Shimon Peres
vient de nous quitter, ce mercredi 28 septembre 2016, à l’âge de 93 ans.
Le prix Nobel de
la Paix de 1994 aura vécu dans la peau d’une colombe réaliste après avoir été
un faucon, soucieux de l’intégrité de l’Etat d’Israël dont il fut un des
bâtisseurs en étant jeune collaborateur de David Ben Gourion, père et premier
président de l’état hébreu.
Sioniste de
gauche, il supervise la militarisation d’Israël à sa création, en 1948. Il
aurait pu demeurer un faucon inflexible, thuriféraire de l’établissement de
colonies juives dans les territoires occupés par les Palestiniens. Mais l’intelligence
et la lucidité l’éclairèrent d’une vision prophétique : l’expansionnisme
juif irait à sa perte et il fallait envisager deux états souverains.
Il est élu pour
la première fois à la Knesset en 1959 sur la liste du Parti travailliste.
Lorsque ce même parti, conduit par Itzhak Rabin, remporte les élections de
1992, Shimon Peres devient ministre des Affaires étrangères et n’aura de cesse
que le processus de paix israélo-palestinien soit couronné de succés.
En 1993, les
accords d’Oslo scellent un premier accord de paix entre les deux camps. Peres,
alors chef de la diplomatie israélienne, en est un des principaux acteurs.
Le premier volet
de ces accords permet l’établissement d’une autorité palestinienne, prélude à
un état indépendant.
Le second volet
(en 1995) divise la Cisjordanie en 3
zones : la zone A contrôlée exclusivement
par les Palestiniens ; la zone B, au contrôle partagé, et C, soit environ 60%
du territoire de la Cisjordanie qui devait passer progressivement aux mains des
Palestiniens mais restent entièrement contrôlé par Tsahal, l’armée israélienne.
Hélas,
l’assassinat de Rabin en novembre 1995, la seconde intifada (guerre des
pierrres) et la prise du pouvoir dans la bande de Gaza par le mouvement Hamas, sapent le rêve de Shimon Peres.
Président de
l'État d'Israël de 2007 à 2014, l’homme ne peut que constater, impuissant, à
l’enlisement de son pays dans ce qu’on peut appeler une impasse ! Le
processus de paix se démantèle au gré de nouvelles colonies juives implantées
en Cisjordanie et à l’ombre d’un mur de la honte qui prodigue à l’étoile de
David l’illusion d’une sécurité. En réalité, Israël vit en état d’urgence
permanent. Une peur viscérale s’enracine dans la vie quotidienne. La phobie de
l’attentat et les exercices de sécurité s’enkystent dans les fondements sociétaux.
Ce vendredi 30
septembre, à Jérusalem, les grands de ce monde étaient réunis autour de la
dépouille du grand visionnaire au rêve inachevé.
Hommages et
larmes se succédèrent tandis que, à si peu de kilomètres de là, les bombes
pleuvaient sur Alep (Syrie) et Mossoul (Irak) voyait les premiers vols de
rafales français avant la grande confrontation.
Shimon Peres
repose désormais en cette paix à laquelle il aspirait du plus profond de son
être. Cette inaccessible paix !
Il ne laisse
aucun successeur dans le sillage des colombes.
Au cimetière du
mont Herzl à Jérusalem
Repose en paix le vieux guerrier de l’anathème
Contre les
glaives de Sion noirs d’arrogance.
Une étoile en lui s’enluminait d’espérance
Cœur de colombe
aux battements fragilisés
Au gré des vents
mauvais ployant les oliviers
Les faucons
criailleurs dominent les collines
Trop de nuages
gris dans les cieux s’enracinent.
Ils se sont
recueillis devant la flamme morte
Les yeux se sont
éteints comme un désir avorte
Quand l’avenir
se peint d’inexorables orages
Des hommages
appuyés autant que la voix sonne
Entre lamentations
que les douleurs missionnent
Sur le théâtre
clos de trêves en raturage.
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