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lundi 8 janvier 2018

EN MARCHE TURQUE





Ce n’est pas sous un ciel bleu turquoise que le Sultan Erdogan-Le-Cynique est arrivé à Paris pour chercher une légitimité aux yeux de Jupiter.
Le temps était plutôt médiocre et les médias ne faisaient que relayer les affres de nos sympathiques tempêtes, Carmen, Bruno et Eleanor qui, à elles trois, remplaçaient le traditionnel trio Gaspard, Melchior et Balthazar, les rois mages, en dépit fané.
Le maître de Turquie eut droit à une conférence de presse conjointe à l’Elysée. Ce fut l’occasion pour lui de présenter cet air dogue-âne qu’on lui connaît bien. Dogue car prêt à mordre ce qui s’oppose à lui et âne selon le bon vieil adage : « Qui veut faire l’ange fait la bête ». Et qui incarne le mieux la bêtise, dans l’imagerie animal, qu’Aliboron ?
Le chien a mordu, se montrant un sultan et en mettant un point döner à ne pas rester trop sur le grill. A une journaliste d’Envoyé spécial qui le titillait sur son « double jeu » mené lors du conflit syrien, par l’entremise de fournitures d’armes aux salafistes, Recep Tayyip répondit :
« Toi tu parles comme quelqu’un du Feto [le surnom de l’organisation de l’imam Fetullah Gulen, accusée d’être derrière le coup d’Etat manqué de juillet 2016] ! Il n’y a pas en face de vous quelqu’un qui va avaler ces couleuvres.  Les Américains ont envoyé 4 000 camions d’armes en Syrie ! Tu devrais le savoir. » 
Ambiance.
Évidemment, c’est ce fameux coup d’état de juillet 2016 qui va durablement mettre une épine dans le pied de celui qui voudrait tant voir son pays entrer enfin dans la communauté européenne.
En réprimant sauvagement l’opposition, en phagocytant la presse, l’homme s’est coupé de l’Europe, de ses valeurs démocratiques et en premier lieu a consommé le divorce avec Mme Merkel. Cette dernière avait interdit ses meetings de campagne en Allemagne et l’homme, excédé, avait alors évoqué des « pratiques nazies ». Depuis, Erdogan a rompu, lâchant ce lierre qui l’attachait à cette femme de Bonn, à lois. Pourtant il ne voulait que faire de simples discours. Contre la menace de son rival Gulen, il souhaitait simplement qu’on formatât Turcs (conforme Atatürk) ; qu’est mal ?
Macron, lui, ne veut pas trop se brouiller avec Erdogan mais sans vouloir l’aider en carats (comme le ferait un pays dit amant) et lui signer un blanc-seing d’intronisation européenne. Il préfère parler de coopération avec ce grand pays riche de 80 millions d’habitants sans parler de sa diaspora qui s’établit sur moult pays de l’UE et qu’Erdogan appelle de ses vœux ! Il souhaite qu’elle s’accroisse par l’entremise de familles nombreuses à même d’inverser le rapport de force démographique dans les pays d’accueil. C’est la politique de la nat’ au lit.
D’une autre manière, le Sultan place des pions sur le grand échiquier et notre quiétude chancelle. Erdogan n’ignore pas qu’il représente une force, qu’il peut ne plus respecter ses engagements pour lesquels l’Europe l’a rémunéré (3 milliards d’euros) : arrêter le flot de réfugiés qui passent en Grèce pour se répandre, ensuite, en Europe. L’homme fort de Turquie peut, de mauvaise foi, justifier ses dérives autocratiques : il lutte contre le terrorisme, à sa façon. Il combat, sur ses terres, les « jardiniers du terrorisme » dont l’âme erre, noire…
Dans ce petit jeu de chantage, l’autocrate semble vouloir dire à l’Europe :
Intégrez mon pays sinon j’ouvre mes frontières, fais s’égailler les migrants, même s’ils restent tristes, et continue à susciter la natalité au cœur de ma diaspora.
Pas facile pour notre jeune Président de se frotter à un tel homme. Difficile de rire sous cape, tant cape a d’os !