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mercredi 30 août 2017

MIREILLE S'EN EST ALLEE



28 août 2017, à Paris - Mireille Darc vient de rejoindre Jeanne Moreau au paradis des grandes comédiennes.

Cette fois ci, son cœur, son pauvre cœur, n’a pu résister à l’ultime attaque.
Née le 15 mai 1938,  d'une mère épicière et d'un père jardinier qui la nommait « la batarde » (ambiance, ambiance !) Mireille ne se sentait ni derrière un comptoir ni dans les bottes plongées en terre. Elle voulait jouer la comédie !

Au conservatoire de Toulon elle fait ses gammes et décroche le prix d'excellence. Mais, comme en termes de tombola on ne peut dire de la rade « tout lot naît » elle pense avoir plus de chance à la loterie des rôles à décrocher en s’installant à Paris. C’est l’année 1959 mais la Capitale ne l’attend pas particulièrement ! Aussi, collectionne-t-elle les petits boulots. Elle se teste dans le mannequinat, en attendant mieux !

Elle apparaît enfin, et pour la première fois à…la télévision ! Un rôle dans 'La Grande Brétèche' de Claude Barma, 'Hauteclaire' de Jean Prat ou encore 'L'Eté en hiver' de François Chalais. A partir de 1960, elle tourne une quinzaine de films pour le grand écran avant de connaître la gloire avec 'Galia' de Georges Lautner. Elle rencontre Alain Delon sur le tournage de « Jeff », film de Jean Herman (1969) et partage douze ans de sa vie avec l'acteur.  Mais l’actrice, atteinte d’une malformation cardiaque, n’aura jamais la chance de mettre au monde l’enfant tant désiré par Alain. Les deux êtres se sépareront tout en restant amis.

Dans les années 1980, avec des premières plaintes cardiaques, elle ralentit la fréquence de ses films et se consacre à la photographie, à la télévision et au théâtre. Un accident de voiture broie ce bel élan ! La voilà clouée durant des mois sur un lit d'hôpital.

Mais rien n’arrête celle qu’on surnomme « la grande sauterelle ». En 1988, elle passe de l'autre côté de la caméra avec 'La Barbare', qu'elle réalise pour la télévision. Elle intervient dans de nombreux reportages et émissions télévisées portant sur les greffes d'organes, les prostituées, et réalise même un documentaire sur la mort et les maladies cancéreuses intitulé 'Le Doute et l'espérance'.

Mireille Darc reçoit l'Ordre national de la Légion d'honneur des mains de Jacques Delors en 2005. Après un livre de confidences sur sa relation amicale avec Alain Delon, elle le rejoint sur les planches en 2007 pour ‘Sur la route de Madison’. Elle est élevée au grade d'officier de la légion d'honneur le 1er janvier 2016.

La camarde, après moult tentatives, a fini par l’emporter.

Il nous reste ce visage si doux sous le casque d’or de ses cheveux blonds et soyeux.  On reverra toujours, avec plaisir, ses répliques face à Bernard Blier (Les Barbouzes, Laisse aller c’est une valse. On se délectera toujours de ses jeux de biche (Pouic Pouic avec Louis De Funès et Jacqueline Maillan) et de son incroyable robe dégageant un corps nu jusqu’à la naissance des fesses (Le grand blond avec une chaussure noire).


Une grande et belle dame nous a quittés.


Tristesse et stupéfaction chez les autres sauterelles…


La grande sauterelle vient de mourir. Mireille était un cas à part chez les orthoptères.

Elle était vraiment grande et avait pris forme humaine pour se montrer devant les caméras. Elle avait embrassé une carrière de comédienne.

La stupeur est grande dans la prairie.

La petite sauterelle : Je viens de quitter une décharge  où un homme d’une grande laideur faisait un tri intense ! Intense tri du laid ! Et…

Le Criquet : Comme nous !

La petite sauterelle : Quoi comme nous ?

Le Criquet : Un temps..striduler !

La petite sauterelle : Oh, arrête avec tes jeux de mots. Il était en train de trier tout en écoutant la radio et tout à coup on entend la nouvelle : Mireille est morte !

Le criquet : Mireille qui ?

La petite sauterelle : Darc

Le criquet : D’Arques ? La ville de la cristallerie ?

La petite sauterelle : Non ! Mireille Darc ! En quatre lettres. Comme Jeanne d’Arc sauf que l’apostrophe a disparu.

Le criquet : Oui, bon, et alors ?

La petite sauterelle : Mireille était la grande sauterelle ! Elle vient de disparaître ! La vie nous échappe ! Sur cette terre nous ne sommes que les passagers ! Les jours passent si vite !

Le criquet : Nous les grillons !

La petite sauterelle : Non je t’en prie Jiminy, fais ces blagues-là à Pinocchio. Moi je n’ai pas le moral !

Le criquet : Je vois ça ! T’es complètement l’ombre de toi-même. C’était quelqu’un d’important ?

La petite sauterelle : Tu parles ! Elle faisait partie des humains, les bons vivants, ce qui prennent la vie à belles dents et savent agrémenter les distractions !

Le criquet : Une comparse à visage humain ?

Sauterelle : Oui, les hommes ont eu la chance de l’admirer, les veinards ! En la voyant sur l’écran des salles obscures ils étaient gonflés à bloc ! Chacun en la voyant devait se dire : si elle dit oui…je ne dis pas non ! Et même les durs à cuire imaginaient se mettre la bride sur le cou à mourir d’amour, à prendre la valise, rien que pour elle !

Une poule : Pouic-Pouic, POUIC-POUIC....

Le criquet : Que viens-tu faire par ici, le gallinacée ?

Une poule : Ne nous fâchons pas, oh,  Monsieur, j’écoutais votre conversation et…

La petite sauterelle : Et tu nous joues les barbouzes ! Il n’y a pas de fumée sans feu ! Tu nous espionnais !

Une poule : Pas du tout, je viens de filer à vive allure. Je suis épuisée. Un essaim de bourdons a tenté de m’atteindre. L’essaim d’eux glace quand il s’élance vers vous et on ne peut guère se dire « laisse aller c’est une valse ! » Ils vous font la chasse à l’homme. D’ailleurs, je dois mon salut au fait qu’ils ont changé de proie ! Ils se sont détournés de moi pour s’en prendre à un pauvre homme, le grand blond avec une chaussure noire, vous savez, celui qui porte le borsalino et qui vit avec une Chinoise, la blonde de Pékin

Le criquet : Et alors ? Il en est mort ? Il bouffe des pissenlits par les racines ?

Une poule : Non il est vite rentré chez lui et j’ai entendu sa femme lui faire des tas de reproches ! Et « que tu ne fais jamais attention » et « que je t’ai déjà dit d’appeler les pompiers ce week-end pour détruire le nid ! » Et blablabla, ah celle-là, elle boit bas,  elle fume pas, elle drague  pas mais…elle cause ! 

Le criquet : Et alors ?

Une poule : Il lui a dit « ne t’énerve pas ma fleur d’oseille ! », sois gentille comme à l’été de nos quinze ans ! Oui, dis-moi que tu m’aimes, ô ma Virginie !

Le criquet : Oui, bon, on connaît la chanson et la vie dissolue de Gérard Floque ! Sa Virginie, la blondasse de Pékin, je peux te dire…elle n’est pas la première ! Le type est chaud ! Il paraît qu’en tant que représentant de commerce il en a eu des conquêtes ! On m’a parlé du rififi à Paname, quand, avec son ami Jeff, commercial dans le téléphone rose, il effeuillait la marguerite, en jouant l’homme pressé et sans jamais se dire « Jamais avant le mariage ! ».

Une poule : On m’a aussi parlé d’un réveillon chez Bob, son ami d’enfance, tenancier d’un bordel à Manille, le « Pena de muerte » : ils avaient invité deux filles de joie : Galia et Madly… Bon sang, elles m’ont tout raconté ! C’était Fantasia chez les Ploucs ! Les deux types étaient tellement beurrés que pour la bagatelle ils se sont débrouillés comme les ringards de service ! Quand je pense qu’ils se vantaient d’être les nouveaux aristocrates ! Le retour du grand blond chez lui fut épique, d’après ce qu’elles m’ont dit !

Le criquet : Oui, je pense qu’elles m’en avaient parlé aussi. Tellement bourré il criait dans la rue qu’il ferait n’importe quoi pour la peau d’un flic ; « je veux la mort d’un pourri » hurlait-il à la cantonade. Il a fini par être coffré après une altercation au summit, heu au sommet !

La petite sauterelle : Bon, ça suffit là, Barbouze chérie, t’as fini de me rapporter tout ce que tes oreilles ont capté ? Tu me gonfles !

Le criquet : Ok Patron !

La petite sauterelle : Tu ferais mieux d’avoir une pensée pour la grande sauterelle depuis que l’ordinateur des pompes funèbres vient d’enregistrer son matricule !

Une poule : Bon, je vous laisse entre vous ! J’aurais une certaine faciliter à vous dérider mais, en de telles circonstances, que peut l’aisance y faire (que peut l’aise  ensifère ?)

La petite sauterelle : Oui, c’est cela ! Va caqueter plus loin ! Laisse-nous nous recueillir devant sa tombe. Ma peine se mélange à la terre Indigo, couleur mortuaire chez les Chinois et mes larmes affluent vers le bleu de l’Océan…

Le criquet : C’est beau ! Ça lui aurait bien plu cette poésie à la Mireille, pour son petit conservatoire !

La petite sauterelle : Crétin !

Le criquet : Ben quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ?


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