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dimanche 8 juin 2008

J'OIS LES OISEAUX CHANTANT LE REQUIEM DE FORET

Dans la zone de silence, sous les frondaisons des grands arbres que gèrent avec amour des sylviculteurs à contrat à durée indéterminée, sous les feuillages épais qui filtrent énergiquement les rayons solaires, sous les branches solennelles..je marchais.

Une brume printanière ourlait de son évanescence le sentier forestier tout imprégné de fragrances végétales. Et surtout le concert des oiseaux ne désemplissait pas le théâtre charnel des vibrations champêtres. Je marchais d'un pas lent en tentant de décrypter le langage des passereaux et autres habitants aviaires.

Je reconnus le chant du merle à son capiteux sifflement qui semblait me dire que le temps de la St Médard ne serait que pluie et bruine. Je pousserai la prosopopée à vous avouer qu'il me parla :

- Le temps est à l'image du monde, il est maussade, persifla-t-il.
- Tu as raison le merle, renchérit un pinson qui en pinçait pour une mésange pensive, le monde est laid et nous le voyons de là haut !
- J'ai survolé des zones de guerre, m'expliqua une hirondelle chétive aux accents syriens marbrés de lyrisme libanais, c'est terrible ! J'ai failli y laisser des plumes !
- La messagère du printemps est hospitalière, se profita de lancer un coucou souffreteux mais néanmoins spécialiste de périphrases, j'ai trouvé un niz rond d'elle et j'ai squatté. Depuis elle crèche sous une charpente !
- Tu n'es qu'un vil usurpateur, lança la mésange soudainement réactive, tu ponds tes oeufs dans les nids des autres !
- Toc, toc, tic tac, tactique, tapota un pic-vert sur l'écorce rugueuse d'un vieux chêne, qui veut chanter en se guidant à mon tempo ?
- Je veux bien, répondirent deux moineaux tous esbaudis par l'effervescence musicale qui jaillissait du coeur de la clairière !

Vous me croirez si vous le souhaitez ; mais tous ces oiseaux qui chantaient ensemble avaient oublié leurs querelles, leurs différences, leurs états d'âme.

J'ai poursuivi mon chemin, le pas allégé, sous le charme suave d'un concerto de petits becs chanteurs.

C'est alors qu'un pigeon en profita pour déverser sa fiente sur ma tonsure naissante.

Le monde n'est, décidemment, pas parfait !

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