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mercredi 25 novembre 2015

LA VILLE NE RESPIRE PLUS





Bruxelles vient de sortir de quatre jours de paralysie.

Quatre jours, plus longs que des nuits, à observer de son balcon la solitude des soldats et des blindés, à l’affût de la moindre menace terroriste.
L’alerte maximale a rendu la ville quasiment morte. 

On craint les répliques d’attentat de Paris. 

Si les forces de l’ordre sont à la recherche de plusieurs suspects, elles traquent prioritairement Salah Abdeslam, un Français de 26 ans résidant en Belgique qui a joué un rôle de logisticien dans les attentats de Paris qui ont fait 130 morts. Neuf jours après, il reste introuvable alors qu’on vient de retrouver, à Montrouge (Hauts de Seine). une ceinture d’explosif qui aurait pu lui appartenir et qu’il n’a pas su activer ! 

L’homme ne s’est pas fait exploser ! A-t-il soudain renoncé à l’image du martyr ? Une peur humaine et viscérale s’est-elle soudain immiscée dans son être programmé pour l’apocalyptique hécatombe ?

Salah, qualifié d'« ennemi public numéro un » par la presse belge, aurait été exfiltré vers la Belgique, selon deux hommes qui disent l’avoir aidé.

Sa renonciation au sacrifice suprême peut lui valoir les foudres de Daech, son commanditaire. Peut-être ses compagnons d’armes l’ont-ils déjà pourfendu pour n’avoir pas été jusqu’au bout du combat !

Peut-être est-il toujours en vie, rôdant à Bruxelles ou se cachant dans quelque cave ou appartement vétuste en faisant le mort.

Bruxelles n’en sait rien et Bruxelles se protège à sa façon.

Quadrillage de la ville, fermeture d’écoles, d’université, de métros…

Paralysie officialisée, peur latente, attente auréolée d’incrédulité.

Pour un seul homme ? Pour un groupe de tueurs de sa mouvance, près à commettre l’irréparable ?

Bruxelles ne veut pas prendre le risque et revêt les oripeaux du fantôme…



La ville ne respire plus
Sous l’étau de la menace
Les façades dans la nasse
Tremblotent sans retenue

Le long des pavés mouillés
De la somptueuse place
Un soldat qui se déplace
La mitraillette aux aguets

On a fermé les écoles
Et les universités
De Brouckère vient d’héberger
Un métro sous camisole

Un décor fantomatique
D’une alerte maximale
Le prix d’un piège infernal
D’un Coran sous fanatiques

Au croisement de l’étuve
Et du chêne déprimé
De son jet trop angoissé
Manneken sent quelque effluve

L’émanation éthérée
D’urbanités angoissantes
Exhalées de peaux pesantes
De silences oppressés

Salah rôderait ici
Enfermé dans ses fantômes
Sous les sphères de l’Atomium
En novembre refroidi.

Salah, l’ennemi public
Traqué comme un rat de pluie
Jusqu’au plus noir de sa nuit
De planètes chaotiques.

Il se refusa d’occire
Au feu de déflagrations
Son corps ; belle abdication
Du culte ouvert aux martyrs

Salah pris d’incertitude
Dans son combat névrosé
Quand se baissent les volets
De boutiques d’hébétude

Éclair de lucidité
Dans cet orage assassin
Ou peur en peau de chagrin
En prélude au feu damné ?

La ville suffoque au tempo
Des battements de son cœur
Ses incompressibles  peurs
Le claquement de ses os

Le prix du renoncement
Par ses pairs est établi
Mort à lui s’il a trahi
Et que l’emporte Satan !

Salah torturé d’envie
De se rendre aux policiers
Quand résonnent le clocher
Royal de Sainte Marie…

La ville nimbée de torpeur
Anesthésiée de blindage
Au gré de ses quadrillages
Prend de grisâtres couleurs

Pour un seul homme en cavale
Dont certains croient qu’il n’est plus
Cafés, terrasses, se sont tus
Loin des bières abbatiales

La ville en sa peur s’enkyste
Sous le ciel gris pris d’antennes
Captant l’onde kafkaïenne
De présages pessimistes…
 

samedi 21 novembre 2015

MATOUS RAIENT, FÊLENT !



Matous raient, fêlent
Rien ne résiste
Me font querelle
Les terroristes !

Ma poterie
Ont fait tomber
Par minutie
L'ai recollée

Le canapé
Subit les griffes
L'ai protégé
Des agressifs

Pourtant ne peut
M'en séparer
Leurs petits yeux
Me font craquer

La dame en fer
Ignore ici
Que damne enfer
Des chats chéris

Matous raient, fêlent
Bêtises à scier
Mes rituels
De la journée

Étroit, sans maître
Est mon logis
Je sais admettre
Leurs facéties

Mater matous
Ne le puis point
Sont mes bijoux
Suis sans conjoint...



vendredi 20 novembre 2015

PUB 90


Publicité croisée
Radio motorisée
Ondes véhiculées
Consommation dopée
Consumérisme né
Juste un peu orienté
Vers l'électricité
Histoire d'être au courant
En tenant son volant
Se tenir informé
Qu'on va moins polluer
Juste un peu satisfaire
Le gentil nucléaire

LA LOI DE LA MARE





Sur la surface de la mare
Flottait le trèfle ; désir landais
De se rafraîchir d'eau bordée
De joncs, d'ajoncs et d'herbes rares

Un taon se reposa sur lui
Le temps d'un temps : sûr d'être en paix
Pour digérer le sang sucé
Ce vin d'ovin, bœuf détrempé.

Il se faisait sécher les ailes
Après l'orage qui n'avait plu
Qu'aux paysans poussant les zèles
A louer Dieu pour ses vertus

Une grenouille lorgnait ce corps
Qui se réchauffait indolent
Le vert amphibien transi s'tord
Fond sur sa proie mue d'un dos lent 

L’en cas en guise d'occis taon ?
Batracien, s'en se battre, eut sien !
Sur berge, le bœuf véhément
Se vit venger et en fit : bien !






A GRAND PERE



Depuis quelques jours, Molenbeek  fait l’objet d’une attention médiatique. Cette commune bruxelloise serait un repère de terroristes en puissance. La ville est considérée comme une pépinière de djihadistes, une base arrière de Daech, proche de la France, prête à envoyer sur l’hexagone une horde de tueurs !

Hélas, cette réputation ne peut s’améliorer à l’épreuve des faits, qui la confortent.

Dans le commando qui opéra à Paris ce vendredi 13 novembre 2015 sont apparus deux frères, Salah et Ibrahim Abdelsam. Ils étaient nés en Belgique et tous deux ont vécu dans le quartier de Molenbeek jusqu'aux attentats ! La famille y vit encore.

Par ailleurs, le cerveau présumé des attentats, Abdelhamid Abaaoud, dont la mort vient d'être confirmée à la suite des événements de St Denis, était aussi originaire de Molenbeek.

Pourtant, si hâtivement présentée comme un ghetto islamiste, la municipalité est, en réalité, très contrastée.

 Il y a, en réalité, trois Molenbeek : celui de longues avenues, où des barres d’immeubles cossus abritent une bourgeoisie moyenne, celui de maisons individuelles et celui du « quartier arabe », autour de la chaussée de Gand.

Mais à l’époque, en 1877, cette ville jumelée depuis 1981 avec celle de Balkany, ignorait la menace islamiste. Avec ses quelque 50.000 habitants,  elle était un parc industriel qu’alimentait un canal reliant l’Escaut.

Mon grand-père paternel y naquit en 1877.

Il était charretier et je ne sais rien de lui si ce n’est qu’il était titulaire d’une carte d’identité dont j’ai hérité, au gré de circonstances familiales.

Un petit document émanant de la ville de Lille (il avait demandé la nationalisation française)  et que j’ai retrouvée, un jour, dans un dossier, avec une émotion non feinte.



Grand-père je ne t’ai pas connu
Mais je t’imagine aiguiller
Deux percherons de blanc velus
Le long des berges apaisées


Le long canal offre aux chevaux
La ligne droite vers le cœur
De la cité dont les fourneaux
Crache le fracas des fondeurs.


Sabots claquant sur les pavés
Au vent les crinières agitées
Douce euphorie, primesautière


Ta cogitation vagabonde
Sous le vol secret des arondes
Dans l’éclat bleuté des linières.




jeudi 19 novembre 2015

A LEUR SANTE



C’est un rituel immuable : chaque troisième jeudi de novembre, à minuit, la nouvelle cuvée de Beaujolais nouveau est débouchée. Il donne lieu à des festivités sauf, peut-être cette année, en raisons de événements tragiques !
Enfin, on pourra quand même en déboucher une petite à la santé du RAID qui a bien tué, durant l'assaut de l'appartement de St Denis, la vie ignoble d'Abdelhamid Abaaoud, cerveau présumé des attentats du  13 novembre.
Les policiers du RAID, qui ont vraiment de la bouteille,  y sont allés au culot pour tourner ces pages sans se faire clouer au mat des risées !
Oui, quand quelques spécimens de nos logis (d’œnologie ?) abritent de terribles terroristes, le RAID sait se montrer à la hauteur et mille aises y met.
Il ne se bat pas en vain et déloge l'intrus dangereux comme on fait sauter un bouchon de champagne à moins que ce bouchon ne saute de lui même.
Oui, buvons à la santé du RAID mais aussi à celle de la BRI qui aura mis à l'abri nombre de spectateurs du Bataclan, évitant ainsi un bilan encore plus épouvantable.
Buvons à ces vaillants protecteurs qui viennent devant danger pour nous permettre de retrouver la paix.