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mardi 19 février 2008

POUR LES ENFANTS QUI ONT MON DENTIER (HOMMAGE A YVES)


Pour les enfants qui ont mon dentier
Je voudrais bien le récupérer.
Sachez : ce n’est pas des manières
Question d’hygiène alimentaire.
Car un dentier qui disparaît
C’est l’estomac qui tire un trait
Sur une poire qui f’ rait languir
Une forêt noire qui f’ rait plaisir.

J’ai vu des enfants s’en aller
Sourire aux lèvres, l’air amusé
Mais enfin, on n’ leur a pas dit
Que voler c’était interdit !
La joie se lisait sur leur mine
Mais c’est Duteil qu’on assassine !
Ce n’est pas tellement pour le prix
Mais comment serais-je nourri ?

Et combien faudra-t-il payer
Pour récupérer ce dentier ?
Je me morfonds dans ma baignoire
Ah mais, quelle saleté d’histoire !
Quel garnement, peut-être Gilles
Ou bien Sylvain, cet imbécile
A pu me forcer au silence
A tant de jeunes et d’abstinence ?

L’inconscience de la jouvence
A mis le feu à leur enfance.
Ils ont déjà volé des cirés
Et les parfums d’un barbu laid.
Peut-on convaincre l’instituteur
De les questionner toute à l’heure
Savoir où sont cachées mes dents ?
J’en ai besoin de temps en temps.

Pour les enfants qui ont mon dentier
Je dis : « ce n’est pas un jouet ! »
Je dois manger à la cuillère
Une purée de pommes de terre.
Dans mon sommeil de somnifère
Où je m’endors les yeux ouverts
Je vois voler pour un instant
Une cohorte d’aliments.
Y’a des desserts qui font la ronde
Dans ma tête pour quelques secondes.
Parfois, je pense au Père Noël
Je rêve à des enfants modèles !
Mais le jour survient la rancoeur
Qui me titille trop le coeur.
Je mange du pâté crû, au thé
Une recette patentée (beurk !)

Je n’ai pas l’ombre d’un pouvoir
Pour me rhabiller les mâchoires
Mais j’ai des chances aujourd’hui
Qu’on me prête un dentier. Mais oui !
Il est crasseux et plutôt vil
Il vient d’un gitan en exil
Qui n’en a plus besoin du tout
Vu qu’on l’a mis au fond d’un trou.

Vous qui avez des dents entières
Vous comprendrez bien ma misère.
Ce dentier ce n’est pas le pied
Mais ça permet de dépanner.
Ah, vous les mères de ces Cheyennes
Si vous concevez là ma peine
Il faudra me faire avouer
L’endroit où ils me l’ont caché..
Ces enfants qui ont mon dentier.
Ces enfants qui ont mon dentier..

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