CHERCHEZ DANS CE BLOG

samedi 1 février 2014

AU TEMPS DE TA CHALEUR



(Dans la digne ligne de la théorie du genre)

Je me réveille seul
La peur comme un linceul
Ma main touche en silence
Le drap de ton absence
Tu as quitté ma vie
J'en connais trop le prix
Dans ces jours de combat
Car je n'abattais pas
Autant de tâches à l'heure
Au temps de ta chaleur…

Je te revois laver
Mon pull à col roulé
Surtout pas la machine
Pour la laine argentine.
Je te revois saucer
Mitonner, cuisiner
Puis la requête aimable
"Chéri, tu mets la table ?"
Souvenirs des instants
Où je prenais mon temps !

Je te revois briquer
Les lattes du parquet
A grand coups d'encaustique
Sans reproche caustique
Tu menais à l'école
Notre amour de Carole
La reprenais le soir
Sans jamais m'en vouloir
Tu n'étais pas censée
Pourtant tout agencer !

Par l'acquis sans l'innée
Une femme au foyer
A cent corvées se plie
Jolie fée du logis
A présent qu'il me faut
Assumer les travaux
Ménagers et serviles
J'ai mal à mon viril
Je porte sans fierté
Ton petit tablier…

Plus un instant pour moi
Sauf à laisser l’effroi
Envahir mes humeurs
Face au bordel vainqueur
Je découvre, inouïe
Une maniaquerie
Pour le tout ordonné
Pour l’anti-saleté
Mon genre masculin
S’écrit au féminin.

Je te revois laver
Les marches d’escalier
Enfin je réalise
Et me culpabilise
D’avoir pris le schéma
Hérité de papa
Fruit du bel atavisme
Du tacite machisme
Et cette théorie
Du genre qui s’en nourrit…

Soudain vient comme au cœur
Tout un écho moqueur
Qui raille au vent mauvais
Ma masculinité
Piquée dans sa fierté
Paumée, déboussolée !
Torchon, balai, cabas
Non,  je n'abattais pas
Autant de tâches à l'heure
Au temps de ta chaleur…





Aucun commentaire: