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jeudi 12 février 2009

AVANTAGES QU'ON PARE, HATIFS, AU VENT MAUVAIS DU LIBERALISME

La théorie des avantages comparatifs de Ricardo (un Ricard d’eau sinon rien, lui lançait son pote comique Adam Smith, quel humour !) avance l'idée que les pays ont tout intérêt à se spécialiser dans les productions où ils sont les plus compétitifs et d'échanger les autres. Ainsi, selon Ricardo, cette spécialisation génère un gain de productivité dans l'ensemble des pays.


S’il vivait dans notre joli siècle (qui promet !), il pourrait prendre comme exemple la France et la Tchéquie. La Tchéquie obtient une bonne productivité dans le domaine automobile car les Tchèques sont sans provisions. Je veux dire par là qu’ils touchent peu en salaires et ne bénéficient que de peu de protection sociale. Aussi, le coût du travail en Tchéquie est-il faible par rapport à un Smicard français, travaillant à PSA, assuré social, père de trois enfants et touchant des allocations familiales, vacciné et suivi régulièrement par un médecin référent dont les honoraires sont non conventionnés...

Les constructeurs automobiles français auraient donc intérêt à faire produire les masses d’acier polluantes et génératrices de gaz à effet de serre dans ce beau pays tchèque qui vient d’adhérer à l’Europe. Donc plus de voiture fabriquée en France. En revanche, les habitants de l’hexagone se spécialiseraient dans le pinard et on verrait s’étendre les vignobles. Profitons, en l’occurrence, du réchauffement de la planète !

Quittons le domaine carrossier, tournons ces pages ! Vive les cépages ! Les métallos, les OS se retrouvent dans des stages AFPA pour une reconversion dans le raisin. Finie la dureté des ateliers, finie la vie ignoble : vive le vignoble !!

On se spécialise dans le bon vin qu’on peut alors exporter en Tchéquie.

En effet, les Tchèques qui ont glané quelques points de croissance (hausse du PIB) peuvent alors accroître les salaires des ouvriers locaux. Ces derniers disposent de meilleurs revenus pour acheter des voitures labellisées françaises et même pour acheter du bon vin venant de notre cher pays. Ainsi, grâce à la spécialisation, chaque pays se retrouve dans ses hausses productivités. Et Ricardo de frétiller comme un gardon dans sa tombe !!

Les Tchèques ont des voitures solides (le brevet est français, quand même !) et boivent du bon vin. Les accidents de la route s’accroissent du côté de Prague et font augmenter le taux de mortalité. Le taux de chômage incompressible peut, dés lors, baisser !

Tout le monde y gagne. Les Français importent des véhicules français venant de Tchéquie. Ils exportent vers de jolies régions que gouvernait, jadis, un Tito titan !

En plus, cette jolie entente fraternelle se joue dans le théâtre européen !

Mais, les cartes se brouillent.

Le Président français ne veut plus que les entreprises s’installent en Tchéquie. Renault et PSA vont toucher de l’argent des contribuables pour ne plus délocaliser. Les Tchèques boudent ! Ils menacent de ne plus acheter de vin. Quelle cène !

- Vous faites du protectionnisme, lancent-ils à l’adresse du petit Nicolas. Vous protégez votre production locale. Et nous, vous avez pensé à nous ? Si vous nous ôtez vos entreprises automobiles que vont devenir nos ouvriers ?

- Ils n’ont qu’à faire autre chose. Spécialisez vous dans des secteurs porteurs pour votre économie. Je ne sais pas moi, la bière par exemple ! Pensez à la Pilsner Urguell ; la Budweiser. Nous on veut bien fermer nos brasseries pour que vous puissez nous exporter de la bière ! Nous on veut produire en France des véhicules ! Travailler plus pour gagner plus de stock de voitures : arrivera bien un jour où les gens les achèteront !! Vous, sans doute ! Il faut y croire !

- Si on ne fait que brasserie c’est notre mise en bière. On passe de vie à mort en Moravie rétorque un Tchèque médiateur, attaché auprès du ministre du commerce tchèque (et oui, là-bas, aussi, on utilise des médiateurs !)

Pas simple de faire l’Europe en plein cœur d’une crise dont on ne perçoit pas encore les contours funestes ! Chacun se replie sur ses avantages et protège sa production !

Et ceux qui pourfendent le protectionnisme sont les premiers à protéger leurs arguments contre la morosité ambiante…

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