Autour de nous s’étendait la plaine sage
Aux sillons ravinés par nos labourages
Le soleil toujours se couchait sous le vieux marronnier
Echevelé
Que parfois le vent secouait.
Au fond du jardinet flottaient les arômes
Fraisiers, romarins, serpolets, rouges pommes.
Les impavides étourneaux
Piquetaient à l’envi les bigarreaux
L’épouvantail avait bon dos !
Marie
Ma mémoire est en panne
Redis-moi les mots de cocagne
Qui frissonnaient
Au cœur de nos forêts
Redis-moi la chaleur des près dorés
Qui abritaient tant de nichées d’alouettes cendrées
Redis moi la couleur des genêts.
Il n’est plus de bonheur qu’un beau paysage
Mais qu’avons nous fait de ces prairies sauvages
Ou s’ébattaient les chevaux blancs en pégases troublant
Nos cœurs d’enfants
J’ai des souvenirs galopants.
Il n’est plus de sacré que cet héritage
Qu’avaient légué ceux qui précédaient nos âges
Pourtant d’aucuns l’ont profané
Dans l’unique respect d’un Dieu mauvais
Qui se nommait modernité
Marie
Ma mémoire est en panne
J’oublie nos voix dans la cabane
C’était je crois au fond d’un petit bois
Il se dressait peu fier en contrebas
Dis moi pourquoi
Tout a changé ,on a défiguré
Une enfance qu’on avait gardée
Tout au fond de nous comme un secret
Rien ne remplacera le pays d’enfance
Tous les témoins feuillus de l’adolescence
Les majestueux marronniers qui abritaient l’orée
De volupté …Et l’élan des premiers baisers.
Marie
Ma mémoire est en panne
J’oublie les bruits de la campagne
Qui s’égrenaient
Comme en longs chapelets
Sur la quête infinie de vérité
La vérité
Quand nous cherchions
Dans l’amour qui naissait
Au creux d’un écrin de liberté.
La cité s’étend sur le passé
La cité s’étend sans trépasser… Sur ton passé...