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jeudi 23 novembre 2017

CET ESCLAVE QUI EST MON FRÈRE...




CNN a montré ce que l’humanité croyait avoir aboli : la vidéo s’est longtemps attardée sur un marché d’esclaves au cœur de la Libye en plein chaos.

Oui, l’esclavage est de retour dans sa forme la plus primaire, la plus mercantile.

Bien entendu on n’ignore pas que l’esclavagiste prend souvent des formes détournées pour faire travailler de petites mains dans des entreprises vétustes ou pour envoyer les enfants sur le marché de la prostitution philippine ou au fonds d’une mine de cobalt au cœur de la Réplique Démocratique du Congo.

Mais là, il s’agissait bien d’un esclavagisme qui n’avait rien à envier avec le commerce triangulaire de la flamboyante époque mercantiliste du 18 ème siècle.

CNN dévoilait au monde entier une vente de migrants noirs sur des marchés aux esclaves, en Libye. Le commerce d’ébène reprenait ses droits à faire retourner dans sa tombe Victor Schœlcher, père de l’abolitionniste à la sauce française et notre brave Hugo déclarant jadis : Un seul esclave sur la Terre suffit pour déshonorer la liberté de tous les hommes

Oui, notre liberté se mutile à l’aube d’une nouvelle atteinte à notre frère, à celui doit quitter son pays où règne la famine et la guerre et qui n’a comme unique alternative de risquer la noyade en Méditerranée ou de se retrouver réduit à l’état d’objet, de marchandise négociée à la bourse de l’ignominie.

Dans cet enfer humanitaire le diable se cache là il veut. Il prospère sur cette terre africaine, laissée aux mains de multinationales, entravée par des chefs d’Etat corrompus, autocrates et n’espérant plus rien d’une union africaine (UA) excellant par sa médiocrité anthropologique. Les pays d’Afrique, lors de leur sommet, n’ont jamais évoqué la crise des migrants, ni les petits arrangements entre l’Italie et les milices libyennes pour verrouiller l’accès à la mer à partir du port de Sabratha !

Mais le démon se vautre également dans le démantèlement d’une vaste zone, prise en tenaille entre l’émergence de Daech et la déliquescence d’un état que le printemps arabe n’aura pas fleuri. Après la mort de Kadhafi, le petit livre vert s’est noirci de striures mafieuses…

Enfin Lucifer prospère à l’intérieur de nos frontières de pays nantis. L’Occident se ferme, joue l’hermétisme face aux flux migratoires. Mme Merkel, à trop vouloir se montrer généreuse est en train de payer ses engagements. La chancelière allemande a buté sur la question de l’immigration lors d’une tentative de se rapprocher des libéraux pour former une coalition susceptible d’avoir la majorité au Bundestag. La dame de Berlin n’a pas su imposer sa vision et son parti (CDU-CSU) n’a pas su s’entendre avec les partenaires potentiels sur un plafonnement du nombre de demandeurs d’asile ou sur le droit au regroupement familial outre Rhin !

Oui, l’esclavage revient, bête puante dans un monde en plein désarroi !


L’ONU sera saisie, les réseaux seront sûrement démantelés mais le mal s’enracinera toujours au cœur de l’Afrique tant que cette Terre portera la fatale image de l’ancienne terre des esclaves dont on peut, sans scrupules, exploiter les richesses et qui se regarde, elle-même,  parfois, avec les yeux de la résignation…


Le noir ne fuira plus
La milice libyenne
De son ombre païenne
Lui entrave la vue

La chaîne a retrouvé
Son antique splendeur
Sur ce marché d’horreur
Où vainc le négrier

C’est du bon bois d’ébène
Marchandé à bas prix
Dans le profond mépris
Que tapisse la haine…

C’est un corps qu’on entrave
Un destin qu’on mutile
Dans un froid mercantile
C’est le corps d’un esclave

La liberté succombe
Sous le pli des billets
La monnaie déversée
Dans le cœur qui se plombe

Le noir ne fuira plus
Dans le plus frêle esquif
Tout espoir fugitif
Voit ses ailes battues…

Il purge en longue peine
Les errances du temps
Le chaos des printemps
Les grands déserts pérennes

Son corps martyrisé
Nous parle du silence
D’un monde qui s’avance
Vers son obscurité

Sa langue retenue
Par le bâillon du mal
Geint, fragile, animale
Le ciel apparaît nu

Et la terre se dérobe
Aux pieds de l’enchaîné
Se meurt l’humanité
Dans la torpeur de l’aube

La nuit jette le voile
Sur les yeux des nantis
Et sur l’oiseau transi
Qu’abandonne l’étoile

Le noir de noir se meurt
Au fond du crépuscule
L’indifférence brûle
Le bois tendre des cœurs...


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