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dimanche 28 mai 2017

TOUCHE A MON POSTE, RENDS LE MEILLEUR !





On voudrait que cette affaire ne prît point autant d’importance, qu’elle ne fût pas relayée par tant de médias compte tenu de la gravité de bien d’autres situations sur notre planète ; pourtant, n’est-ce pas là l’occasion de mettre un terme à un type d’émission télévisée que d’aucuns avouent honnir tout en s’en repaissant ?

On voudrait mettre sous l’éteignoir le nom de Cyril Hanouna parce qu’il n’en vaut pas la peine, parce qu’il y a tant à s’indigner de mille autres scandales, guerres et viols sur notre triste planète et, cependant, nombre de Français, même ceux qui ignoraient le triste produit cathodique « Touche pas à mon poste » (sur C8), finissent par connaître ce monde parallèle, animé par un gourou déviant  et désormais sous les fourches caudines du CSA et de celles de la nouvelle ministre de la culture, Mme Nyssen.

Car, l’affaire est grave mais au-delà du simple cas d’Hanouna c’est une réflexion qu’il nous faut porter sur l’avenir de notre télévision, des sponsors qui l’alimentent et de la déontologie qui doit la maintenir à flot.

De quoi s’agit-il ? Dans un canular diffusé jeudi 18 mai, dans son émission Touche pas à mon poste, Cyril a piégé en direct des hommes qui le contactaient après s'être fait passer pour un bisexuel dans une petite annonce.

La déontologie et un minimum d’intelligence auraient dû dissuader l’animateur à se lancer dans ce genre d’expédition médiatique. Il n’en a rien été.

Lundi matin, une quinzaine de militants LGBT (Lesbiennes, Gays, Bi et Trans de France) se sont rendus au siège du CSA pour taguer le trottoir avec le slogan "Hanouna producteur d'homophobie, CSA complice".
Sur Twitter, le réalisateur Xavier Dolan a qualifié l'animateur d'"imbécile". En soi ce n’était pas un scoop, on le savait depuis un moment déjà ! Ce qui est étonnant, en revanche, c’est que certains ne s’en aperçoivent qu’à présent. Il m’aura fallu deux minutes de diffusion, un jour, alors que je m’étais égaré sur C8, par le plus malheureux des hasards, pour me rendre compte de la vacuité du personnage, de son extrême déliquescence intellectuelle qui n’avait d’égale que sa vanité.
"On peut certes rire de tout. Piétiner la dignité, c'est autre chose. Tolérer une discrimination justifie toutes les autres", s’est indignée l'ex-garde des Sceaux Christiane Taubira, revenue de nulle part.
La chroniqueuse de France Inter Sophia Aram a jugé l'épisode "à vomir": "Tu es responsable d'une banalisation des humiliations que subissent de nombreux homosexuels", a-t-elle lancé à l'animateur comme si ce dernier pouvait l’entendre !
Oui, je doute qu’Hanouna soit un fidèle auditeur de France Inter et qu’il prête attention à la chronique géopolitique de Bernard Guetta ou à celle, très scientifique, de Mathieu Vidard « la tête au carré ». Il doit y avoir une certaine carence en neurones dans sa tête à curer !



En attendant, que de buzz sur les réseaux sociaux, que d’articles concoctés en flambeaux d’indignation, que de levées de bouclier : un tel déploiement pour la défense légitime des victimes de l’agitateur d’opprobre ne peut, à mes yeux, se justifier que si la cause est nationale.

En d’autres termes en finir, une bonne fois pour toutes, avec ces émissions débiles, nivelant la culture au niveau zéro et toujours susceptibles de susciter des dérapages de toutes sortes : homophobie, xénophobie, islamophobie, railleries sur le physique des gens…

Je doute que le combat ne se place sur ce terrain.

Car alors, et depuis longtemps,  il n’y aurait plus place dans le panorama audiovisuel pour une émission comme « on n’est pas couché » de Ruquier où fausses polémiques et contre-vérités se côtoient, exacerbées par des chroniqueurs incompétents. Il n’y aurait plus audience pour « Salut les Terriens » d’Ardisson, émission durant laquelle injures et propos sexistes s’épanouissent jusqu’à voir Macron se faire traiter de gérontophile par un certain Eric Brunet sous prétexte que sa femme pourrait être sa mère !

Oui, je doute que le combat ne se porte, dans ses velléités, qu’à l’encontre d’Hanouna et que rien de change à l’avenir.

Le roi déchu (en supposant qu’il le soit), lâché par ses sponsors, laissera la place à d’autres princes de la provocation gratuite, pour le plaisir d’un certain public.

Car le petit écran aime se reconstituer ces moments de pure déliquescence intellectuelle pour capter l’esprit reptilien de millions de téléspectateurs, flatter la bassesse de nos instincts et endormir l’esprit critique.

Il alimente ainsi les réseaux sociaux qui, de tweets en tweets, de réactions en humeurs atrabilaires, se ruent sur la polémique du moment, du scandale dont il faut absolument parler, de l’indignation à laquelle nul ne pourrait déroger sous peine de se faire traiter d’inconscient ou, pire, d’indifférent à la misère humaine !

Mais où est-elle la misère humaine si ce n’est dans les bateaux de fortune des migrants de la Méditerranée, dans les plaies d’Alep, dans les geôles d’Ankara, dans le désespoir des chrétiens d’Orient ou encore dans le long sanglot des homosexuels de Tchétchénie ?

Les dérapages d’Hanouna ne doivent pas occulter toutes les réflexions que nous devons alimenter pour guérir notre planète.

La télévision se grandirait à multiplier les émissions d’éveil, d’intelligence, le plus intensément portées vers l’objectivité.


Mais le cherche-t-elle ?.


Hanouna raie
Le sens moral
A nous navrer
Mal sidéral !

Hanouna crée
La polémique
A nous nacrer
D’ire homérique

Hanouna paie
En dérision
A nous napper
D’indignation

Mais Hanouna n’est qu’un produit
Parmi tous ceux de l’incurie
Qui souillent les fleurs cathodiques
De calamités névrotiques

Et que finisse gorge chaude
Pour tant de sales baguenaudes
Issues de Cyrille Hanouna
Gorge en pleurs : Syrie la noue, na !

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