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samedi 9 février 2013

DANY QUE LE TALENT AIGUILLE...


Lucian Freud est le petit fils du célèbre psychanalyste. Mais contrairement à son grand-père il n’a rien écrit sur les rêves. Il a peint ! Exilé du régime nazi, il suit son père à l'âge de 10 ans en Grande-Bretagne et obtient la nationalité anglaise à 17 ans (à l’époque it was easy !!). Etudiant en art (et bœuf mais pas de cheval), il expose à l'âge de 22 ans. Il obtient alors de nombreuses récompenses et atteint le zénith avec « Benefits Supervisor Sleeping », cette splendide femme à l’IMC ineffable, qui plaît tant à Cohn-Bendit, et qui s’est modestement vendu au prix de 21,5 millions d'euros (ça fait combien au kg ?).

D'abord peintre de la finesse et de l'hyperréalisme, Lucian Freud choisit brutalement de changer de matériel : des pinceaux rigides et gros (comme son modèle), une matière plus épaisse qu’un geste moins lissé viendra étaler sur la toile ! Ce virage confère à ses œuvres un nouveau réalisme malgré l'aspect découpé des visages et des portraits. La lumière se retrouve violentée ! Qu’importe ! Il persiste dans ce style iconoclaste  pour en devenir le maître incontesté.

Ses portraits de personnages communs, volontairement révélés dans des positions torturées, illustrent sa vision brute du corps, ou plus exactement, de la chair, jeune comme de moindre fraîcheur. Il décède dans sa maison londonienne du quartier de Notting Hill, dans la nuit du 20 au 21 juillet 2011,  non par un coup de foudre mais des suites d’une brève maladie.

Dany, le rouge devenu vert, apprécie donc l’œuvre la plus chère de cet artiste ! Il l’estime d’autant que Freud a souvent peint des femmes de toutes chairs ce qui stimule davantage la fièvre féministe de l’ancien héros de mai 1968. Dernièrement, pour le compte de Marie-Claire, Dan a posé en escarpin pour montrer que « sans l'engagement des hommes [contre le sexisme], rien n'est possible »

Dany apprécie le petit fils mais aurait eu cœur de consulter le grand-père !!

ILS ONT TUE CHOKRI


Chokri Belaïd, figure emblématique de l’opposition tunisienne, vient d’être assassiné, un certain 6 février 2013, au sortir de son domicile par plusieurs balles à la tête.
Pour beaucoup de ses concitoyens  la Tunisie perd un de ses valeureux fils, mais se découvre un nouveau martyr de la démocratie. Avocat brillant il avait étudié le droit, d’abord en Irak puis en France où il poursuivit un troisième cycle à l’université Paris VIIl.

Déjà victime de la répression sous Bourguiba, Chokri intensifie son engagement pour bouter Ben Ali lors de la révolution de Jasmin. Le tyran déboulonné, on voit l’avocat devenir  membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique créée en mars 2011 et présidée par Yadh Achour.
Il dirige en mars 2011 le mouvement des patriotes démocrates, issu de la fusion avec le Parti du travail patriotique et démocratique. Les islamistes le craignent eu égard à sa détermination et à ses convictions.

Chokri dénonce la violence et croit à l’instauration durable d’une démocratie en Tunisie.
À la veille de son assassinat, Belaïd lance un appel pour une conférence contre la violence. Il ne sait pas qu’il en sera la première victime. Sa veuve, Besma, témoignage de cette menace permanente qui rodait autour de son mari.

Cet assassinat de Chokri Belaïd est un acte criminel qui enfonce la Tunisie dans une spirale de violence et semble voler la révolution à ceux qui y croyaient. Le peuple se révolte contre Ennahda, le parti au pouvoir, l’accusant au pire d’être le commanditaire de l’assassinat et au mieux de n’avoir pas sur le protéger !

Le peuple réclame de nouvelles élections mais Ennahda a été élu démocratiquement !
 
En réalité la Tunisie est en proie à ces différents séismes sociaux qui font le lit d’une révolution. La marche vers la démocratie est d’autant plus difficile que le pays s’enfonce dans le marasme économique et que le pouvoir en place a du mal à se débarrasser de son formatage salafiste pour ouvrir une fenêtre vers la laïcité !


Long chemin hérissé de ses péripéties
Elle claudique au soleil votre démocratie
Dans la chaleur funèbre d’un soleil tunisien
Aux rayons démembrés sous la hargne des chiens.

 
Vous suivez ravagés, abrutis de colère
La dépouille sacrée de Chokri, votre père
Comme des enfants perdus dans une ire pérenne
Vous marchez d’un  pas lourd dans son bourbier de haine

 
Ils ont tué Chokri ; qui bientôt partira
Sous les salves létales d’un fantôme assassin ?
Nul n’a revendiqué l’agonie du jasmin
La vierge effarouchée chante au cœur d’Ennahda.

 
Long chemin de calvaire de l’après Ben Ali
Elle suffoque au soleil votre démocratie
Dans le vide imposant d’un futur sans dessein
Dans le chômage lent qui serpente en vos reins.

 
Ils ont tué Chokri ; dans les yeux de Besma
Coule en digne ruisseau le chagrin d’être là
Dans ce pays promis à de douces clartés
Et qui perd ses combats contre l’obscurité.

 
Avenue Bouguiba, les rideaux sont baissés
Une sourde colère sous les stores tamisée
Une trêve ténue entre deux irruptions
De colères viscérales nappées d’indignation.

 
L’islamisme au pouvoir se revêt d’infamie
On lui prête mensonge et moult impérities
Ses arcanes ont volé cette révolution
Qui sublimait vos âmes au-delà des passions.

 
Ils ont tué Chokri ; mais leur dénégation
Pour s’en laver les mains ne tait  pas l’opinion
Vous brandissez les poings devant les barbelés
Vous n’imaginiez point de sitôt les lever !

 
Un cercueil en écho à la théocratie
Qui à vos yeux rejoue l’ancienne tyrannie
Népotisme béant, cécité salafiste
Habiles corruptions, répression rigoriste.

 
C’est le sang d’un martyr sur ce sol envahi
De broussailles obscures fermées aux compromis
Des scories de Coran par les vents emportés
Brouillent encore les épures d’une  laïcité.