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jeudi 29 mars 2018

ANTISEMITISME ET AMALGAMES





Mireille Knoll, 82 ans, vivait paisiblement dans son appartement parisien avec l’humilité que lui procurait une frugale pension. Elle vivait au deuxième étage d’un immeuble qui en compte dix, au plein cœur du XIème arrondissement et sa gentillesse était connue de tous.

On savait qu’elle avait porté l’étoile durant les sombres années de l’occupation et que c’est de justesse qu’elle avait échappé à la rafle du Vel d’Hiv, en 1942. Mireille était juive et c’est parce qu’elle était juive et donc présumée riche qu’on l’a retrouvée morte, lardée de coups de couteau,  son corps en partie carbonisé, ce sinistre vendredi 23 mars 2018.

Deux individus sont soupçonnés de ce crime dont un qui connaissait la victime pour lui avoir souvent rendu service, en qualité de voisin « attentionné ». Son complice présumé affiche un autre profil, celui du radicalisé. Il aurait crié « Allah Akbar » en commettant les faits.

Ainsi, Mireille a-t-elle été tuée pour sa religion et pour mille préjugés colportés sur le dos des enfants d’Israël. Son corps a été sacrifié sur l’autel de l’antisémitisme que ravivent de vieilles rancunes haineuses teintées de bêtises ineffables.

Mireille a été assassinée pour sa richesse présumée (les juifs ne sont-ils pas tous riches ?) et pour sa prétendue  haine des Arabes (les Juifs ne persécutent-ils pas les Palestiniens en les parquant dans de ghettos ou en colonisant leur territoire ?)

D’antisémitisme en antisionisme, les amalgames s’amoncellent sur le dos d’une communauté qui tremble à la simple idée d’oser porter la kippa ou de se rendre à la synagogue.

Ce mercredi 28 mars, une marche blanche a rendu hommage à la victime octogénaire.

Une longue foule a défilé dans Paris pour honorer la mémoire de Mireille et surtout pour clamer que la bête immonde ne devait plus rejaillir de l’ombre.

Mais la marche blanche se teinta de noir ! Jean-Luc Mélenchon, chef des Insoumis et Marine Le Pen, leader du FN, avaient cru bon participer à ce cortège citoyen et humaniste.

Ils ont été copieusement conspués et acculés au décrochage ! La manifestation qui se disait « pacifique » a dérapé pour se transformer en tribunal.

Les deux représentants politiques paient encore le poids des amalgames. Marine écope du carton rouge que son père aurait dû obtenir pour ses positions révisionnistes sur la Shoah. Mais Jean-Marie n'était pas là, occupé sans doute à dédicacer son livre de mémoires dans une quelconque librairie de France.

La fille a beau vouloir tuer le père, elle hérite d’une idéologie sulfureuse.

Quant à Mélenchon, on lui reproche sûrement ses petites phrases pro-palestiniennes. Il est victime de la terrible confusion. On peut être antisioniste, condamner l’hégémonie d’Israël voulue par Netanyahu, sans pour autant porter le fard infâme de l’antisémite !

Le fils de Mireille, Daniel Knoll, a d’ailleurs bien résumé l’ineptie d’une telle violence au cœur d’une manifestation qui se voulait humainement militante :

"Je pense qu’aujourd’hui toute la France aurait dû être unie. Peu importe de quel parti on vient, je m’en fous… Je pense qu’il y a des gens biens partout, dans toutes les religions, tous les partis, toutes les couleurs de peau. Et il y a des abrutis, et chez nous aussi il y a des abrutis. Je le reconnais et je ne leur donne pas raison. Tout le monde aurait dû défiler dans le calme !

La dignité de cet homme aurait dû éclairer tous les esprits chagrins.

De là où elle était, Mireille a dû pleurer de voir un tel spectacle !

C’est si loin de ce qu’elle concevait de la vie…



Son étoile éclairait l’épaisseur de la nuit
Quand elle fuyait hagarde les effrois du Vel d’Hiv
Elle revenait parfois sur ces peines transies
Dans la mémoire des jours aux blessures si vives.

Mireille vivait paisible en son appartement
Mais la flamme hébraïque attira les démons
Papillons de folie pris de noirs sentiments
Assassins maléfiques dénués de raison

Elle était la tendresse, une vie de douceur
Un soleil accroché au regard souriant
Les ténèbres ont fermé les yeux blancs du bonheur
Mireille fut emportée dans le vent violent

Les bourrasques balaient la sagesse des âmes
Dénaturent une marche qui se voulait grandeur
Soufflent dans les esprits des relents d’amalgame
La blancheur déambule dans la rue des noirceurs.

Daniel voit horrifié la tournure des passions
La mémoire de sa mère s’avilit dans la brume
Opaque au grand creuset des récupérations
Préjugés, suspicions, tout ainsi se résume...

Dans cette double peine fardée de dignité
L’orphelin psalmodie la sublime prière
Que se meure la bêtise, mère de l’indignité
Au nom de cet amour qui l’enfanta sur Terre…
 


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