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dimanche 11 septembre 2016

THE FALLING MAN




Il y a 15 déjà, comme l’aurait chanté Mort Shuman…

Les deux tours jumelles s’effondrent en ce 11 septembre 2001 et leur chute annonce l’ouverture d’une nouvelle ère, celle du terrorisme aveugle, mondialisé et dont nul ne sait jusqu’où iront ses aboutissements.

Avant que les symboles de la fierté américaine ne tombent, des hommes seront tombés.

Des hommes, en chute libre, résignés à la mort inévitable, préférant ce sacrifice au bucher imminent.

Le  photographe Richard Drew, qui couvrait pour AP un défilé de mode à Manhattan, ce jour-là, s’est rendu sur les lieux. Il a saisi un corps qui tombe.

Un corps filant vers le trépas, aux mains de la gravitation, se fixe désormais dans l’immobilité intemporelle, dans l’éternité iconographique, dans la symbolique résiliente.

Reprise dans les journaux du monde entier, cette photographie va, cependant, vite disparaître. Une sorte d’autocensure face à la dérangeante et nouvelle représentation du mourant. Ici, pas de sang, pas de violence, on sort du cliché classique de la guerre.

L’homme va mourir mais la vie bat encore dans son cœur. C’est un mort en sursis, on imagine l’impact, on se projette dans son éphémère désespérance.


Cette photo est belle et insoutenable à la fois.


Entre feu de l’enfer et le grand saut de l’ange
Il a choisi son camp dans le flot des fumées
Le corps fuit le brasier mais l’attraction le mange
Inéluctablement, sous les yeux médusés

L’instantané le prend en sa froideur focale
Et de l’apocalypse en façonne une icône
Cliché d’avant la mort, devenu mémorial
De ce jour engendrant le siècle qui détonne

Un corps en chute libre devant l’orgueil blessé
Des tours qui jumelaient l’indécence fierté
De l’argent souverain ; avant l’effondrement

Entre ciel et la terre, suspendu par le fil
Invisible d’effroi, d’affres indélébiles
Ce corps qui va mourir tient l’aura du vivant. 

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