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lundi 11 octobre 2010

DOC ALLAIS A PÉRI !!


Valérie Pécresse, Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, apprend avec une très grande tristesse la disparition de Maurice Allais, prix Nobel d’économie. L'homme s'est éteint ce samedi 9 octobre 2010 à l'âge de 99 ans !!

Elle salue la mémoire d’un esprit universel, capable d’embrasser d’un même regard l’économie, la physique et l’histoire. Car pour Maurice Allais, la recherche était, selon ses propres mots, la « passion dévorante » à laquelle il avait choisi de vouer son existence.

Maurice Allais entre à l’Ecole polytechnique en y voyant de la lumière qui brille de façon inversement proportionnelle aux cerveaux qui en sortent. Physicien de formation et ingénieur des Mines, il rencontre l’économie dans le contexte brûlant des années 1930 (la fameuse crise de 1929 !). Face à la Grande Dépression et à la montée de tous les extrémismes (Le petit à moustache commence à bien faire parler de lui !), il décide de se consacrer à la seule discipline capable à ses yeux d’éclairer les défis de son temps : l’Economie !!

Allais !! Allais !! Allez Allais ! L’écho nomme son nom ! Dès 1943, il publie « A la recherche d’une discipline économique », c’est autre chose qu’à la recherche du temps perdu de Proust mais c’est tout aussi imbuvable !

Son œuvre lui vaudra, en 1988, par le prix Nobel d’économie.

Professeur à l’Ecole des mines, puis Directeur de recherches au CNRS, Maurice Allais a exploré moult champs de la science économique. Il a créé des modèles mathématiques pour tenter d’expliquer les grands équilibres équilibres macroéconomiques !

Ah les mathématiques en économie ! Tout un programme ! On cherche à mettre sous forme d’équations des modes de consommation, des réflexes de producteur, des déviances de distributeurs, des réflexes erratiques de banquier, des tendances à long terme de spéculateurs contrariés par une thésaurisation stérile ! Bref, on cherche à expliquer, par des formules, des comportements humains qui échappent bien souvent à toute rationalité !!

Il n’empêche ! Quand la démonstration est brillante elle vous donne droit à un prix Nobel !! C’est toujours ça !!

A titre d’exemple il est arrivé, un jour, que Maurice Allais se pose la question de savoir « combien coûte un passager monté à Calais dans le train pour Paris ? ».

Il aurait pu considérer le problème dans l’autre sens : un Paris-Calais ou modifier les villes : Un Paris-Brest ! Mais, là, peut-être ce n’eût pas été du gâteau !!

De ces considérations ferroviaires Allais retiendra que :

· Un contrôleur estimera que la consommation de ressources supplémentaires n'est pas vraiment chiffrable, et sera tenté de répondre presque rien (coût marginal nul).

· Le chef de train sera plus mesuré : si soixante passagers font comme lui, il faut ajouter une voiture au train. Il sera donc tenté d'imputer 1/60e du coût de la voiture pendant le temps du transport. C’est de la comptabilité analytique pure et dure !!

· Le chef de ligne ne l'entend pas de cette oreille (d'autant plus s'il est sourd !) : on ne peut pas ajouter indéfiniment des voitures à un train, et au bout de 20 voitures il faut doubler celui-ci. Il souhaite donc imputer pour sa part, en plus du 1/60e de voiture précédent, 1/1 200e du prix de la motrice et du salaire de son conducteur !

· Le chef de réseau n'est pas du tout d'accord : on ne peut pas multiplier ainsi les trains sans risque sur une même voie, et à partir de 50 trains par jour il est obligé de doubler la voie. Il ajoute donc pour sa part 1/120 000e du coût de la voie (toujours rapporté au temps du transport).

Et je ne vous parlerai pas des incidences psychologiques sur la vache qui regarde passer tous ces attelages !! Et de la répercussion sur le prix du litre de lait !

Maurice Allais montre ainsi que par approximations successives on arrive à ce que doit être le coût minimal du billet pour que la compagnie ferroviaire ne se retrouve jamais dans une impasse ! D’autant plus qu’une impasse pour une voie de chemin de fer semble pire qu’une erreur d’aiguillage !!

Cet exemple lui est associé sous le nom de métaphore du voyageur de Calais, qui illustre qu'on ne peut jamais proprement parler du coût d'un bien ou d'un service, mais qu'il est plus exact de parler de coût d'une décision en indiquant à quel niveau on la considère !

C’est beau l’économie quand c’est expliqué ainsi et qu’on vous met sur la voie pour vous éviter les traverses !!

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