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jeudi 8 août 2019

JEAN-MARC A QUITTE LA RUE DU COEUR DES GENS...






Jean-Marc nous a quittés, dans une tendre révérence, dans la pudeur d’un beau silence parmi les oiseaux migrateurs…

Je revois sa silhouette et cette bouche essaimant des mots de poésie et de colère. J’ai aimé ce personnage que le hasard avait mis sur ma route.

Je l’avais rencontré à La Rochelle où, avec les Châtelains (duo dont j’étais l’auteur compositeur) il chantait dans les rues, en festival off, comme on dit.

On occupait l’espace, l’agora lyrique, en se succédant. Nous fîmes plusieurs fois cette expérience, à Bourges ou encore à Aurillac.

Jean-Marc était jusqu’au bout des mots un chanteur de la rue. Mais plus que cela, il était un poète et un merveilleux éveilleur de conscience. Je le revois encore, haranguant la foule entre deux chansons. Il voulait que le monde change et son utopie se balançait avec grâce dans le vent qui balayait ses longs cheveux devenus gris.

Il chantait la vie, le cœur des gens, la vieillesse des amours qui ne meurent pas.

Il aurait pu être célèbre, devenir un second Ferré. Mais, il a choisi l’authentique scène : la rue.

Figure emblématique de la Croix Rousse, dans le 4ème arrondissement de Lyon, l’homme révolté qui avait encore tant à nous conter, s’en est allé rejoindre les étoiles qui pendent  au ciel, depuis cent mille ans.

Salut l’ami ! Tu nous quittes bien trop vite !

Au revoir l’artiste ! 



Il y avait l’amour dans ses yeux de malice

Qui reflétait l’éclat solaire du cœur des gens
En oiseau migrateur sous des cieux qui se plissent
Il volait, libertaire, dans les blessures du temps.

Les mots prenaient l’écho et le feu de sa bouche
Bousculant le passant et les chiens endormis
Comme un rayon brûlant dans le ciel qui se couche
Un éclair qui déchire mille nues affadies

Jean-Marc avait la rue comme unique voyage
Comme unique secours en ce monde en confort
Comme unique chemin jusqu’au lit de sa mort

Il me reste sa voix guidant sa poésie
Une indicible flamme au chevet d’une vie
Qui, un jour, m’emmena aux bleus de son sillage…



Jean-Marc et moi, sur une radio libre de Bourges - 1996



Jean-Marc Le Bihan (1953-2019) 





Entre les juges et les notables,
Les privilèges et les paumés,
Le non-confort, le confortable,
Les injustices, les justiciers.
Entre les querelles et les guerres,
Les oppresseurs, les opprimés,
Les civils et les militaires,
S'étend la vie au monde entier...

Mais il y a quand même des enfants
qui s'aiment,
Et qui s'aiment tendrement.
Et y'a quand même pendues au ciel
Des étoiles depuis cent mille ans...
Pour ne rien dire, pour ne rien faire,
Pour laisser passer les années,
Civilisés et gens de terre,
Villes désertes, champs goudronnés,
Sur les trottoirs, en grande foule,
Se bousculent, s'écrasent les gens,
Elle sera surpeuplée la boule
Dans cinquante ans disent les savants...
Mais il y a quand même des enfants
qui s'aiment,
Et qui s'aiment tendrement.
Et y'a quand même pendues au ciel
Des étoiles depuis cent mille ans...

JM LB
 


vendredi 19 juillet 2019

DANS LA TEMPETE, L'ECART "ANTI-AIME" DE RUGY SENT !




Il aurait pu prendre son temps mais parfois le temps t’accule à retrouver le calme, arrêt, paix chez soi (le calmar est péché, soit !) mais cette histoire de homard aura eu raison de lui. 

François de Rugy vient de démissionner du gouvernement ce mardi 16 juillet. Le ministre de la transition écologique, à la suite d’échos logiques dans leurs accusations, a rendu son tablier et n’aura pas remplacé plus de 11 mois son prédécesseur, un certain Hulot.

-    -     J’ai présenté ma démission au Premier Ministre, ce matin. Il n’en a pas fait tout un plat même si, je l’avoue, il aurait préféré que les affaires s’estompent ou, tout au moins, que les petits esprits les crussent tassées. Mais voilà, Médiapart me poursuit et les réseaux sociaux relaient l’information !  La mobilisation nécessaire pour me défendre fait que je ne suis pas en mesure d'assumer sereinement et efficacement la mission que m'ont confiée le président de la République et le Premier ministre.

L’homme pensait passer entre les gouttes, si rares, par ailleurs, en ces temps de sécheresse. Mais voilà, le feu des critiques aux gens qui cancanent adhère ! 

Jeudi 11 juillet, le ministre, sous la pression, avait dû écourter sa visite dans les Deux-Chèvres, heu Sèvres afin de rentrer précipitamment à Paris où il sentait qu’on allait lui remonter les bretelles de bouc émissaire. Convoqué par Edouard Philippe, pour un entretien de plus de deux heures, il était ressorti plutôt confiant. Le Macronisme comptait encore sur lui.

Le ministre d’État sauve momentanément son poste mais le chef du gouvernement exige une inspection en rapport avec les travaux réalisés dans l'appartement de fonction du présumé coupable. Les services du palais Bourbon se pencheront sur les dîners de l'ex-président de l'Assemblée nationale : homards géants, vins luxueux aux frais du contribuable  pour sustenter celui qui ne joue pas le contrit buvable.

Le 12 juillet, sur BFM TV, face à Bourdin, l’homme tombe dans le pathétique. Il déclare ne pas aimer le homard, déclarer des allergies aux fruits de mer. Il ajoute qu’il ne prend pas de champagne, ce breuvage infâme qui lui donne mal à la tête !



Le jour du 14 juillet, il ne reste pas dans son lit douillet quand la musique marche au pas. Mais on dirait que cela ne le regarde pas. La caméra le montre, juste derrière le Président. Il est soucieux, il n’est pas là, des tics de visage l’assaillent, des tics d’éthique mal assurée…

La pression ne se relâche pas, la mise en bière s’annonce et la mousse de l’opprobre en sa brasse rit. Les députés LREM ne marchent pas à ses côtés, soucieux de préserver cette noble idée d’une république exemplaire. 

La démission annoncée ne calme pas les ardeurs de Médiapart. Le site d’investigation s’apprête à révéler des nouvelles croustillantes sur le ministre. L’ancien maître de l’Hôtel de Lassay aurait utilisé ses frais de mandat de député pour payer une partie de ses cotisations d’élu à son ancien parti EELV, en vert et contre tous, tout en les déduisant du calcul de ses impôts. Bref, modifier l’assiette pour mieux la faire remplir de homards.

Paré au plus pressé, acculé à se défendre, François a rendu les armes pour prendre du recul. Sa démission pose sérieusement le problème de la longévité des ministres de l’écologie ! La transition n’est pas que verte, elle est aussi humaine. Le développement durable d’un patron de l’écologie reste, en France, à inventer.

Cette démission pose également la question de la fragilité d’un exécutif qui peut imploser à la moindre révélation médiatique qu’amplifient les réseaux sociaux. Jupiter, en son Elysée secoué, évoque une république de la délation qui pourrait provoquer là des las sillons de l’arrêt public. Le risque existe de voir l’exécutif constamment phagocyté par des révélations, des lanceurs d’alerte mais, en même temps (très macroniste ce « en même temps ») on ne peut laisser les hommes politiques se laisser aller dans de telles déviances, à gaspiller l’argent public à l’heure des gilets jaunes et d’une grogne perpétuelle.

Donc De Rugy démissionne et se voit remplacer par Elisabeth Borne qui, comme son nom l’indique s’occupait déjà des transports. Elle garde ce ministère et récupère le job de François sans en récupérer le statut. Elle ne sera pas ministre d’Etat et cette décision macronienne montre combien l’écologie n’est pas un souci majeur de Jupiter.

Cette femme compétente devra désormais jouer l’équilibriste entre les revendications des routiers, gros pollueurs, et les grands défis écologiques de demain. Borne is born to win, lancent ses admirateurs. Oui, quand Borne est haut en Macron mais malaise y reste. De Rugy se retire, en geignant : c’est quand le bonheur ? Si Cali m’entend (si Kalimanantan !).

Médiapart, de son coté, ne lâche plus l’ex ministre de la transition écologique. Les dernières révélations portent sur son inclination à disposer des véhicules de l’Assemblée Nationale. On apprend que l’ancien ministre se rendait en train à Nantes, alors qu’un de ses chauffeurs faisait la route en voiture, à la hâte, pour ensuite le véhiculer tout le long de ses séjours !

Quand on demande au site d’Edwy Plenel : - votre activité journalistique, de quelle source vit-elle ?

-         Non pas Vittel ! Contre excès vils !

dimanche 9 juin 2019

ITINERAIRES SYMPA - XII



Cette nouvelle planche d'itinéraires nous évoque l'obsolescence des objets mais aussi des hommes politiques (surtout quand ils sont corrompus). Elle prône le droit à la différence et termine par un clin d’œil à un rapace nocturne bien sympathique.

dimanche 28 avril 2019

LE BRASIER DE NOTRE DRAME




Plus d’une semaine après le drame de Notre-Dame, les âmes grises contemplent le triste visage de la cathédrale en se remémorant  soirée d’enfer de ce lundi 15 avril 2019.

L’incendie a ravagé toute la toiture qui  reposait sur une charpente séculaire, appelée la forêt et constituée de bois tirés de 1.300 chênes robustes dont certains avaient été taillés il y a plus de 800 ans. Une perte inestimable.

Le feu s’est acharné sur la flèche qui s’est effondrée au cœur d’un brasier fantasmagorique. L’édifice, construit par Viollet-le-Duc (1814-1879), a provoqué, dans sa chute, des trouées dans voûte de la croisée du transept, dans le bras nord et dans une travée de la nef.

Toute la nuit, des yeux effarées, des regards hallucinés, des êtres sidérés ont assisté impuissant au désastre. L’âme de Paris était en train de se consumer et sans l’intervention héroïque des pompiers, la belle dame eût succombé !

L’émotion est intense et provoque un choc national. Emmanuel Macron, qui, ce soir-là, devait annoncer des mesures en guise de conclusion du grand débat, doit annuler cette intervention. Il se rend sur les lieux pour, laconiquement, compatir à la douleur de la France. Le lendemain du sinistre, il annoncera de l’Élysée, sa volonté de reconstruire l’édifice dans un délai de cinq ans.

Les dons s’organisent qui ne font pas l’unanimité. Les grosses fortunes se pressent de se rendre au chevet de la pauvre infirme. Pinault donne 100 millions quand Arnaud double la mise avec 200 ! Qui dit mieux ! Les gilets jaunes et les précaires peuvent s’indigner ! On soupçonne les généreux donateurs d’utiliser l’obole comme outil de niche fiscale (réduction d’impôt de – 60% pour les entreprises). Et on entend la petite musique : s’ils peuvent donner autant pour Notre-Dame ils peuvent donner pour les pauvres, les compagnons d’Emmaüs, les SDF…

D’autres déplorent que le délai de 5 ans ne soit assujetti à l’obligation de présenter une Notre-Dame du plus bel effet à l’occasion des jeux Olympiques qui se tiendront à Paris en 2024 ! Le mercantilisme n’aurait-il aucune limite ?

En attendant, la noble Dame va vivre une longue période de convalescence sous sa bâche de fortune en espérant qu’Eole se fasse modeste pour ne pas emporter des lambeaux d’édifice qui risquent, à chaque instant, de s’effondrer.



Ils ont veillé, le cœur noyé dans les sanglots
L’âme de pierres qui se consumait sous les yeux
Dans ce brasier rougi d’éclats vertigineux
Ils ont veillé comme on pleure au pied d’un tombeau.

Ils ont vu, sidérés, la mémoire de l’âme
Dévastée par la nuit qui nourrissait le feu
Qu’ils fussent loin du Ciel ou si proches de Dieu
Ils ont pleuré la mort qui frappait Notre-Dame.

Et la flèche sombra dans un cri d’agonie
Comme un cierge éclairant de tragédies brûlantes
Une lamentation aux frissons d’épouvante.

Et le grand flamboiement sous le ciel aviva
Les romances d’Hugo, les yeux d’Esméralda
Les parfums légendaires fleurissant le parvis…