Dame laïcité de sa grandeur imbue
Arborait l’étendard de sa noble vertu.
Depuis que son amie Madame République
L’avait fort adoubée sur la place publique
Elle se sentait chez elle en tous lieux, monuments
Hormis, il va de soi, les nids de sacrements
Sanctuaires jaloux de leur foi séculaire
Elle eût mauvais dessein à leur porter la guerre.
Elle croyait en ces temps prolonger sa fortune
La conscience éclairer comme les nuits la lune
Frapper l’obscurantisme jusqu’à le voir occis
Circonscrire en leur âme les fielleux culs bénits.
Pourfendant le latin et les doctrines pieuses
Dame laïcité psalmodia vigoureuse
Les antiennes civiles du fervent citoyen
Tombant, quelle ironie, dans un piège divin.
Au nom de ses symboles les codes religieux
Durent cacher leur obole dans ce plus haut des cieux
Qu’ils ornaient en priant de signes ostensibles.
Elle pourfendit l’armure du sacré marcescible.
Elle voyait ses combats couronnés de lauriers
Jusqu’au jour où quelqu’un crut bon la chatouiller
En la vêtant de soie aux couleurs positives
Des ocres de prélats aux mystiques missives.
D’un seul coup le schéma de sa pensée laïque
Achoppa sur l’écueil des anciennes reliques
Le curé redorait ses galons d’enseignant
Chassant l’instituteur de ses lustres d’antan.
Il n’en fallait pas plus pour souffler sur la braise
Et raviver le feu d’infinies exégèses
Déclarée positive notre Dame des Us
Ouvrit large ses bras à Luther, à Jan Hus
Elle réchauffa le cœur des murs du Vatican
D’un discours solennel à Saint Jean de Latran.
D’une fièvre jumelle la ferveur coranique
Enflamma les vaisseaux d’une danse magique
Du port de la burqa, au besoin de mosquées
Il n’eut guère d’agoras que pour se faire prier.
Dame laïcité avala des couleuvres
Témoin désespérée des stupides manœuvres.
La justice hébétée et prise au dépourvu
Plongea désespérée dans les codes en vue.
C’est celui de la route qui trouva solution
Dans l’affaire du Niqab ; on prit la position :
- Le cache noir ne sert nulle dangerosité
Il bouge avec la tête ; vous pouvez circulez !
Mais pour un autre code aux tons de règlement
La salariée voilée vit son licenciement
Conforté bonnement par un clan prudhommal
La crèche où elle œuvrait goûta le fruit légal.
Dame laïcité devant ces paradoxes
Se trouva fort marrie du si peu orthodoxe
Regard que l’on portait à son nouveau visage
Qu’elle ressentit le dard de ténébreux présages.
Que faisait-elle chez nous ? Avait-elle encore place ?
A l’épreuve des fous, des fanatiques masses ?
Elle appela Besson le ministre génial :
- Dis, mon identité est-elle bien nationale ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire