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samedi 20 juillet 2013

ALLEG ET LA QUESTION


Harry Salem, connu sous le nom d’Henri Alleg, vient de mourir ce 17 juillet à Paris trois jours avant son quatre-vingt-douzième anniversaire.
Dans son livre « La question » il a dénoncé la pratique de la torture lors des « évènements d’Algérie », entorse à la dignité humaine dont il connut aussi la terreur.  Henri Alleg, né à Londres de parents juifs, s’installe  à Alger en 1939. Il s’engage auprès du Parti communiste algérien. Il devra le payer chèrement,  par la suite…
En 1951, il devient directeur du quotidien Alger républicain et a comme collaborateur un certain...Albert Camus.
Après le déclenchement de la lutte armée, le 1er novembre 1954, Henri Alleg entre dans la clandestinité ! Son journal est interdit par un colonialisme français très ombrageux à l’égard d’un communisme soupçonné, parfois à juste titre, de faire le jeu du FLN.
Bientôt Alger sera sous l’emprise du Général Massu. Alleg est arrêté le 12 juin 1957 chez son ami Maurice Audin, un mathématicien alors âgé de 25 ans, qui, lui-même capturé la veille, mourra sous la torture.
François Hollande a d’ailleurs rendu hommage à Maurice Audin lors de sa visite officielle en Algérie l’an dernier.
Le journaliste est torturé à plusieurs reprises au cours de sa détention, et ce sont les séances de « gégène » qui constituent le point de départ du livre « La Question »
Henri Alleg aura indubitablement joué un  rôle majeur dans la prise de conscience, lente et fastidieuse, de l’opinion française face aux exactions commises au nom de la République !
Ce qui n’empêche pas Madame Torture d’exercer ses talents dans de multiples régions de notre planète !
Les petites âmes d’Amnesty International ne sont pas prêtes à pointer  à Pôle Emploi.
Bien d’autres livres de bien d’autres Henri Alleg feront tôt ou tard les rayons des librairies. C’est juste une question de temps, de levée de secret, d’explosion de tabous, d’acceptation des limites de notre humanité.
Si seulement les leçons du passé pouvaient nourrir notre avenir…


La question comme un fonds
Vertigineux d’errance
Un trait de trahison
A notre intelligence
Une plaie suintante
Dans l’Histoire héritée
Un cancer d’épouvante
Qui s’est fossilisé.

La question lancinante
Dans les mémoires d’Alger
Nauséeuse, écœurante
Si longtemps éludée.
Des relents de brûlures
De décharges zébrées
L’orageuse torture
Dans la torpeur d’été…

La question sans réponse
Si ce n’est l’abjection
D’une guerre qui annonce
Ses envies d’oppression.
L’intense pourriture
Gangrénant les galons
Multiplie les ratures
D’une armée sous tension.

La question systémique
En réponse aux affronts
Des fléaux islamiques
Noirs de libération.
Du talion dans les veines
La peur à fleur de peau
En réfèrent aux gégènes
Planquées  sous le boisseau.

La question dans les mots
Qu’Alleg allégua tant
Pour dénoncer les maux
De piteux combattants
D’une cause perdue
Mais dont  l’inanité
S’est nourrie de chairs crues
Et de destins broyés.

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