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vendredi 23 octobre 2009

UN DEMI SIECLE PLUS TARD...



Le village de Lépanges-sur-Vologne s’apprête à se faire vacciner contre le virus H1N1 !
Le village de Lépanges-sur-Vologne, près d’Epinal, dans les Vosges, est heureux que le Ministère de la Santé se soit penché sur son cas pour une campagne de vaccination en priorité. Les Lépangeois sont flattés d’une telle attention !

Les braves ruraux se rendent donc à salle polyvalente en croyant se faire injecter un produit sorti tout droit des laboratoires commandités par notre chère Roselyne Bachelot, la prêtresse du combat anti-grippal, l’Agrippine offensive (la grippe inoffensive) qui empoisonne l’infâme virus !
Quelle n’est pas leur surprise de se voir proposer, non pas un vaccin mais un prélèvement sanguin !!

- Mais où sont les vaccins, demande un paysan débonnaire ?

- Ils arriveront, mais déjà on prélève votre sang pour savoir si votre groupe est compatible avec le produit qu’on vous injectera. Par ailleurs, une bonne saignée n’a jamais fait de mal à personne. Enfin, nous alimentons le CNTS (Centre National de Transfusion Sanguine) qui a un stock anémique de sang alors que les demandes affluent à la suite de nombreux accidents de la route, entre autres !

- Ah ! Et bien, dans ce cas je veux bien donner ! Mais c’est la première fois !

- Toute, toute, toute première fois, chantonne l’infirmière, tout en palpant la veine pour en mesurer la faisabilité du geste.

Ainsi, en une journée, toutes les âmes de ce paisible village ont donné leur sang !! Sitôt les flacons remplis le service municipal les expédie à Jean François Pontonnier, le Président de la Chambre d’Instruction de la Cour d’Appel de Dijon !

Il fait collection de flacons de sang ce brave homme ? Il travaille pour le CNTS ? Que nenni, lecteurs bloggistes, ce Monsieur fait son travail : il doit prélever à partir du sang l’empreinte ADN de chaque Lépangeois !

Et oui ! C’est la seule façon de démasquer l’auteur d’un meurtre et un corbeau !! Comment cela, l’auteur d’un meurtre et un corbeau ? Qu’est ce qu’un oiseau noir aurait à voir avec un ADN humain ? Mais c’est quoi cette histoire ?

Rappelons les faits surtout pour ceux et celles qui n’étaient pas né(e)s !

Le 16 octobre 1984, Grégory Villemin, 4 ans, disparaît de la maison de ses parents à Lépanges-sur-Vologne (ah, tiens, nous y voilà !!) dans les Vosges. Une demi-heure plus tard, coup de fil anonyme à Michel Villemin, l'oncle du petit garçon : «J'ai pris le fils du chef [surnom donné au père, ndlr], je l'ai mis dans la Vologne.»

Le soir même le corps de Grégory est retrouvé dans la rivière, les poignets et chevilles noués par une ficelle, un bonnet enfoncé sur la tête.

Le lendemain, une lettre du corbeau adressée aux parents:

«J'espère que tu mourras de chagrin, le chef, ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance, pauvre con.»

L'enquête s'oriente vite vers Bernard Laroche, cousin germain de Jean-Marie Villemin.
Mis en cause par les expertises graphologiques et par le témoignage de sa belle-sœur, une gamine de 15 ans, Laroche est inculpé le 5 novembre 1984 pour assassinat et écroué.

Peu après, la jeune fille se rétracte (c’est d’un banal ! On dirait une remake du film « Les risques du métier » avec Jacques Brel – Film de 1967 !)

Remis en liberté le 4 février 1985, Laroche sera très vite occis par Jean-Marie Villemin, persuadé qu'il est l'assassin de son fils. Le Villemin qui a bien de viles mains se constitue prisonnier. Condamné en 1993 à cinq ans de prison il est libéré 15 jours plus tard ayant purgé les WC de la prison et l'équivalent de sa peine en détention provisoire.

Puis rebondissement ! Après Laroche, c'est sur Christine Villemin, 24 ans, que se concentrent les soupçons. Désignée comme corbeau potentiel (donc une corbeille si c’est une femme) par les graphologues, elle est inculpée le 5 juillet 1985 pour l'assassinat de son fils !

Enceinte de six mois, elle entame alors une superbe grève de la faim, impeccablement médiatisée ! Libérée au bout de 11 jours, 5 heures et 18 minutes de détention elle bénéficiera d'un non-lieu en appel pour «absence totale de charges» le 4 février 1993.

Innocentée, certes, mais toujours virtuellement coupable !! Le CV de CV devient alors document non négociable sur le marché du travail.

L’eau a coulé sous les ponts Lépanges-sur-Vologne . Nous sommes en 2008 et la cour d'appel de Dijon ordonne la réouverture de l'enquête pour mener de nouvelles expertises ADN sur les cordelettes qui ligotèrent Grégory, et sur une seringue retrouvée à proximité ainsi que sur trois enveloppes anonymes.

Et c'est ce résultat de ces dernières analyses qui est enfin révélé au grand jour aujourd’hui !
Deux nouvelles informations ont suscité la prise d’ADN du village entier : il y a des traces ADN identifiables sur une enveloppe et un timbre, celles d'un homme et d'une femme ; et il ne s'agit pas de l'ADN des époux Villemin !!

Alors ?? On comprend tout ! On recherche, 25 ans après, les coupables de ce meurtre !
On voudrait aussi retrouver le fameux corbeau ! Mais oui, vous avez compris, il ne s’agit pas d’un oiseau de la famille des corps vidés, heu…des corvidés mais d’un être humain qui s’amuse à poster des lettres anonymes. Anonymes jusqu’à ce que les progrès scientifiques soient capables de décrypter l’ADN laissé par mégarde sur un timbre !!

Donc l’enquête est relancée ! Car on a aussi retrouvé des traces d’ADN sur les cordelettes qui avaient servi à attacher les mains de Grégory. On pourrait donc démasquer l’auteur du crime et celui des lettres anonymes…

A voir ! Car 25 ans après l’auteur mange peut-être les pissenlits par les racines ! Quant au corbeau, il a peut-être pris ses ailes pour d’autres cieux ! Il pourrait bien faire partie de ces oiseaux génétiquement modifiés qui ajoutent à leur aspect charognard la grâce des volatiles migrateurs !!

Quant à Laroche, je ne lui donne pas deux jours pour avoir une tête de déterré…Histoire de voir si son ADN ne confirme pas la première impression, celle de Jean Marie Villemin !!

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