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mardi 12 janvier 2016

LA MORT DU CAMELEON

David Bowie ne doit pas avoir un lien de parenté avec James Bowie, héros de la révolution texane, sinon il aurait fait un duo avec Frank Alamo en chantant fort et ça se serait su.

En fait, aucune parenté, car de son vrai nom David Robert Jones, l’homme a choisi Bowie pour son long couteau et sa légende. Il n’en a cure de la variété tant qu’elle est française. Car, par ailleurs, la bête de scène aima varier les looks et déguisements, se transformant en caméléon, de la pop, trouvant dans la substance camée les hauts nids des idées. On le verra même "jupé", au bord de l’aise, préfigurant une théorie des genres que n’aurait pas boudé une Najat, belle, qui assène une loi faisant avaler de travers le petit pain au chocolat de Mr Copé.


Mais revenons aux cent  cieux, heu, à l’essentiel.

Le jeune David naît le 8 janvier 1947 à Londres, soit 8 jours avant l’élection de Vincent Hors Yole (vu qu’il fit naufrage) à la présidence de notre IVème République. Mais qu’importe notre Marianne et revenons à ce prodige en herbe qui va, très jeune, suivre la trace de son demi-frère Terry Burns, de dix ans son ainé mais schizophrène et futur suicidé. Avec Teddy il développera son amour pour la musique et se mettra au saxophone pour faire l’âme anche !

Adolescent, David suit des cours de théâtre et de mime ainsi que le fil de ses idées pourtant tumultueuses. C’est un touche à tout qui n’aime pas qu’on végète à rien. Aussi apprend-t-il à jouer divers instruments : guitare d’if, basse tonnant, piano aqueux au son à mer, ressort entre les dents pour faire gain-barde …

Tout autant que composer des airs sans désert  traverser, l’homme affectionne de changer de personnages  pour théâtraliser son opéra personnel sans tomber dans le scénique sonique cynique.

Son Odyssée royal (dit Odyssée du Lys) débute en 1966 avec un petit vinyle  pas trop vénal (dira Vanel ) où Rubber Band me fait penser à la fanfare de mon bled qui ne m’a jamais pistonné en auditionnant  une partie où je me trompais tant !




Le premier franc succès sera Space Oddity, en 1969. L’année où l’homme marche sur la Lune. David  veut participer, à sa manière, à la conquête de l’espace où plane éther de nappes synthétiques. D’ailleurs il poursuivra son voyage intersidéral sidérant et précis d’errant avec son fameux « life on Mars ? »



L’artiste qui se fiche bien de savoir si un Beau Oui vaut mieux qu’un laid Non (jeu de mots complètement éculé et qui traîne pitoyable sur les réseaux sociaux), continue dans sa montée fulgurante avec  Hunky Dory en 1971. Il initie alors le mouvement glam, précurseur du mouvement punk : retour à la simplicité du rock’n roll et recherche d’une image excessivement provocante. L’homme aux yeux vairon se verra savourer sans virer en verrue ce nouveau genre musical ! Il est à glamer de partout.

Mais le poids de sa personnalité à multiples facettes écrase quelque peu le troubadour déjanté. Alors Bowie cherche de nouveaux  horizons. Il tâtera le disco soul puis s’aventurera dans une new wave embryonnaire avec la trilogie berlinoise Low et Heroes (1977).

Les Berlinois n’oublieront pas ! En Allemagne, les hommages à David Bowie affluent car la star avait des liens particuliers avec la patrie de Frau Merkel où il a participé, en 1987, au mythique Concert  for Berlin. A l’époque, galvanisant les foules des deux côtés du mur, il avait, selon beaucoup d’âme, « aidé à faire tomber le mur de la honte". Par un chant sans murmure meurt mur…


Les années 1980  rendent son mythe errant dans un grand passage à vide et plus avide à naître pas sage. C’est le calme plat en création musicale même si ses disques se vendent fort bien.

Le cinéma l’appelle et il aura les crans, sans que came errât, à ne pas refuser les offres. On le voit dans Furyo ( ) où il interprète le major Celliers prisonnier dans un camp japonais et adepte de l’antipolitique de l’autruche (corps en terre et tête dehors). On le voit aussi dans les prédateurs  (1983) avec une Catherine Deneuve obligée de boire du sang humain pour oublier son aspect  pré-dateur (elle est née - 3000 ans avant JC)

Son grand retour arrive avec les années 1990 (Outside) et jusqu’à sa mort la création ne faillira pas.



En 2003, il produit Réalité puis consacrera 10 ans pour pondre un nouvel Opus : The Next Day, en 2013. Soit le jour suivant qui sera le 8 janvier 2016. C’est le jour de son anniversaire et son dernier album (le 26ème) : Blackstar, une étoile noire, comme la dernière étape dans le long voyage étoilé, un œuvre testamentaire avec la nuit, imprévue, inattendue, au bout d’un long combat contre l’astre cancer !

David meurt à 69 ans, nous laissant une œuvre colossale tissée de musiques hétéroclites, de voix androgynes, d’innovations scéniques et avant- gardistes, de surprenantes révolutions vestimentaires, de pieds de nez à l’ordre établi.

Bref, un Artiste, avec un grand A dans sa démesure.

Sûr que son aura franchira les siècles !





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