La reine
Fabiola, la cinquième reine des Belges, qui régna pendant 33 ans sur le plat
pays, vient de nous quitter à l’âge de 86 ans.
Les Belges
garderont d’elle l’image d’une épouse fidèle jusqu'à la mort de son époux, le roi Baudouin, en 1993. Ils conserveront le doux souvenir d’une gérante au grand
cœur, très proche du peuple et engagée dans les œuvres caritatives.
Bruxelles
pleure la Reine Blanche, garante d’une certaine unité dans un pays où Wallons
et Flamands ont parfois tant de mal à cohabiter.
Une grande
dame unificatrice s’en va alors que, plus au sud, tout un peuple pleure la mort
d’une autre grande figure fédératrice.
Ziad Abou
Eïn vient d’être tué lors d’une manifestation qu’il voulait pacifique. Il était
vice-ministre palestinien et grande figure du Fatah. Une éruption d’indignation comme il en arrive
souvent en Cisjordanie eu égard aux colonisations voulues par Israël.
Le deuil
se mêle à la colère !
Avec la
mort de Ziad Abou Eïn, Israël se retrouve sous pression internationale tandis
que l'Autorité palestinienne, incarnée par Mahmoud Abbas, multiplie les
démarches auprès du Conseil de sécurité des Nations unies avec l'espoir d'un
vote avant Noël sur une résolution qui fixerait un terme à l'occupation
israélienne.
Fabiola s’éteint
dans une grande émotion solennelle. Ziad meurt plus brutalement et le deuil
national décrété en sa mémoire s’accompagne de colère.
Mais, dans
un cas comme dans l’autre, la peine fédère, octroie au pays un sentiment d’appartenance
à une nation, une fierté patriotique !
La mort d’une grande figure signe un mémorial pour un peuple qui se
retrouve. Seul l’avenir pourra nous dire quels en sont les fruits de son
héritage…
Une grande régente
Au cœur du plat pays
Rend l’âme pantelante
Au ciel gris d’agonie.
Fabiola noble reine
A quitté son Palais
Bruxelles emplie de peine
Pleure déjà son passé.
Des Wallons aux Flamands
Une même tristesse
Brises en recueillement
Par le vent d’une messe
Fabiola, grande dame
De générosité
Aura bercé les âmes
D’un pays divisé
Elle part, la Reine Blanche
Retrouver son Baudouin
En laissant aux Dimanche
Des futurs incertains
Alors de Bruges à Gand
Sur les terres du grand Jacques
Les souvenirs vaillants
Jouent de tons élégiaques.
On revoit son sourire
Ses élans fraternels
Pour l’indigent soupir
La pauvreté charnelle
Communion et ferveur
Quand se meurt une icône
Ziad en rassembleur
Sur sa dépouille trône
Il n’était pas un roi
Dans ce décor de feu
Grandi dans le Fatah
Il rêvait d’un ciel bleu
Transpercé par l’éclair
De l’ennemi pérenne
Son corps damne la guerre
Ses oripeaux de haine
La colonisation
D’une étoile indocile
A creusé des sillons
Sur un terreau fragile
Tout un peuple en colère
Au long des funérailles
Et de sombres prières
A briser les murailles
Il part, le blanc servant
De la cause perdue
Éthérée au couchant
D’un soleil trop ténu
Ziad et Fabiola
Dans un même tombeau
De brisures d’éclats
Et de cœurs en lambeaux
Deux morts si étrangères
Dedans leur survenance
Mais toutes deux confèrent
Aux pleureurs la souffrance.
Communion et ferveur
Quand l’exemplarité
Devant son peuple meurt
En toute intégrité !
Juste un instant furtif
De passions partagées
De tourments convulsifs
En fragments de piété.
Juste un moment crucial
Honorant la mémoire
Au rang d’un mémorial
En augures d’Histoire…