pour les lignes régionales et fin 2021 pour les lignes à grande vitesse. La troupe d’Édouard Philippe ne peut donc que se soumettre à des diktats quand bien même, par dogmatisme, elle est persuadée du bien-fondé de ces exigences. Le premier ministre aime rappeler l’exemple allemand ! Depuis bientôt 25 ans, 450 opérateurs privés se partagent 10 % du réseau germanique. La Deutsche Bahn, l'équivalent allemand de la SNCF, est en bonne santé qui gère 75% d’un marché en pleine expansion ! L’ouverture à la concurrence a permis de réduire les coûts de 30 %, de créer 300 gares et 500 km de lignes outre-Rhin ! Évidemment Édouard (qui porte une barbe noire mais ne fume pas le cigare, n’en déplaise à Nino Ferrer) se garde bien d’évoquer le système britannique ! Là, tout n’est que désolation !

Voilà donc une nouvelle crise qui vient garrotter la gare ôtée de ses trafics et qui accueille à son bar le voyageur hagard, au thé, hanté par l’attente, la foule, la compression dans les rames. 

Qui gagnera la bataille du rail ? Gouvernement, sauras-tu garder sans tracas tes nerfs (centre à caténaires ?) pour ne pas céder comme céda Juppé, il y a quelques années ?


En attendant, ma petite voisine, 78 ans, tout de bleu vêtue, a repris sa vieille 2 CV pour se rendre chez sa cousine résidant à 60 km de là. Elle a la haine ! Sa vieille citrouille peut tomber en rade à tout moment !

WAGON ? Non
Doux bleu vêt âgée aux haines ? Oui !


dimanche 8 avril 2018

LA MORT D'UN ANGE FLAMBOYANT




Ce 6 avril 2018, Jacques Hige­lin rend son dernier souffle, à l'âge de 77 ans. Un grand trouvère au cœur géant vient de quitter ce monde où il avait enraciné sa vie en guirlandes de rêves…

Né le 18 octobre en Seine-et-Marne, le jeune Jacques Hige­lin découvre les terreurs d’un conflit mondial bien avant d’être bercé par la grâce de la musique et l’ivresse de la poésie. Heureusement, son enfance a pour écrin un foyer de gens modestes mais aimants. Entouré par son père, un chemi­not d’ori­gine alsa­cienne et sa mère, d’ori­gine belge, Jacques gran­dit dans un milieu chaleureux avec son frère, Paul. Son père, pianiste amateur, lui fait décou­vrir la musique. Le petit garçon se met au chant. Il écoute sur un vieux gramophone des 33 tours de Jazz (Duke Ellington, Armstrong) et de Charles Trenet, le fou chantant, qui demeurera jusqu’à son dernier souffle son maître spirituel.

Après la guerre, Jacques commence à se produire dans des radio-crochets et pendant les entractes au cinéma, à l’époque où les salles obscures se laissaient envoûter par des parenthèses musicales.

Rattrapé par sa fièvre artis­tique, l’ado­les­cent arrête l’école à 14 ans pour se consa­crer à sa passion.  Il commence par s’exercer au curieux métier decasca­deur puis se fait enga­ger pour la comé­die musi­cale Nouvelle Orléans avec le musi­cien améri­cain Sidney Bechet, clarinettiste hors pair. Paral­lè­le­ment, il se forme à l’art drama­tique aux cours René Simon. A la fin des années 50, il obtient quelques petits rôles au cinéma. Sa première apparition se situe en 1959 dans le film « Le bonheur est pour demain » de Fabiani. Il y rencontre Irène Lhomme. Leur correspondance, ou plutôt celle d'Higelin (Frimousse) à destination d'Irène (Pipouche), sera publiée en 1987 sous le titre Lettres d'amour d'un soldat de vingt ans.  En 1961, il s’éloigne de la scène pour effec­tuer son service mili­taire et part notam­ment plusieurs mois en Algé­rie, où il anime les bals des offi­ciers.

A son retour,  comme pour rattraper le temps perdu, le boulimique Hige­lin multi­plie les projets ; au cinéma (Les saintes chéries de Jean Becker), au théâtre (La vérité suspecte), et au café-théâtre (avec Georges Mous­taki au Trois Baudets). En 1966, il co-écrit avec Brigitte Fontaine et Rufus la pièce Maman j’ai peur jouée au studio des Champs-Elysées. Il aime les rencontres et les provoque aussi. Il chante avec Areski et Brigitte Fontaine. C’est surtout avec cette dernière qu’il va resplendir. Le duo artis­tique se produit sur les scènes pari­siennes et publie un album (12 chan­sons d’avant le déluge). Ils inventent un style fantasque qui séduit le public.  Jacques Hige­lin se consacre dès lors à la chan­son et après une période hippie, il s'oriente vers le rock dans les années 1970.

En 1971, Jacques Higelin publie son premier album solo; Jacques Crabouif Hige­lin, dont il signe tous les textes. En décembre 1974, il amorce un virage musi­cal avec l’al­bum BBH 75 aux sono­ri­tés beau­coup plus rock. Il est accompagné, en autres, par un certain Louis Bertignac, futur guitariste du groupe Téléphone Artiste proli­fique, il va publier huit albums en dix ans (Irra­dié, No man’s land, La bande du Rex, Hige­lin 82 et le fameux Champagne pour tout le monde (1979) avec le titre phare « Champagne », bariolé de fantasmagories :

Satyres joufflus, boucs émissaires
Gargouilles émues, fières gorgones
Laissez ma couronne aux sorcières
Et mes chimères à la licorne


Higelin participe au premier Printemps de Bourges, en 1977, en compagnie de Charles Trenet, auquel il consacrera un spectacle en 2004-2005 : Higelin enchante Trenet, avec lequel il tourne un an, achève au Trianon en mars 2005, et dont un DVD témoigne, encore inédit à ce jour.

En 1988, l’al­bum Tombé du ciel remporte un énorme succès suivi d’une longue tour­née. En 1991, l’Album Illicite se fait surtout remarquer par son titre « Ce qui est dit doit être fait », merveilleuse chanson où l’artiste évoque la joie d’être papa. Sa petit Izia est née le 24 septembre 1990, bien après le premier fils, Arthur H (1966) et le second, Ken (1972).

Durant la décen­nie suivante, il fréquente moins les studios et espace la sortie de ses albums. Tel un troubadour flamboyant il part sur les routes pour de longues tour­nées (Aux héros de la voltige en 1994 et Para­dis païen en 1998). Ces derniers rencontrent moins de succès que les précé­dents et le chan­teur va faire une pause musi­cale pendant plusieurs années. 

Cette traversée du désert est juste entrecoupée d’apparitions sur le noir de la pellicule. On le voit à l’af­fiche de plusieurs films : Revoir Julie, de Jeanne Crépeau, en  1998 ou encore  A mort la mort, en 1999, de Romain Goupil. 

Après huit ans d’ab­sence dans les bacs il sort l’al­bum Amor Dolo­roso, en 2006.

Ses inspirations y sont multiples mais émanent pour une grande partie des voyages qu'il a entrepris : Zaïre, Sénégal, Andalousie... Au fil du temps, le bonhomme révèle son romantisme à fleur de peau. Le succès est au rendez-vous, l’ar­tiste publie plusieurs autres albums; l’an­née de son 70ème anni­ver­saire, il enre­gistre l’al­bum Coup de foudre (2010), puis Beau repaire (2013) qui nous gratifie d’une jolie Balade au bord de la rivière :

Les naïades et les ondines
Aux yeux d'opale, aux longues chevelures
Riant aux éclats, elles m'attirent
Sous les cascades vers l'au-delà de l'onde
Pure

Et je plonge
Emerveillé par ces belles
Créatures
Déesses de l'eau et du
Ciel



Son dernier album studio sera Hige­lin 75 (2016).

En 2015, le chan­teur publie son auto­bio­gra­phie,  Je vis pas ma vie, je la rêve. 

Tout est dit dans ce titre. Le chantre troubadour, amoureux de la musique et des vers aura fait de sa vie une aquarelle vivante de lyrisme, de facéties, de passion charnelle avec son public, d’incroyables moments de folies créatrices, de bouillonnement d’inspirations chatoyantes sous une chevelure dense et rebelle.

Un grand artiste vient de nous quitter.

Mais comme son modèle, Charles Trenet, il restera.

Longtemps, longtemps, longtemps
Après que les poètes ont disparu
Leurs chansons courent encore dans les rues…



Tu nous laisses tout un art exquis
Et en nos abris-gîtes fontaine
De tes vers nous redonne vie
Toi qui l'as quittée ; pas de veine !

Pars et ne te retourne pas
Lançait ta muse souveraine
Toujours plus loin vers l’au-delà
D’un éden aux vies musiciennes

Humaniste aux mille refrains
Pétri de générosité
Mais pour qu’ils suivent ton chemin
Il faut alerter les bébés !

Adieu bel ami troubadour
Champagne au sein du paradis
Le piano troublant de l'amour
Vibre aux échos de ta folie...