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lundi 13 septembre 2021

BEBEL A BOUT DE SOUFFLE S'EN EST ALLE

 


Le 9 avril 1933, alors que meurt Auguste Emmanuel Pointelin (mais pas l’autre) un peintre jurassien, c’est la fête chez un autre artiste, un sculpteur. Oui, chez Paul Belmondo vient au monde le petit Jean-Paul dont la première cascade sera de sauter de son berceau pour rebondir sur le chat !

La sculpture n’attire pas le jeune garçon si ce n’est celle qui s’occupe de son corps. Il se fait une musculature de boxeur qui lui va comme un gant. Mais il aime aussi le théâtre et pas seulement pour les trois coups ! Il entre au conservatoire en 1951 et rencontre des gars sympas qui deviendront, comme lui, des incontournables du 7ème art : Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort. Le théâtre le passionne mais ses maîtres le trouvent peu talentueux. Parmi ces vilaines critiques, celle de Pierre Dux (le chef, en latin) qui affirmait que le jeune homme ne serait jamais jeune premier en raison de sa laideur ! Mais cela va le booster car l’aident heurts !

Il fait ses débuts au cinéma en 1956. S'agissant d'abord de petits rôles, il gagne la confiance de Godard, dans la mouvance de la nouvelle vague, et qui lui offre le premier rôle au côté de Jean Seberg dans A bout de souffle en 1959.

Ce film est un révélateur. Il se fait ensuite connaître comme un comédien physique, interprétant lui-même ses cascades au sein de réalisations populaires (L'Homme de Rio en 1964, Borsalino en 1970, où il partage la vedette avec Alain Delon, Le Professionnel en 1981).

Dans les années 1980, il a tendance à s'appuyer sur ce succès facile et emprisonne son personnage, entre flic et voyou. Son retour sur les planches dans le rôle de Kean, sous la direction de Robert Hossein lui est alors salvateur. Dans la foulée, il décroche un césar du meilleur acteur (mais qu'il refusera d'aller chercher) pour son interprétation dans Itinéraire d'un enfant gâté de Claude Lelouch (1988).

Il retrouve Hossein (qu’il avait tué dans un duel au pistolet pour les besoins du Professionnel ; mais le spécialiste d’Audika n’en tenait pas rancune, il ne l’entendait pas de cette oreille). Il joue dans Les Misérables en 1995 ! Puis on le retrouve chez Cédric Klapisch dans Peut-être (1999) et en 2000 dans Les acteurs, de Bertrand Blier. 

Les atours de Bébel (son surnom) sont les mimiques de son visage, et son sourire, qui parlent à tous, quelle que soit la langue. L’homme respire la joie de vivre et la sympathie.

Se plaisant dans un dandysme débonnaire, il refuse de s'enfermer dans une image de héros figée ! Aussi, boudera-t-il le cinéma pour retourner vers le théâtre.

Hélas, le comédien sera victime d'un accident vasculaire cérébral en 2001. Il s’ensuivra un long combat pour retrouver l’usage de la parole. Il peut ainsi faire son grand retour au cinéma, en 2009, aux côtés de Francis Huster qui réalise aussi le film, Un homme et son chien, drame dans lequel il interprète un homme qui se retrouve seul, à la rue, du jour au lendemain, avec son chien. 

Pour l'ensemble de sa carrière, il reçoit une Palme d'honneur au cours du Festival de Cannes 2011 ! 

En 2015, son fils Paul (coureur automobile français) lui rend un bel hommage au travers un documentaire co-réalisé avec Régis Mardon. Belmondo par Belmondo est présenté en avant-première au festival Lumière à Lyon en sa présence.

Puis, lors de la cérémonie des Césars 2017, un hommage lui est rendu en sa présence, au cours duquel le public lui fait une longue ovation debout. 

Il meurt ce 6 septembre 2021, à Paris, à l’âge de 88 ans. Un hommage national lui est rendu, aux Invalides. Emmanuel Macron, spécialiste en la matière (pour l’âme aux tiers) prononce l’éloge funèbre.

Il nous laisse le souvenir d’un comédien magnifique, généreux et terriblement éclectique. On retiendra de lui qu’il fut l’acteur-cascadeur, ne laissant personne le remplacer pour réaliser les prouesses les plus audacieuses !


Et pour clôturer ce billet, je vous propose cette histoire de voyou que n'aurait pas désavoué notre Bébel national. On y retrouve tous les titres de ses films. 



Il doit rencontrer Léon Morin, prêtre, pour se confesser. Il a pris le mauvais chemin et se voit désormais traqué comme l’animal. Léon, saura, peut-être, mieux que l’écouter. Il saura le cacher comme il a su le faire pour l’aîné des Ferchaux, l’incorrigible Pierrot le fou, qui avait une chance sur deux de se faire buter par flic ou voyou tant il flirtait avec la scoumoune !

Un tendre voyou, que ce Pierrot, qui avait quitté le confort familial, les joyeuses pâques au bord de la mer, le week-end à Zuydcoote, dans la résidence secondaire ! Oui, il avait tout pour suivre l’itinéraire d’un enfant gâté mais il ne l’avait pas désiré.

Pierrot était devenu le voleur, et le casse n’avait aucun secret pour lui ! Il était devenu le professionnel, reconnu comme le cerveau d’un gang qui sévissait, à pied, cheval et en voiture. Il avait recruté ses acolytes parmi les copains du dimanche, et même, un drôle de dimanche, il avait fait la rencontre de Stavisky, un homme au Borsalino sombre, mais qui était réputé pour être l’homme de Rio, le démoniaque chef du clan « les morfalous », recherché au Brésil, et qui s’était réfugié, à bout de souffle, en France, avec ce nom d’emprunt, un tantinet polonais, alors qu’il était un nommé La Rocca.

Oui, l’as des as du grand banditisme mondial !

Oui, il avait été subjugué par cet homme, en échappement libre, et qui l’avait mis sur le coup : cent mille dollars au soleil les attendaient, dans une banque de Nice, mal gardée.

- Ce ne sera pas la mer à boire, avait dit Stavisky (alias La Rocca), le hold-up s’avère facile, car j’ai des contacts sur place, dont docteur Popaul, un spécialiste des chirurgies faciales ! Oh, on peut dire « le marginal », très loin de l’éthique de son Ordre ! Grâce à lui on ne devrait pas être reconnus !

Confiant dans ces dires, il avait tenté, par un beau matin d’été, ce coup fumant, le casse qu’il croyait du siècle ! Mais il tomba sur une peau de banane, et ce qui promettait être un bonbon doucereux, était devenu un lot de dragées au poivre !

Il y avait eu une fuite ! Deux compères avaient cru bon de jouer les Don juan de la côte d’Azur, auprès d’une jeune femme, Mademoiselle Ange, qui sous ses airs improvisant la novice, ne cachait pas moins une âme de flic ! Amazone de la brigade criminelle, elle savait très bien qu’en couchant avec un des deux malfrats elle ne se disait pas « un homme qui me plaît » mais plutôt « voilà le corps de mon ennemi ».

Les deux malfaiteurs, plongés dans les distractions lubriques, s’étaient laissés aller à des confidences sur oreiller, complètement charmés par la Française et l’amour. Elle, avait ri intérieurement, en se disant que cette aventure ne s’inscrirait pas dans les amours célèbres !

L’un lui avait parlé d’un ami pékinois qui avait braqué pas mal de banques à Shangaï. Il avait vanté les tribulations d’un Chinois en Chine, en disant de cet ami qu’il était « le magnifique » et que lui, il était l’héritier de cet homme, il en avait acquis tous les vices !

L’autre s’était épanché sur faux passé américain. Pour séduire la fille, il avait prétendu être le dernier capitaine d’un bateau à aube au joli nom de « les mariés de l’an II », qui faisait résonner la sirène du Mississipi. Ce mythomane rajoutait que les cent et une nuit que durait la remontée du grand fleuve, il devait parfois faire du ménage chez les acteurs de la 3° classe, les misérables composant une classe tous risques ! Mais il agissait avec diplomatie, moderato cantabile !

Et blablabla, dans la foulée, il glissait qu’il préparait « quelque chose » qui ferait scandale sur la Riviera ! Qu’on en parlerait dans le Casino Royale et, peut-être même, jusqu’à la Ciociara de Rome ! Le tout imbibé d’alcool qu’elle lui resservait pour en savoir plus, car une femme est une femme ! Et comme de surcroît elle était flic pas question d’entendre « sois belle et tais-toi ! ». Elle avait même plutôt du talent pour faire délier la langue de ce qu’elle nommait « le guignolo » et qui, à son insu, jouait le doulos !

 Elle avait glané suffisamment de renseignements pour faire capoter le « coup du siècle » et lancer la chasse à l’homme. Stavisky s’était fait coincer et enfermer à double tour après avoir gâché sa dernière cartouche !

Lui a échappé à la traque ! Il se retrouve sur Paris et cherche son salut ! La neige tombe. Il est comme un singe en hiver, grelottant sous son imper pour affronter le jour le plus court de l’année. Le froid le dévore. Paris brûle-t-il de ces gelées insupportables ? Les rafales glacées créent comme une peur sur la ville.

Il croise un homme et son chien. Ils font semblant d’être heureux ! Les tricheurs, pense-t-il, comme s’il était impossible de ressentir de la félicité par un froid glacial.

Enfin, le presbytère ! Il sonne. Léon lui ouvre et voit en lui le solitaire, le raté du banditisme, l’alpagueur déchu ! Il donne l’hospitalité !

- Je fais cela pour toi, dit Léon, en respect pour notre vieille amitié. Mais fais profil bas ! N’ouvre à personne ! Nul ne doit savoir que je te cache ! Tu dois rester l’inconnu dans la maison !




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