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samedi 9 avril 2016

LE CHANT DU CYGNE CEDE CHEZ COFFE




Jean Pierre Coffe naît le 24 mars 1938 à Lunéville (Meurthe-et-Moselle). Lune et vies l’oient grogner la nuit, dans son berceau, pestant déjà contre la rondelle de saucisson que lui a donnée sa maman entre deux tétées à tâtons tentées.
L’enfant grandit avec l’âme aux ailes, désireux de s’envoler de sa Lorraine qu’il ne trouve pas assez quiche, heu kitsch !

Il se prend de passion pour le théâtre et va suivre, très vite, des cours renommés dont se proroge échos, Simon (dont ce pro Roger Caussimon…heu, non, lui n’a rien à voir dans cette histoire).

Après la guerre d’Algérie (il est affecté à la météorologie nationale et ne cesse de tempêter d’un timbre si rauque, haut). Il revient à la vie civile pour effectuer de petits boulots un peu bâtards mais destinés à gagner une croûte et d’éviter le pétrin. Il travaille ainsi, pour des clopinettes (et blague à part) comme représentant pour la marque de papier à cigarette JOB !

Puis le voici directeur de publicité aux Editions Laffont , métier qui livre une certaine couverture médiatique dont il saura se servir par la suite.

En 1976, il ouvre le restaurant La Ciboulette, rue St Honoré et ce n’est pas du gâteau ! Il enchaîne avec « Le Modeste ». Six boulettes ça semble effectivement modeste pour un homme ayant connu des maux d’Est mais, ne vous trompez pas, la carte n’a rien de menu et l’homme régale !

Jusqu’au jour où, escroqué par un libanais habile à déboulonner son bilan ballonné, Jean Pierre déclarera son désappointement et une faillite.

Il se retrouve alors comme meneur de revue à l’Alcazar, ce qui semble mieux que d’y être vestiaire et déplorer, en lamentable brèle, voir Madame promener son cul sur les remparts de Varsovie.

En 1984, il entre à Canal+ pour assurer des chroniques en déplorant déjà que les sucreries sous les crocs niquent l’émail.

C’est le début d’une longue carrière à la télévision : France 3, puis France 2, puis Tf1 (émission bien jardiner) où il finit par se fâcher avec son producteur tant Delarue barbe !

A partir de 2003, il rejoint l’indéboulonnable Drucker à France 2 et devient le chroniqueur pas tenté  (par les saloperies gustatives) des questions culinaires. Il fustige alors la mal bouffe, le polyphosphaté, les conservateurs de tous poils y compris Laurent, veau quiet, qui, lancé falot, pâtit de ses diatribes.

Après une année d’écriture il, revient, en 2013, sur France mais déçu de voir Sophie à rames galérer dans « jusqu’ici tout va bien » il quittera le navire qui finira par couler de lui-même, tel un camembert bien fait ayant subi des bris de maux.
La vie de ce joyeux vivant ne s’arrête pas au petit écran. On le retrouve dans les grosses têtes de Philippe Bouvard sur RTL. Il aime visiblement la radio car on l’écoute aussi sur France Inter dans « ça s’bouffe pas ça s’mange » tous les samedis de midi à 13h (de 1998 à 2008). De sa voix inimitable, il vilipende les dérives des filières de la viande qui tournent en eau de boudin, les élevages en batterie propices à la propagation du bacille de coqs. Il rue dans les brancards en lançant son fameux « c’est de la merde !».

Pour lui, le niveau des recours aux moyens légaux est mis haut. Il revendique une cuisine saine, biologique qui reste au rang du prix abordable ! Et toque !
Ceux, qu’il agace trop, nomment son combat de réactionnaire. Peu lui chaut l’effroi qu’il assène aux vendeurs de denrées rendues rudes en durée d’urée. 

Il n’est jamais plat de résistance, d’entrée, pour s’opposer à la loi qui dessert la bienséance de la qualité gustative. Il s’afflige de voir une qualité qu’on érode par apports sales aux mets.

Comme dirait un patron de café d’Antony, versant mon rouge, sans souhaiter de mal à Coffe,  puisqu’il kiffe Coffe :

-      Le chauve aux grosses lunettes rondes il en a ! Oui, il en a pour s’attaquer aux mastodontes de la bouffe et leurs grandes combines.

Oui, et toujours avec cette verve –haine qu’il infuse délicieusement avec une dérision, tel un clown auguste, hâtif (ô gustatif !).

C’est oublier qu’il pensait faire une carrière de comédien. En réalité, il brûlera rarement les planches pour préférer y mettre du pain. On le verra quand même, en 1976, dans « le genre humain » de Jean-Edern Hallier. Il se produit aussi derrière la caméra, dans une quinzaine de films (pas obligatoirement des navets destinés à faire chou blanc), dont « Violette Nozière » de Chabrol (en 1977) où il interprète le docteur Déron.

Des ronds il s’en fera surtout en interprétant son propre rôle de pourfendeur des fast-foods, sur les plateaux de TV et par la vente de ses nombreux livres à toutes les sauces  (essais, guides de jardinage, recettes de cuisine, livres pour enfants…).

L’homme qui se voulait comédien aura finalement fait ses choux gras dans la vente de son propre personnage, peu enclin à y aller avec le dos de la cuillère à l’encontre des pseudos restaurateurs.

Hélas la camarde, elle, ne lui permettra pas de sucrer les fraises plus longtemps (il était atteint de la maladie de Parkinson). Elle met les pieds dans le plat pour la fin des haricots. Une crise cardiaque l’emporte en ce 29 mars, à Lanneray (Eure-et-Loire).

On voit ses mots finis s’taire ; les pleurs arrosent Coffe !

On n’entendra plus jamais raisonner sur les plateaux de TV le « bon sang, mais c’est de la MERDE ».


Et quelque part, c’est bien triste !

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