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dimanche 24 mai 2020

ABÉCÉDAIRE DE LA CRISE SANITAIRE


Après un long confinement et une grosse flemme covidienne, je reprends ce blog ! Après l'hommage à Piccoli, je me suis concentré sur la manière de rattraper toutes ces semaines de silence. La solution, je l'ai trouvée dans cet abécédaire qui résume, enfin je l'espère, les différents points et aspects de cette période bizarre.


ATTESTATION

Le vilain petit virus nous condamne au confinement qu’on fit né-cessairement chez nous ! Le Gouvernement, dans un grand élan d’humanisme, daigne nous autoriser à sortir de chez nous, mais pas plus d’une heure et pour des motifs impérieux (besoin d’acheter du PQ par ex). Pour mettre le nez dehors, il faut se munir d’une attestation (téléchargeable) dûment remplie. A défaut, la verbalisation nous guette et nous gâte ! On retrouve la belle ambiance des Ausweiss (enfin l’ébauche) alors qu’on croyait avoir délaissé passé…

BARRIÈRE

Après la mort d’Alain Barrière, le nom va être récupéré pour l’associer à un autre, le mot « geste ». Je ne sais pas si le chanteur aurait été enchanté d’un tel attelage mais voilà ! Ainsi fut fait ! Le geste barrière doit nous aider à nous préserver du virus et de sa propagation. Il se décline en plusieurs réflexes : éternuer dans le coude ou sur un mouchoir à usage unique, respecter au moins 1 mètre de distance avec son voisin. Pourquoi 1 mètre ? Parce qu’en deçà on a teint pâle et dit : décime êtres, la conscience du vilain Covid19 ! Alors, sans la barrière, deux corps…aïe !

CHLOROQUINE

Défendue par le professeur Raoult, l'hydroxychloroquine - conçue pour lutter contre le paludisme- n’a pas, à ce jour, prouvé son efficacité pour neutraliser le Covid19. C'est même plutôt le contraire. Une étude tend ainsi à confirmer la présence d'effets secondaires graves, essentiellement au niveau cardiaque. Les auteurs soulignent ainsi « un risque accru d'arythmie ventriculaire » - un dérèglement du rythme cardiaque, avec un taux compris entre 4,3 et 8,1 %, le plus élevé ayant concerné les patients traités avec de l'hydroxychloroquine associée à un antibiotique.

Mr Raoult, en bon Marseillais, chercherait-il à nous prouver que la sardine chloro-clinique bouche l’accès du port à l’invasion virale ? Toujours est-il que le maître de Washington, en Trump-la-mort, vante les petites gélules dont il fait bon usage à défaut d’avoir renoncé à l’eau de Javel.

DECES
Toute phase épidémique est une période décès sans pré à vie. Les morts s’accumulent en tableaux statistiques, comptabilité froide, sans qu’il puisse être possible de les accompagner. On meurt seul, sans la moindre main toucher, sans le moindre baiser de départ. On meurt seul dans une chambre confinée.

EHPAD

Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ont particulièrement payé un lourd tribut, lors de cette crise sanitaire qui n’a pas encore dit son dernier mot. Les 7.200 EHPAD de France ont vu leurs résidents succomber sans qu’il puisse être possible d’avoir des visites de la famille. On avance un chiffre de 20.000 morts chez nos seniors (soit davantage que ce qu’avait provoqué la canicule de 2003 : 15.000 morts). La fragilité des corps, le manque de personnel, l’impossibilité de recevoir sa famille et la dépression qui en découle, tout cela explique une telle hécatombe.

Quelques économistes cyniques pourront avancer l’argument qu’une crise sanitaire d’une telle ampleur va rééquilibrer les comptes des caisses de retraite ! Que ces économistes gèrent honte !

FORCE NAVALE

Le Covid aura frappé jusqu’à notre plus haut fleuron militaire : le porte-avion Charles-de-Gaulle. C’est le pompon ! Heureusement, parmi les 1.046 marins testés positifs sur les 1.700 que compte l'équipage du navire, tous sont guéris ! Le marin, outre le fait qu’il advienne parfois un mari niais, est solide en dépit de sa mouvance sur un liquide. Un seul d'entre eux est encore hospitalisé mais hors d’Angers (on ne sait pas où ? Secret défense). La ministre désarmée, Mme Parly, a parlé aux pairs laids : elle a dévoilé que la première introduction du Covid-19 n'avait pas eu lieu lors de l'escale de Brest, où les marins ont pu aller voir leur famille, mais sans doute avant lors de relèves en mer, soit après l'escale à Chypre, où les marins restés à bord firent connaissance avec le démon souhaitant faire du gâchis. Et le gâchis prit hôte (le gars chypriote ? On n’en parle pas dans toute cette histoire !)

La rapidité de la contagion peut surprendre. Mais le Charles-de-Gaulle est un navire de guerre, où la promiscuité règne avec ses cabines dortoirs de 10 à 40 lits. La ministre estime que le commandant a été trop confiant dans sa capacité à surmonter le Covid-19 par analogie avec la grippe H1N1 (elle n'avait pas nécessité l'arrêt des opérations). Mais l'enquête démontre que la principale difficulté a été déceler des signes chez une population jeune, asymptomatique, à conserver le virus en ligne de mire, pour avoir la mire ôtée.  

GRATIFICATIONS

Chaque soir, vers 20 H, les gratifications en guise d’applaudissements étaient adressées aux derniers de cordée devenues, brutalement, les premiers sur le front de ce que Jupiter a appelé « une guerre ». Oui, chaque soir, balcons et fenêtres applaudirent les héros du monde hospitalier, les soldats du feu viral, les médecins, infirmières, aides-soignantes, au front, au front perlé de sueur surplombant un masque intensivement porté. Vous affrontez, braves, ici, maux !

Des bravos semés pour des braves au chevet de malades, entre la vie et la mort.

HÔPITAL DE CAMPAGNE

Le Covid, pour bien commencer son repas létal, avait l’Est à miner. Il démarre en trombe à Mulhouse, où un rassemblement évangélique amène (Amen !) la propagation du petit malin entre le 17 et le 21 février. On connaît la suite : les postillons et embrassades colportent le vilain démon et bientôt, le grand Est devient le cluster rouge de France.

Pour soulager l’hôpital mulhousien, débordé par l’afflux de malades, l’Etat alarmé étale armée ! Le militaire est sollicité pour le salut de la Santé. Un hôpital de campagne est établi sur le parking de l’hôpital civil. Cette unité sanitaire et militaire, d’une capacité de 30 lits, permis de désengorger les services de l’hôpital sans pour autant éviter le transfert de 163 patients alsaciens vers d’autres hôpitaux de France, ou d’Allemagne !

IMMUNITÉ

On a beaucoup parlé de l’immunité collective, lors de cette crise sanitaire. De quoi s’agit-il ? L'immunité collective correspond au pourcentage d’une population donnée qui est immunisée/protégée contre une infection à partir duquel un sujet infecté introduit dans cette population ne va plus transmettre le pathogène car il rencontre trop de sujets protégés.

Cette immunité de groupe, ou collective, peut être obtenue par l’infection naturelle ou par la vaccination (s'il existe un vaccin bien entendu). Elle n’est pas sans risque évidemment en exposant la population à l’étau létal ! On ne confine pas et on mise tout sur la capacité humaine à créer ses anticorps !

Les experts disent en général qu'une immunité collective est acquise quand 50 à 60% d'une population est infectée !

En déconfinant progressivement la population à partir du 11 mai, la France participe à l'acquisition d'une immunité collective. Petit à petit, des personnes confinées chez elles vont sortir, se retrouver au contact d'autres personnes potentiellement porteuses du virus, être en contact avec le virus et développer des anticorps pour le combattre et s'immuniser.

Mais en théorie ! Car à trop confiner, on a empêché la population de s’immuniser naturellement (à défaut de vaccin toujours introuvable). Aussi, dans les zones les moins touchées, on descend à moins de 2% de personnes infectées !
Il faut donc continuer à être prudent car ce virus âpre eut danse et pourrait bien encore danser sur nous, danser sur nous le soir de nos funérailles en appliquant sur nous garrot !

JEUX VIDÉO

Des millions de personnes ont passé leur confinement à jouer au football, à faire des courses de voitures ou à abattre des zombies. Une concurrence à la libido ! Jeux vidéo ; je vide ébats ! Mais le plus dramatique reste que ces jeux vidéo ne sont pas totalement “propres”.

Les consoles sont de grosses consommatrices d’énergie et leur recyclage suscite des inquiétudes. Elles ne sont pas concernées par la directive de l’Union européenne sur l’écoconception, qui oblige les fabricants de certains appareils à respecter certains critères environnementaux sous peine d’encourir des poursuites par les autorités nationales.

Les géants de la console - Sony, Microsoft et Nintendo – pour faire bonne figure, ont conclu avec l’UE, le 31 mars, un accord pour limiter la consommation énergétique.  Beaucoup d’écologistes pensent qu’il s’agit d’un vœu pieu, une manœuvre habile qui, de toutes manières, n’empêchera pas le virus des jeux, de la manette et de l’écran à lumière bleue.

KAWASAKI

L’état clinique de certains patients atteints du COVID rappelle la maladie de Kawasaki provoquant des maux tôt ou des maux tard, si vous motorisez, heu m’autorisez ce genre de vilain calembour. Cette maladie aiguë est caractérisée par une inflammation de la paroi des vaisseaux sanguins, particulièrement ceux du cœur (les artères coronaires). Elle touche principalement les jeunes enfants avant l’âge de 5 ans.  
Depuis le début de l’épidémie de covid-19, les enfants semblent moins touchés que les adultes par la maladie. Ils présentent le plus souvent des symptômes mineurs, parfois aucun symptôme. Mais ces données rassurantes ont été contrebalancées depuis quelques jours par la révélation de quelques dizaines de cas en Europe de maladie de Kawasaki, potentiellement liée au Covid-19. Affaire à suivre…

LÉTALITÉ

La létalité est l’ensemble des conditions qui rendent nécessairement mortelles une plaie, une lésion ou une maladie. Pour ce qui concerne le Covid19, le taux de létalité pourrait bien n’être que de 0,8 %, soit 5 fois plus qu’une grippe saisonnière mais beaucoup moins que le SRAS asiatique de 2003 (10%).
Mais les écarts sont importants selon les tranches d’âge. Un vieil homme, sale est alitée et la déclare à 10%. Une jeune femme allaite, alitée et ne la déclare qu’à 0,5%.  La mort frappe donc les plus âgés, rien de nouveau sous le soleil.

MASQUE

Masque en lien avec mascarade. Durant toute la crise, le masque aura donné dans le théâtre grotesque ! En janvier 2020, Agnès Buzyn (Buse 1), abuse de (à Buse II) confiance en disant : - le rat passe ! Ce n’est qu’une grippe et il n’y aura pas pénurie de masques en cas d’épidémie du Covid-19.

Mais, à peine un mois plus tard, Jupiter annonce que l’Etat réquisitionne « tous les stocks et la production de masques » pour protéger, en priorité, les soignants que le manque de masque harponne, et qui, sans en faire tout un fromage, redoute de voir le nombre de masques pillés monter (piémontais ?). Le 13 mars, Edouard Philippe, prend un décret de réquisition des stocks et de production de masques jusqu’au 31 mai 2020.
Le personnel médical découvre alors que notre hexagone ne dispose pas de stock nécessaire pour faire face à l’épidémie.

Tout vient de l’année 2011 durant laquelle Roselyne Bachelot en fait trop pour juguler l’épidémie du H1N1. Elle commande trop de vaccins et gère un stock de masques surdimensionné. A compte de cette date, on estime        qu’il ne faut pas conserver de stocks de masques FFP2 (les plus efficaces).

En 2013, en plein Hollandisme florissant, on décrète qu’il revient à chaque employeur (autrement dit à chaque hôpital) de déterminer l’opportunité de constituer des masques pour protéger son personnel. L’Etat se désengage du problème. Et surtout on baisse la garde car on estime que la Chine est l’atelier du monde et pourra approvisionner toute la planète en un clic ! Ainsi naît masque, hop ! Mais c’est un mauvais film qui finira par être rattrapé par le virus et Pékin sera dans l’incapacité de produire suffisamment (usines confinées).

Cette pénurie de masques fera surtout hurler ceux qui n’en ont pas besoin, confinés qu’ils sont dans leur appartement et ardents fabricants de tweets et autres messages acrimonieux à l’endroit d’un gouvernement qui, in fine, ne fait que récolter les erreurs des pouvoirs précédents.

Elle fera aussi remettre à la machine à coudre des ménagères de tous poils, ravies de ressortir leur vieille machine qui s’ingère, s’ingère dans une production domestique parfois cousue de fil blanc.

NATURE

Les avions cloués au sol, les véhicules à l’arrêt, la nature reprend ses droits. Les animaux réinvestissent les lieux, l’air se purifie, le silence côtoie le chant des oiseaux. Le confinement offre à l’écologiste l’écho logique d’une décroissance tant espérée : moins de consumérisme polluant ! Les mauvaises habitudes sont chassées, virent us !

ORCHESTRE DE CONFINEMENT

Les mosaïques harmoniques envahissent les écrans. Les membres d’orchestre jouent leur partition, chacun dans son chez soi, mais, par la magie des réseaux et de la cybernétique, la musique retrouve ses lettres de noblesse. L’impossibilité de donner des concerts en salle aura créé cette nouvelle manière de mettre en lumière un boléro de Ravel (Orchestre National de France) ou un YMCA de Village People (Orchestre du Centre Val de Loire). Qu’au vide soit extraite Euterpe !

PANGOLIN

Pauvre petite bête ! On ne la connaissait pas et voilà qu’elle apparaît au grand jour, à son grand dam. Avec la chauve-souris, il est, à son corps défendant, l’hébergeur de coronavirus, proche du SARS-Cov2. De là à imaginer qu’il fait partie de la chaîne de transmission, il n’y a eu qu’un pas.
Oui pauvre petite bête déjà bien martyrisée, qui se voit par de vilains bras cognée, depecée pour sa chair dans des pays où la gastronomie carnée laisse à désirer : gratins de chiroptères (alors que mes voisins, plus sages, pour le kir optèrent), escalopes de fourmiliers grillés au four, milliers…

QUARANTAINE

L’expression « mise en quarantaine » a repris du service ! En réalité, il s’agit d’isoler des personnes arrivant en France en provenance de l’étranger durant 14 jours. On parle d’ailleurs de « quatorzaine », période nécessaire, semble-t-il, pour être certain de ne pas porter le virus si aucun symptôme ne s’est déclaré dans ce laps de temps.
Quatorzaine, qu’a tort zen peut mettre péril si l’individu la joue trop cool, et coule…

RÉCESSION

Qui dit crise sanitaire dit crise économique. Les activités masquées tournent au ralenti ! Le télétravail cherche à colmater les brèches mais les lendemains seront difficiles pour beaucoup d’entreprises en manque de chiffres d’affaire !
Le PIB français chute de 5,8% au premier trimestre. Le bâtiment est particulièrement touché et craint les lits sans ciment ; sur les plannings les chantiers font de gros trous, les grues y errent. Le financement par l’état du chômage partiel devrait permettre la limitation du chômage et une reprise plus confortable quand le virus aura disparu. Mais, qui paiera ces dépenses publiques si ce n’est le contribuable, en étant davantage obéré (tant il porte déjà le chapeau) ou en travaillant plus pour gagner moins.
Les estaminets (que déjà l’Est a minés) restent au rang, attendent juin car le mois de mets n’a pas eu lieu. Certains vivotent en proposant des plats à livrer. Les coiffeurs reprennent du collier mais se tirent les cheveux pour savoir comment concilier productivité et gestes barrières au peigne fin. Tout est difficile !  
L’Allemagne, notre grand modèle européen, est aussi entrée en récession. Comment en France, le secteur automobile s’est effondré ; une situation dramatique qui m’ôte aux risées.
Le seul point positif dans cette histoire est l’accumulation des fonds épargnés. En ne consommant pas, les Français ont amassé une épargne phénoménale. Le livret A atteint un niveau de près de 5,5 milliards d’euros en avril (source – Caisse des dépôts) ! Les bas de laine célèbrent billets (c’est les Brebis, yeah !). Les bas amassent mais serait-ce pour financer plus tard cette destination ? Cet argent de côté, si côté (car dans l’Hexagone) fera-t-il face à la reprise ? Cette épargne est-elle une consommation juste décalée dans le temps ou s’avèrera-t-elle un coussin de précaution dans la crainte d’une nouvelle épidémie ? En fonction des comportements, la croissance, en partie tirée par la consommation des ménages, pourra bien se porter ou s’avérer valétudinaire !

SALOMON

Je ne veux pas porter de jugements mais Salomon aura, de façon quasi biblique, annoncé, jour après jour, les chiffres en lien avec ce qu’on pourrait appeler une nouvelle plaie d’Egypte.

On ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs, certes ! Mais quand sur l’arène d’œufs s’abat un tel fléau on tombe dans la déconfiture ! Il faut un indicateur, un guide, un nouveau Moïse qui nous dise : - tout va mieux, les choses s’améliorent, le pire a mis dalle sur sa tête une fois s’être enfoncé dans le trou de l’oubli…

Oui, Salomon, Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, a bien joué son rôle de grand prêtre, annonçant les chiffres de mortalité en baisse, rassurant les consciences. Ton bilan journalier, décodé en langage des sourds, qui nous aura presque fait croire que le monde restait exquis, Salomon ! Oui, la chute est un peu glissante, j’en conviens !

TESTS
Comme les masques, les tests nous auront fourni un bien joli feuilleton gratiné de polémiques.              
Comme pour les masques, on reproche au gouvernement d’avoir sous-estimé la menace et de ne s’être pas suffisamment penché sur le recours aux tests. Dès la mi-mars, le journal Le Point déclarait que la France se privait de 150.000 à 300.000 tests par semaine (bonjour la fourchette !). L’usage intensif de tests, préconisé par l’OMS, pour prévenir de la pandémie, n’a donc pas été prescrit par notre pouvoir exécutif. On reproche aussi au gouvernement Philippe d’avoir mis son veto sur…les vétos ! Hé oui, les laboratoires vétérinaires pouvaient venir en aide à ceux des hôpitaux !
Mais quand bien même nous eussions pratiqué les tests PCR sur grande échelle (éventuellement en utilisant celle des pompiers), il n’est pas certain que nous eussions mis en quarantaine tous les « suspects ». En effet, en France, les statistiques évoquent un pourcentage de 60 à 70% de fiabilité. En gros (mince alors !) il y a une chance sur trois pour qu’un patient réellement contaminé rentre chez lui, sans passer par la case « quarantaine » avec un test négatif ! Et, évidemment, et vie d’amants oblige, va contaminer sa compagne, sans le savoir !

Le problème est nasal. On prélève par frottis en vous grattant le fond des narines avec un écouvillon ! Or le virus peut être peu présent au niveau du nez mais faire déjà la java au creux de vos poumons ! Le poumon, vous dis-je !

D’autre part, il faut réaliser le test au moment où le virus est présent. C’est-à-dire au moment de l’apparition des symptômes ! Hélas, certaines personnes sont asymptomatiques !

L’ultime problème est venu de notre dépendance : des produits nécessaires (notamment les réactifs) pour faire les tests n’arrivent pas en nombre suffisant de Chine ou des USA.  90% du matériel proviendrait de l’étranger. Peut-être, en France, cela aurait été coûteux de produire, aurait pu dire le Sarthois parcimonieux, hanté par la dette. Il limitait les coûts, Fillon !

UTILE

La crise aura mis en valeur les métiers utiles, ceux liés aux soins ! Le monde de la santé aura redoré son blason ! On mesure l’utilité des actes en période de pénurie ! La rareté des choses justifie l’accroissement de leur coût. La production de soins peut devenir rare et, sauf à accepter cyniquement la mort d’une population, il faudra mieux rémunérer ceux et celles qui se battent contre la maladie, exposant leur propre vie.

Macron a promis une prime de 1500 € aux agents hospitaliers qui gèrent la crise du Covid dans la trentaine de départements les plus touchés. Un début ? Il faut le souhaiter ! Il y a tant à faire ! C’est pourquoi, Olivier Véran, le nouveau ministre de la santé, prépare un Ségur (il ne veut pas dire un Grenelle) de la Santé en se disant : quel compte est-ce ? Hé bien, un compte de faix, de charges humaines qu’il faudra financer de plus en plus !

VERAN

Oui, Olivier Véran a remplacé Mme Buzyn pour montrer qu’il n’était pas là pour faire de la figuration. Le nouveau ministre prône un plan massif d’investissement et de revalorisation pour les hôpitaux. Pour trucider la T2a (Tarification A l’Acte) qui a trop transformé l’hôpital en entreprise de guerre, il va percer Véran ! L’homme a du pragmatisme et nul n’imagine que dans les rêves errants serait Véran. Mais, attendons la suite…

WUHAN

La ville de Chine où les nuits câlines, nuits d’amour se sont transformées en cauchemar. C’est dans cette ville que l’épidémie a démarré. Dans cette cité on se régale d’animaux porteurs de virus, chauves-souris et pangolins. On vend ces animaux sur des marchés pas très bien tenus d’un point de vue hygiène.
Dans les grottes de la forêt primaire à la frontière de la Chine et du Laos, les chauves-souris peuvent abriter jusqu'à 30 souches différentes de coronavirus. Lorsque ces chauves-souris meurent, elles s’écrasent au sol et leur cadavre devient le festin de fourmis.
Les fourmis sont à leur tour dévorées par les pangolins.
A l’arrivée, au marché de Wuhan, on trouve côte à côte, des chauves-souris, des pangolins ! Les animaux sont manipulés et dépecés, ils sont entourés par des nuages de tiques et de moustiques. Leurs urines se mélangent, cela peut d’urée. Il suffit qu’un vendeur blessé à la main y ait touché puis se soit frotté les yeux ! Et voilà comment a pu commencer une pandémie mondiale.
XERFI


Spécialiste des études économiques, le groupe Xerfi a interrogé un bon millier de dirigeants français* sur la crise du Covid-19. Une majorité d’entre eux alertent sur les difficultés de trésorerie qui les attendent après le déconfinement. Le bonheur sera dans le prêt si les banquiers jouent le jeu. L’Etat continuera à jouer son rôle en reportant le paiement des impôts pour soulager des patrons qui ne sont plus dans leur assiette. Mais ce sera difficile. La trésorerie c’est le talon d’Achille des entreprises, même celles qui ont des performances en termes de chiffres d’affaire. Ces temps d’été seront suivis avec intérêt, par les économistes.

YEUX
Les yeux nous parlent davantage depuis que le masque fait florès. Le sourire doit, désormais se décrypter dans le regard. Mais les yeux sont aussi une des portes d’entrée du virus, via les postillons. On porte donc des visières dans moult entreprises, même chez celles qui travaillent à l’œil. Avec une menace qui demeure, chaque petit matin naissant craint le regard du spectre, et l’aube tique.


ZONES
Rouges ou vertes, les zones tapissent désormais notre carte de France au gré des déplacements du virus. On a supprimé les zones « hors anges » pour se redonner des ailes et y croire un peu plus ! Le rouge est sévère et pour se redonner du courage il faut ses verres et ses rouges. Finalement, il faut retenir que parmi cépages, le vin reste le plus beau cadeau français.

jeudi 21 mai 2020

MAX EST ALLÉ SE FAIRE AILLEURS...



Fils d’un violoniste, Michel Piccoli n’est donc pas attiré par le piccolo et déjà, se pique au lit, dès sa naissance, le 27 décembre 1925 à Paris, de l’idée d’être artiste mais pas forcément avec l’art chez Euterpe, car au niveau théâtre, la muse y cale !

Oui, il est passionné par les planches et fait feu de tout bois pour intégrer une troupe, une fois la guerre finie. L’adolescence corrézienne achevée, l’Allemagne capitule mais lui ne fera pas cap à Tulle ! Il intègre la compagnie Jean-Louis Barrault en Renault, ce qui lui restera une Madeleine (de Proust) ! 
A 20 ans, il est à l’affiche d’une pièce L’Invasion de Léonid Léonov, un dramaturge russe car l’âme ose coup ! Oui, son âme saltimbanque lui fait tenter le moindre rôle sans sourciller, même s’il les a Pompidoliens (les sourcils).        

Il brille d’une brève apparition au cinéma dans Sortilèges de Christian-Jaque.

-      Mon talent, sorti l’ai-je ? S’interrogera-t-il au regard du peu de temps de présence sur la pellicule.

Oui, Michel, même dans la fugacité ton talent s’étalant sait taller, bourgeonner !

En 1949, il commence à décrocher des vieux cadres de photo sépia de son appartement et des petits rôles dans deux films de Louis Daquin : Le parfum de la dame en noir, avec Serge Reggiani et Le point du jour où, le temps des pauses, il se marre avec Jean de saillies.

Durant les années 50, les seconds rôles lui tendent les bras, sauf les manchots, ça va de soi, comme dirait un type qui rêvait d’être enterré à la plage de Sète.

Il tourne notamment sous la direction de Jean Delannoy (Destinées – 1952), Luis Buñuel (la mort en ce jardin – 1956) ou encore Pierre Chenal (Rafle sur la ville – 1958). Chenal a beau lui dire qu’il va bientôt toucher le port, il peine à percer ! Dans ce métier au fil de l’eau, comment pousser l’étrave ailleurs ?

Heureusement, l’émergence du petit écran, au début des années 60, va lui permettre des subsides alimentaires sous formes de cachets à avaler entre les repas sages. On le voit dans Montserrat (1960), un téléfilm de Stellion Lorenzi, Egmont (1961) de Jean Paul Carrère, une adaptation de l’œuvre de Goethe ou encore Hauteclair (1961) de Jean Prat où il a la chance de croiser Mireille Darc.

En 1962, Michel Piccoli obtient un rôle dans le long-métrage de Jean-Pierre Melville, Le Doulos où brille un certain Belmondo qui se mêle, vil, à des sombres histoires de gangsters.

Mais c’est surtout l’année suivante, en 1963, qui se révèle grâce à son rôle de mari mis en quarantaine (bien avant le Covid-19), par sa femme interprétée par Brigitte Bardot. Le film, Le Mépris, de Jean-Luc Godard, montre toutes les facettes du talent de l’acteur. C’est dans ce film, contenant un film, que BB lance à Piccoli :
 - Et mes fesses ? Tu les aimes mes fesses ? On aurait pu imaginer la réplique de Michel : Oui, c’est du Lisse, en clin d’œil à l’Odyssée que le scénariste (qu’il incarne dans le film) devait adapter pour le cinéma.

Ce film agit comme un détonateur ! Dès lors, l’acteur est sollicité par les plus grands réalisateurs. Costa-Gavras l’embauche dans Compartiments tueurs (1965), une œuvre qui chemine haut dans l’horreur dans laquelle nous divaguons (noue dix wagons ?). Jacques Demy le recrute dans Les Demoiselles de Rochefort (1966) où il incarne Mr Dame, un nom fort ridicule qui déplaît à sa compagne (Danielle Darrieux), laquelle le quitte ! Dès lors, son âme s’terre, Dame, jusqu’au retour à Rochefort !

Hitchcock lui-même lui confie un rôle dans le thriller L’Etau (1969) un film sur fond de guerre froide, où l’on trouve également Philippe Noiret !

Dans les années 70, il devient l’acteur fétiche de Claude Sautet. Le metteur en scène le fera tourner dans le merveilleux film « Les choses de la vie » (1970), Max et les ferrailleurs (1971), César et Rosalie (1972), Vincent, François, Paul et les autres (1974), Mado (1976). Dans plusieurs de ces films, il forme un couple extraordinaire avec Romy Schneider. Une passion, jamais vraiment déclarée mais que beaucoup de médias aiment à entretenir.

En 1973, Marco Ferreri le lance dans l’aventure de La Grande Bouffe, un film qui créera la polémique et lui vaudra des crachats lors de la présentation au festival de Cannes. Aujourd’hui, reconnu comme film culte, l’œuvre est considérée comme l’emblème de la dénonciation d’un système qui court à sa perte : une satire du consumérisme, de la décadence d’une bourgeoise qui se goinfre jusqu’au suicide !


Au cours des années 1980, l’acteur demeure aussi populaire et joue notamment pour Yves Boisset : Espion, lève-toi ! (1981), Le prix du danger (1982). Il est filmé par Michel Deville : Péril en la demeure (1984), Le paltoquet (1986) à ne pas confondre avec un délaissé du guide Michelin qu’on nomme pâle toquet, ou par Claude Lelouch : Viva la vie (1983), Partir, revenir (1984). 

        
Il remporte de nombreux prix :  Prix d’interprétation masculine au festival de Cannes en 1980 pour Le saut dans le vide (de Marco Bellochio), l’Ours d’argent du meilleur acteur en 1982 pour Une étrange affaire (de Pierre Granier-Deferre), le prix du meilleur comédien du Syndicat de la critique en 1988 pour Terre étrangère (de Luc Bondy). 

Dans les années 90, l’acteur tourne avec Rivette, un héros de la nouvelle vague, la belle Noiseuse (1991). Il incarne un vieux peintre qui cherche à finir un tableau abandonné depuis 10 ans. Il trouvera un modèle en la personne de Marianne, interprétée par Emmanuelle Béart, actrice à la plastique envoûtante, à fleur de Pau quand, sur l’écran, le corps de Béart naît !


Parallèlement, l’acteur passe derrière la caméra et réalise Alors voilà en 1997, puis La plage noire en 2001, un film qui évoque les dictatures qui édictent à tort et C’est pas tout à fait la vie dont j’avais rêvé, en 2005. 

Acteur prolifique, Michel Piccoli poursuivra sa carrière sur les planches dans les années 2000, à l’affiche de nombreuses pièces : La jalousie (de Sachat Guitry – 2011), Le Roi Lear (de Shakespeare 2006-2007)…

Au cinéma, il campe le rôle du souverain pontife dans le film de Nanni Moretti, Habemus Papam, qui lui vaut le David di Donatello du meilleur acteur en 2012. Il incarne un Pape qui ne veut pas se faire les dents tant la charge ça sert d’os !


Le 12 mai 2020, l’acteur meurt à l’âge de 94 ans des suites d’un accident cérébral. Il nous laisse en héritage un visage expressif, une manière élégante de tenir tous les rôles, une belle image du cinéma français, celui de la nouvelle vague mais aussi celui de la jeune génération. Il laisse aussi l’image d’un homme engagé, très à gauche, soutenant le Mouvement de la Paix, Amnesty International.

        
Une belle âme nous a quittés…