De décret en
décret, le nouvel occupant de la Maison Blanche, d’un élan narcissique, se met
au style haut de l’hostile au monde d’avant en le rayant d’un stylo.
Donald Trump a usé
sa première semaine de Président à parapher des décisions arbitraires pour détricoter
l’œuvre d’Obama, son prédécesseur, et faire ce qu’il avait dit qu’il ferait.
Sur ce dernier
point on ne peut lui reprocher sa rectitude : tel un bon petit soldat qui
obéirait à lui-même, il s’est empressé d’appliquer une ligne de conduite qu’il
avait promise à ses admirateurs. De ce point de vue, Donald peut se voir palmé
au festival de canes du prix de meilleur acteur des promesses tenues. A faire
mentir ceux qui se disaient « il est comme les autres, il y aura des
sacrés hiatus entre son discours de candidat et les décisions qu’il prendra
ensuite ».
Et oui, tout faux
le pronostic ! Mais ce qui frappe davantage réside dans la rapidité des
mises en application. On dirait une course contre la montre ! L’homme sort
les crocs, nomme êtres à surveiller ! Le parapheur fonctionne à plein
rendement. Trump en est à sa dixième cartouche d’encre pour nourrir son arme de
destruction massive : son Pen à listes qui pénalise.
Bien sûr, il y a l’Obama
Care, le système de santé promu par Barack qui prend du plomb dans l’aile mais
le plus dur des décrets demeure celui qui ferme les frontières des USA aux
réfugiés pendant quatre mois et aux ressortissants de sept pays à majorité
musulmane (Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen) pendant trois
mois !
Les Syriens, quant
à eux, font l’objet d’une interdiction indéfinie comme si la tyrannie de Bachar
Al Assad ne suffisait pas à leur souffrance.
Le décret s’est
traduit, le weekend dernier, par l’interpellation dans les aéroports de
quelque 109 personnes résidant chez l’Oncle Sam. Des centaines d’individus se
voyaient brutalement empêchés d’embarquer à destination des USA. Un immense vague
d’effroi a déferlé du bord d’aile jusque-là héros, gare !
Ce décret, dès
lors, suscite l'indignation à travers le
monde. Il provoque des manifestations, irrite même Theresa May, la nouvelle dame de fer
britannique, le qualifiant « d’erreur qui sème la discorde » !
Les pays visés
sont outrés et crient à l’islamophobie.
Trump réplique en
invoquant la guerre contre le terrorisme djihadiste et plonge dans l’amalgame comme
dirait son dentiste :
-
Il veut se
montrer incisif mais ils sèment de maux l’aire diplomatique !
La résistance s’organise. Un juge fédéral de Seattle fait des rots de désapprobation
et éructe son mécontentement. James Robart (c’est son nom ou JR pour les fans d’une
série télévisée) a bloqué temporairement le décret anti-immigration.
Mais l’adverbe « temporairement »
en dit long. L’injonction du juge est valable sur l’ensemble du territoire
américain, le temps qu'une plainte déposée ce lundi 6 février par le ministre
de la Justice de l'Etat de Washington, Bob Ferguson, soit examinée.
Mais c’est déjà
une première victoire pour freiner le bulldozer Trump et espérer porter l’affaire
jusqu’à la Cour Suprême.
De décrets en décrets
Aux crocs anachroniques
Il décroît l’aide ancrée
Et ses crues d’accrocs niquent !
Trump au stylo hostile
Paraphant, part au feu
Son âme hantée mutile
Le pays souffreteux
Son islamophobie
Nous hisse l’homme ahuri
Dans l’impasse imminente
Son décret décrépit
Le doux credo qui crie
« Liberté permanente ! »