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lundi 23 novembre 2009

REVEILLON


Loin du pont noir et austère
Le vagabond solitaire
Voit le fleuve se geler
Dans la nuit de la nativité.

Au lointain des caravanes
De bohémiens et nomades
Se confondent en chants de joie
Au milieu de nombreux feux de bois.

Il aimerait se lever
Et profiter d’un peu de fête
Se réchauffer les pensées
Défigurées par sa défaite.
Mais la force le délaisse
L’hiver est là qui le blesse
Assurant un peu plus fort sa détresse.
Il se termine à regret
Le fond de vin aigrelet
Puis vient comme un refrain :

Quelques notes féeriques
Lui chantait Manuella
La musique un peu magique
Les emmenait loin de là.
Ils se regardaient au fond des yeux
Comme les gens heureux
Elle apaisait son chagrin
Lui donnait la main...
L’emportait vers des chemins
Plus sereins, plus sereins...

Sa vie n’est qu’un long calvaire
Depuis qu’elle est sous la terre
Au royaume du néant
De l’autre côté de ses tourments.

Quand les cloches de l’église
A minuit se focalisent
Pour fêter le nouveau né
Il se sent, soudain, abandonné.
Serpentins et cotillons
Tournent en rond dedans sa tête
Il revoit le réveillon
Où tout son corps était en fête.
Ce jour où Manuella
L’avait serré dans ses bras.
Aurait-il osé faire le premier pas ?
Il voulait enfin lutter
Recouvrer sa dignité
Pour elle, si gaie, si belle !
Brusquement son existence
Chassait l’inutilité
Tant d’amour donnait confiance
A son âme retrouvée.
Les rues n’avaient plus le teint blafard
D’obsédant brouillard.
Ils marchaient dans la lumière
Oubliant l’hiver.
Mais l’hiver est revenu
Dans sa rue, dans sa rue...

Pour se réchauffer les veines
Il jette avec bien de peine
Des cailloux dans le canal
Sans briser l’épais manteau glacial.
Il s’endort sur une image
De merveilleux paysages
Où l’amour a fait son lit
En chassant les pièges de la vie.
Il s’endort ; est-il heureux ?
A-t-il enfin trouvé la porte
Qu’on ferme aux gens malheureux
Dont les soupirs sont lettre morte ?
Sous les paupières fermées
Les yeux peuvent regarder
Le flot silencieux de l’Eternité.

Mais la messe est terminée.
Les bonnes gens vont rentrer
Fêter et puis chanter !
Riez, raisonnez musique !
Oubliez tous vos tracas !
Noël est si féerique
Dans l’ambiance d’un repas.
C’est la nuit où chacun est heureux
Les enfants joyeux
Trouvent de nouveaux jouets
Dans la cheminée.
Où le feu naît puis se met en fumée, en fumée...

Et la fumée se dégage
Des cheminées du village
Rejoint les cieux pleins de nuit
Deux étoiles y brillent sans répit.
Deux étoiles étincelantes
Comme deux amants qui se chantent
Le temps du bonheur retrouvé.